Israël mène une guerre juste. Elle doit la poursuivre jusqu’à la défaite complète de ses ennemis. Par Léon Ouaknine

La haine musulmane à l’égard d’Israël est ontologique avant d’être politique. L’hyper-centralité du conflit avec Israël pour le monde arabo-musulman en a fait une des pierres angulaires de leur métarécit sur eux-mêmes. Cet excès défie le sens commun. Comme l’avait souligné le journaliste Nessim Cohen-Tanugi (le lien « Israël-disapora », N° 302) l’obsession de presque 2 milliards de musulmans à l’encontre d’à peine 7 millions de Juifs israéliens est irrationnelle, le jeu n’en valant pas la chandelle en termes de ressources investies dans ce conflit, au détriment de tant d’autres questions urgentes pour le bien-être des peuples musulmans. Pourquoi tant de ressentiment contre Israël et aucun contre les responsables musulmans des multiples massacres et génocides qu’ils ne cessent de commettre (Turquie, Soudan, Algérie, Iran, Pakistan, Bengladesh …) alors que le nombre de leurs victimes est autrement plus élevé que sur les champs de bataille israélo-arabe. Comme le disait si bien la journaliste égyptienne Mona Eltahawy dans le journal canadien « Globe and Mail » du 30 décembre 2008, « les horreurs que s’infligent mutuellement les musulmans ne comptent pas ». 

Les victimes ne sont jamais réellement la cause de l’indignation des musulmans, ce qui fâche jusqu’à la rage démente, c’est qu’un territoire revendiqué par l’islam soit contrôlé par des Juifs, des dhimmis. Cette rage ne peut se comprendre qu’en référence à la conviction des musulmans que l’islam représente le mot final de Dieu et qu’inévitablement le monde entier devra se soumettre à Allah (le mot islam signifie soumission à la volonté de Dieu), or Israël vient déranger l’ordonnancement voulu par Allah. Il y a en effet pour les musulmans un sens à l’Histoire, celle-ci progresse vers une fin voulue, tout territoire une fois conquis par l’islam est acquis à jamais à celui-ci pour être régi par la charia, la loi divine telle que le coran la présente. La perte de l’Espagne andalouse est encore aujourd’hui ressentie comme une plaie vive par les croyants musulmans et Ossama Bin Laden avait d’ailleurs revendiqué son retour au sein de l’oumma. Aussi inacceptable pour les musulmans qu’un hypothétique retour à la chrétienté de l’ancienne Constantinople, conquise par une peuplade turcophone musulmane d’Asie centrale en 1453, le contrôle juif sur une partie de la Palestine leur est intolérable du point de vue théologique, car le retour du juif comme acteur historique va à l’encontre du sens assigné à l’Histoire et nie de ce fait la pertinence du coran. [Charte du Hamas adopté le 18 août 1988, article 11] « La Palestine est un territoire islamique consacré aux générations musulmanes jusqu’au jour du jugement (dernier). Pour cette raison, qui pourrait prétendre avoir le droit de représenter les générations musulmanes jusqu’au jour du jugement ? La loi gouvernant la terre de Palestine est celle de la Sharia Islamique et la même loi est valable pour toutes les terres que les Musulmans ont conquis par la force, parce que durant la période des conquêtes Islamiques… Toute procédure en contradiction avec la Sharia Islamique, où la Palestine est concernée, est nulle et non-avenue ». 

Comment expliquer autrement que par la démence théologique, que les terroristes musulmans pakistanais, ces martyrs de Dieu, qui ont procédé au carnage de Mumbai, (plus de 160 morts) aient délibérément pris le temps d’aller assassiner quelques Juifs, n’ayant rien à voir avec le conflit indo-pakistanais, sans susciter aucune réaction d’horreur dans les pays musulmans. Serait-ce à cause de cette sourate du coran, « Les pierres et les arbres diront : « Ô Musulmans, Ô  Abdullah, il y a un Juif derrière moi. Viens et tue-le. » 

