Un an après, le rapport de forces a changé. D’ici le 7 octobre de l’année prochaine, en 2025, le Proche-Orient aura été entièrement remodelé.
Le fait le plus remarquable, un an après la catastrophe, est la façon dont Tsahal, le Mossad et le Shin Beth ont surmonté tous les obstacles, combattu sur tous les fronts, et renoué avec leur tradition légendaire. Non seulement les forces de défense et de sécurité ont reconquis la confiance des Israéliens, mais elles sont parvenues à établir une nouvelle équation stratégique au Proche-Orient.
Alors que Tsahal, du haut en bas de ses échelons, des généraux aux soldats, brandit l’exemple d’une union indispensable à la victoire, la branche politique israélienne se montre incapable d’en faire autant. La coalition au pouvoir, tout comme l’opposition, ont trahi ceux qui les ont élus en ne tentant pas d’établir un gouvernement d’union nationale.
Lors de toutes les guerres depuis 1948, les partis politiques se sont unis pour faire face à l’effort de guerre, mettant de côté leurs différences, leurs intérêts, leurs calculs. Cette fois-ci, chacun est resté sur ses positions. Le pays est aussi divisé qu’il l’était auparavant. C’est pourtant cette scission, perçue comme un affaiblissement de la nation, qui a encouragé l’ennemi à passer à l’action. Aujourd’hui encore, les rivaux d’Israël tablent sur ce manque d’unité nationale.
Mais une autre cohésion a vu le jour : celle du peuple juif. La ligne de démarcation entre les Israéliens et la Diaspora s’est effacée d’un coup. Le projet sioniste avait prôné un rejet de ce qu’il considérait comme un judaïsme de ghetto. La Shoah était considérée comme ayant frappé les communautés de la dispersion et de l’exil. Et pas les pionniers hébreux en Palestine. Jusqu’au pogrom du 7 octobre mené exactement comme ceux perpétrés par les cosaques ou les nazis. Jusqu’aux expressions de haine et violence antisémite et antisioniste qui, confondant tout et n’importe quoi, ont placé d’un coup tous les Juifs dans un même bateau, qu’ils habitent Bruxelles ou Haïfa, Chicago ou Sderot.
Le peuple juif sort de cette nouvelle épreuve renforcé et plus soudé face aux hordes de la bêtise et de la méchanceté qui ont tout essayé, depuis des siècles, pour l’anéantir.
Un an après, bien des dilemmes demeurent. Celui de la solution négociée versus la pression militaire pour obtenir la libération des otages, celui des structures à mettre en place plutôt qu’un contrôle militaire après la victoire à Gaza et au sud du Liban, celui de frapper l’Iran avec force plutôt qu’avec la modération exigée par Washington, celui d’une normalisation ou non avec l’Arabie saoudite, celui de la solution à un ou deux États, celui de lutter contre l’antisémitisme en Diaspora ou de faire l’Alyah… Autant de questions qui restent pour l’instant sans réponse claire ni tranchée.
Durant l’année écoulée, le peuple d’Israël, toutes ethnies et idéologies confondues, du plus petit des citoyens au plus âgé, a fait preuve d’une bravoure sans égale. Chacun et chacune a fait ce qu’il avait à faire, ce qu’il pouvait, ce qu’il fallait pour empêcher les missiles de l’ennemi de causer un carnage, pour assister son prochain ou le consoler. Pour survivre. Hommage soit rendu à la mémoire des soldats qui sont tombés ainsi qu’aux milliers de blessés, plus de vingt mille, et aux invalides de guerre qui resteront infirmes à vie, au nombre actuel de neuf mille. Hommage soit rendu à l’héroïsme des enfants israéliens (voir article du 16/09/2024 sur ce site, Enfants d’Israël, je vous aime et vous admire).
Hommage soit rendu aux amis d’Israël de par le monde, non-Juifs pour la plupart, qui défendent le droit de la nation juive à exister et se défendre sur les plateaux de télévision, les réseaux sociaux, dans les cénacles politiques, les colonnes des journaux, les campus, face au déferlement d’une haine imbécile.
Un an après, le monde occidental n’a toujours pas pris la véritable mesure du raz-de-marée djihadiste qui le vise et le menace alors que des milliers de jeunes désorientés en hurlent les slogans fanatiques dans les rues de ses capitales. Tout comme, il n’y a pas si longtemps, le claquement des bottes des nazis se mit à résonner à travers l’Europe.
Un an après, Israël a parcouru une grande partie du chemin qui mène à la victoire. Un an après, le rapport de forces a changé. D’ici le 7 octobre de l’année prochaine, en 2025, le Proche-Orient aura été entièrement remodelé. L’axe du mal aura été affaibli, isolé. Et les initiatives de normalisation des relations, entamées avec bien des pays de la région, pourront reprendre. Dans dix ans, dans cent ans, le peuple juif commémorera le cataclysme du 7 octobre 2023. À cette occasion, se souviendra-t-il de la nécessité d’être uni ?
© Raphaël Jerusalmy
Raphaël Jerusalmy ■ Ancien officier du renseignement militaire israélien, Auteur d' »Evacuation » chez Acte Sud
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