C’est curieux, le lendemain de Kippour…
Moi qui suis une mécréante, j’ai toujours respecté ce jour, pour des raisons que j’ai précédemment développées.
Dès septembre, quelle que soit la date à laquelle il « tombe », je redoute ce jour.
Non pas en raison des privations, car finalement on se passe très bien de boire et de manger pendant 25 heures, mais en raison de cette solennité à nulle autre comparable qui m’envahit.
Cette année, elle était exacerbée par la tragédie qui nous a frappés au lendemain du Kippour précédent.
À se demander à quoi ça sert, tout ça…
Eh bien, plus que jamais, la ferveur était au rendez-vous.
Je passe la journée à la synagogue.
Pas pour prier mais … pour être à la synagogue, hors du temps, hors de l’espace.
Pour entendre les mêmes chants que les autres années.
Pour revoir des visages habitués et les amis que j’aime et que je ne vois qu’à cette occasion.
Pour apprendre que je ne les reverrai plus.
La journée est longue, on pense à ceux qu’on aime, on réfléchit, on a mal à la tête, on somnole, on croit avoir faim, on lâche prise…
Et soudain, voici la 25eme heure, vient la dernière prière, la Neila qui annonce que les portes vont se refermer…
Déjà ?
Dieu a jugé, tout est scellé…
Mais, je n’ai rien demandé….
Peut être que si…
Nos malades, nos martyrs…
Je ne me souviens plus…
En tous les cas, Il a du boulot…
Le Shofar sonne, je tremble d’émotion sous le Talith de mon grand frère de cœur, en voyant tous ces talith qui unissent et réunissent ceux qui s’aiment.
This is the end…
On rentre manger mais en vérité, on n’a plus faim…
Une famille, 3 synagogues différentes…
On compare, on critique, le discours du Rabbin était trop long, untel chante faux, unetelle a vachement grossi, t’as vu çuila, etc… Faut bien commencer à trouver quelque chose à se faire pardonner l’année prochaine…
Ce matin, je suis perdue. Je trouve ce dimanche bien insignifiant en comparaison de la journée d’hier.
Qu’ai-je raté ?
Jamais contente…
Ça s’appelle une vraie ashkénaze…
Faudra que je recommence l’année prochaine.
C’est pour ça que je jeûne à Kippour…
Pour savoir quoi recommencer.
Ça fait 5785 ans que c’est comme ça…
Soyez tous inscrits dans le Livre de la Vie.
Et des Mérites, ( pour ceux qui le méritent …)
© Viviane Simon-Bensoussan.
« Ça s’appelle une vraie ashkénaze… », zut, il sont partout les Bensoussan
Belle chronique de Viviane qui est je crois, sépharade . j’aime beaucoup » ces talith qui unissent et réunissent ceux qui s’aiment ». Je suis émue, c’est très beau et la photo!