À cela, s’ajoute le rêve des mollahs iraniens de s’imposer comme la super puissance régionale au Moyen-Orient. La lutte contre Israël représente une aubaine et une nécessité pour l’Iran dans sa quête d’hégémonie régionale. En effet, jamais l’Iran ne pourra contrôler le proche orient tant qu’Israël existe. L’Iran allume à sa guise le conflit aux frontières d’Israël, au moyen de ses pions que sont le Hamas et le Hezbollah, les Houtis et autres milices en Irak toutes armées et financées par elle et requérant de ce fait son feu vert pour toute action d’envergure contre l’État juif. Épicentre du refus antisioniste, l’Iran – qui pourrait disposer d’armes nucléaires quasi incessamment – appelle publiquement et constamment par la voix de son chef suprême, l’Ayatollah Khamenei, à l’éradication physique d’Israël. Dans ce contexte, les stratégies du Hezbollah au Liban et du Hamas à Gaza, visent à continuellement harceler l’État hébreu en maintenant un conflit de basse intensité visant à l’épuiser et à créer une cassure entre lui et l’occident. Lorsque les choses dérapent, ces proxy de l’Iran exigent des trêves temporaires mais sans jamais les respecter tout à fait, de manière à toujours apparaître comme le fer de lance de la résistance arabe et palestinienne. Il importe peu que des milliers de palestiniens et de libanais paient de leur vie cette stratégie, au contraire rien ne satisfait plus les calculs politiques du Hezbollah et du Hamas que de combiner les statuts de victime et martyr ; l’islam promet à tout homme qui se sacrifie dans ce combat, le statut de martyr avec accès garanti au paradis (sans oublier les 72 vierges, qui redeviennent automatiquement vierges après avoir été déflorées, pour le plaisir du « martyr ». J’oubliais, les familles reçoivent une pension à vie si leur mari, fils ou père meurt comme martyr. Ces dépenses étant financées par les pétromonarchies.

Avenir inquiétant ! Israël et ses ennemis sont-ils condamnés au geste de Sisyphe, toujours recommencer, toujours échouer ? Pas nécessairement, comme le dit un proverbe portugais, « Le pire n’est pas toujours certain » ; si l’Égypte, la Jordanie et Israël ont signé la paix après quatre guerres, c’est bien la preuve que des issues positives sont possibles. Toutefois une chose est sûre, l’arène internationale ressemble plus que jamais beaucoup plus à une jungle qu’à une société policée obéissant à des règles acceptées par tous. Aucune force supranationale ne garantit réellement le bon droit et la justice. Les grands pays font ce qu’ils veulent, la Russie lamine sans aucune pointe d’embarras moral l’Ukraine, la Chine a un des pires dossiers qu’on puisse imaginer au regard du Tibet et des Ouigours et les États-Unis ont envahi l’Irak sans aucun aval de l’ONU. L’ONU a montré son impuissance pathétique de façon répétée, au Rwanda, au Congo, au Darfour, au Zimbabwe, dans presque tous les pays arabes, où les victimes se comptent par millions et les viols par centaines de milliers. En fait, l’ONU verse parfois littéralement dans le théâtre de l’absurde ; un de ses membres fondateurs, l’Arabie saoudite, n’a aboli l’esclavage chez lui qu’en 1962, soit 14 ans après l’adoption de la déclaration universelle des droits de l’Homme. Il faut le faire ! 

Israël sait bien que son salut ne sera jamais assuré par aucune organisation internationale, pas plus que les Tutsis n’ont été protégés par l’ONU du génocide annoncé. Les choses sont ainsi faites qu’il n’y a pas pour Israël d’alternative à l’auto-défense et qu’une des nuisances à supporter lorsqu’il est contraint d’agir pour assurer la sécurité des siens, est d’être cloué au pilori par la bien-pensance des opinions publiques occidentales, par la gauche qui ne pense plus que par slogans et par les calculs frileux des nations européennes, dont la plus hypocrite est probablement la France. La paix ne viendra au Moyen-Orient que lorsque tous les protagonistes arabo-musulmans seront indubitablement convaincus qu’Israël est là pour rester. Tôt ou tard cette réalité s’imposera, mais pour l’instant l’Iran, le Hezbollah et le Hamas sont convaincus du contraire.

© Léon Ouaknine

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1 Comment

  1. La trilogie de la dimension religieuse et son hystérie antisémite, de l’hégémonisme persan d’une dictature sanguinaire, du chaos onusien dans lequel la France fait preuve d’une lâcheté inouïe est parfaitement exposée dans cet article.

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