Pour mémoire, le 7 octobre. Par Daniel Sibony

Les radicaux de l’islam ont fait tomber sur nous la question radicale de notre existence et de son sens ; le bloc énorme où elle s’inscrit depuis 35 siècles ; question simple qui se formule en version laïque : serez-vous à la hauteur, et en quel sens, pour vous transmettre et pour survivre ? et en version religieuse : saurez-vous entendre la divine parole et survivre avec ? La question voyage avec nous depuis un temps si long qu’elle fait partie de notre identité, de la transmission qui la fonde et qui fait de nous un peuple unique. N’est-ce pas le seul peuple qui reçoit sur sa terre 200 missiles balistiques sans qu’il y ait de victimes ? 

Or c’est le symbole même de ce pourquoi les envieux et les haineux fulminent : quelles que soient les conditions où l’on nous met, nous arrivons à nous en tirer par le haut ; comme si nous avions en effet un soutien d’en haut. Comme si on avait quelque chose de spécial, et c’est cela même qui fascine  tout antijuif et tout antisémitisme ; c’est l’idée, je l’ai dite, que les juifs ont usurpé l’objet précieux, la baraka, la bénédiction.  Qu’il faut nous arracher l’objet ; aujourd’hui c’est la terre d’Israël en la rendant inhabitable et afin de l’islamiser ; c’est aussi dans le Coran en islamisant notre Bible et ses héros, de quoi nous traiter de faussaires parce qu’on ne veut pas les imiter ; c’était, naguère encore, le christianisme qui se posait comme le vrai Israël, histoire de nier notre lien à l’objet divin. C’est toujours l’objet divin introuvable qu’on nous envie de posséder alors que c’est un mode d’être, et ce n’est une possession que s’agissant de la terre promise. On comprend que les zélés de l’islam veuillent nous la prendre, alors même que leur Coran reconnaît qu’elle nous est attribuée, en deça et au-delà du Jourdain (Sourates 7, 137 ; et 17, 104).

Les humanistes occidentaux feraient bien de méditer ces choses, de ne pas les mépriser parce que ce serait « de la religion » alors que ce sont des questions d’identité et aujourd’hui d’existence. Certains d’entre eux commencent à comprendre Israël, mais d’autres ne veulent pas prendre au sérieux les menaces de nous détruire. Le Hamas et le Hezbollah ont beau les répéter, l’Iran a beau les confirmer avec la bombe qu’il nous prépare, ces humanistes n’y voient qu’une pure rhétorique ; ils sont non pas toujours dans le déni mais dans le refus d’entendre. Et ils n’entendent que le bruit de nos ripostes qu’ils trouvent insupportables et qu’ils veulent réduire au silence ; c’est cela le cessez-le-feu qu’ils réclament. Alors qu’on ne voit même pas avec qui négocier et sur quoi. Il ne voit pas que si Israël cessait le combat, les djihadistes repartiraient de plus belle, et rendraient sa terre tout simplement inhabitable, car le djihad antijuif, c’est leur programme éternel, jusqu’à notre disparition. 

Là-dessus, on appréciera l’attitude du président français : il réclame l’embargo sur les armes pour Israël ; il veut aider Israël à se rendre faute d’armement. Ne serait-il pas mieux inspiré de réclamer plus de sanctions sur l’Iran jusqu’à ce qu’il cesse d’armer des groupes terroristes tous azimuts ?


Trop de gens n’entendent pas la menace mortelle ; et croient trouver un refuge imparable en dénonçant les victimes civiles d’Israël. Ils ont raison, bien sûr, Israël fait des victimes innocentes. Mais d’avoir raison si facilement leur donne tort : car en fin, si il y allait de leur survie à eux, iront-t-il la sacrifier pour que d’autres soient sains et saufs ? Même Jésus ne l’a pas fait, pourquoi Israël devrait-il le faire ? 

Quant à cette curieuse volonté d’être sourd à la menace, d’où vient-elle ? N’est-ce pas la même volonté qui prévaut  dans les pays occidentaux quand la menace est évidente et qu’on ne veut pas en parler pour ne pas faire de vagues ? N’est-ce pas cette même surdité qui prévalait en Israël des années avant le massacre, chez les gens de droite ou de gauche, tous pris dans le principe « vivons d’abord et plus tard on verra bien » ? (Cette même surdité qu’on peut appeler pulsion de mortprévaut en occident sur bien d’autres problèmes ; par exemple là où la natalité baisse drastiquement et où, dans la béance, plane l’appel à l’étranger pour qu’il vienne féconder la mère patrie qui se dessèche ?)

Israël ne paiera pas davantage pour cette pulsion de mort du « vivons d’abord notre confort » qui saisit ces pays de haute culture. De fait, les juifs d’Israël l’ont senti et ont déjà riposté par un sursaut de vie en s’offrant la plus forte natalité du bassin méditerranéen, pays arabes compris.

Israël est toujours vainqueur s’il est déjà prêt à combattre, et encore mieux s’il anticipe ; et s’il s’endort et se laisse surprendre, le réveil est très dur. Israël paye très cher pour n’avoir pas voulu qu’on le dérange dans son sommeil consumériste et fonctionnel ; pour avoir trop voulu contourner la faille.

Je termine par une phrase qu’on répète douze fois, une fois par tribu, dans les prières de ces temps-ci : pour toujours Adonaï ta parole se situe dans les cieux. Cela veut dire qu’on a dans le divin la réserve infinie de ce qui n’a pas encore pu se dire ; que notre recours est une parole qui nous vient de l’ailleurs, (les cieux c’est deux fois « là-bas » et c’est aussi « les noms », les appels.) Si on ne trouve pas cette parole dans nos affairements terriens, il faut la chercher dans les hauteurs ; et pour retrouver le lien avec l’objet qui nous fonde par sa transmission, il faut prendre de l’altitude. 

En ce moment, ce sont les avions de Tsahal qui du ciel envoient la divine punition sur des ingrats qui ne veulent que nous effacer alors qu’on leur a fourni Dieu ; et nous avons de la peine pour les victimes collatérales, victimes directes des soldats d’Allah. Nous souffrons pour les soldats hébreux qui tombent, qui n’étaient pas préparés à mener tout seuls cette guerre de civilisation.

                                                              Daniel Sibony*

Livres parus en 2024 : 

L’entre-deux sexuel, Odile Jacob, en mars 

Et en octobre :

Les non-dits d’un conflit, le Proche-Orient, après le 7 octobre

Cinéma ou réalité ? Entre perception et mémoire.

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