L’Abbé Pierre en odeur de sainteté. Par Daniel Horowitz

Daniel Horowitz

Roger Garaudy est un philosophe français décédé en 2012. Il fut successivement communiste, antisémite, protestant, antisémite, catholique, antisémite, musulman, antisémite, négationniste, antisémite, révisionniste et antisémite.  En 1995  il publiait  « Les Mythes fondateurs de la politique israélienne[1] », ouvrage où il accusait les Juifs d’instrumentaliser la Shoah. Deux ans plus tard il était condamné pour contestation de crimes contre l’humanité, diffamation à caractère racial et incitation à la haine raciale.

Qui se ressemble s’assemble, dit l’adage. Garaudy avait donc tout naturellement l’Abbé Pierre[2] pour ami et frère d’armes dans son combat antijuif. Les deux avaient la passion antisémite chevillée au corps. Mais comme l’Abbé Pierre avait pour lui d’être une grande figure de la lutte contre la pauvreté, sa judéophobie passait pour un péché mineur, et peut-être même pour un péché mignon chez certains coreligionnaires.

Mais l’Abbé Pierre risque maintenant d’être  anathématisé du point de vue moral.  Selon un rapport d’Emmaüs il abusait systématiquement de la vulnérabilité de personnes avec lesquelles il venait en contact dans le cadre de ses charitables activités. Il donnait du pain en échange de faveurs sexuelles, sa vocation de sauveur étant plutôt de nature hormonale que chrétienne.

Suite au rapport d’Emmaüs, son directeur général confirme que l’Abbé Pierre était un prédateur sexuel. De nombreuses femmes, dont des mineures au moment des faits,  l’accusent de violences diverses et variées. Il s’avère que dès les années 1950 l’Abbé Pierre était déjà au cœur d’affaires de mœurs, notamment au Canada et aux États-Unis. A chaque fois elles étaient étouffées, notamment grâce au soutien discret de dignitaires de l’Eglise. Ces agressions ont duré un demi-siècle sans que personne ne s’en émeuve Urbi et Orbi.

Mais les choses ont changé, et la plupart des institutions liées au Mouvement Emmaüs prennent maintenant des mesures pour effacer la mémoire, et même le nom, de l’Abbé Pierre partout où cela dérange. Le scandale est avéré, et les regards sont désormais tournés vers ses victimes déclarées, en attendant que d’autres  se déclarent, ce qui ne saurait tarder.

Mais ce qu’il faut retenir de cette histoire, c’est que l’antisémitisme viscéral de l’Eglise catholique, apostolique et romaine dont l’Abbé Pierre était porteur, n’a jamais empêché ces mêmes institutions de le tenir en odeur de sainteté, alors que cela faisait des décennies que cette odeur était nauséabonde pour qui avait l’odorat un tant soit peu sensible.

***

Notes

[1] Chez « La Vielle Taupe », Editeur de l’ultragauche spécialisé dans des textes négationnistes.

[2] Cofondateur du mouvement Emmaüs, comprenant la Fondation Abbé-Pierre pour le logement des défavorisés.

© Daniel Horowitz


Blog Daniel Horowitz

« Chaque homme doit inventer son chemin » (J.P. Sartre)

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5 Comments

  1. Je n’ai pas l’impression quant à moi, que l’Abbé Pierre soit « en odeur de sainteté » aujourd’hui mais plutôt que, tout comme Roman Polanski, il ne soit devenu un damné de la terre à qui nul pardon ne sera jamais accordé.
    Cet homme est mort. Paix à son âme.
    J’ai bien aimé ce qu’en dit Lambert Wilson, qui a connu personnellement l’Abbé.
    Pour Lambert Wilson, l’abbé Pierre était « en lutte avec le célibat »
    Celui qui a incarné l’abbé au cinéma s’est dit consterné par les accusations de violences sexuelles, tout en rappelant qu’il laisse aussi un témoignage humanitaire considérable.
    Les deux faces contradictoires d’un même homme : l’une lumineuse et l’autre ténébreuse… C’est ce qu’a voulu rappeler l’acteur Lambert Wilson, qui a bien connu l’abbé Pierre pour l’avoir incarné au cinéma et a noué des relations très fortes avec lui – l’abbé l’avait même baptisé. « J’ai passé un temps fou avec lui, a-t-il rappelé sur le plateau de C à vous mardi soir. Il a été une sorte de guide spirituel pour moi, très important dans ma vie. »
    https://www.lepoint.fr/culture/pour-lambert-wilson-l-abbe-pierre-etait-en-lutte-avec-le-celibat-12-09-2024-2570110_3.php
    Quant à Roman Polanski :
    César 2020 : un célèbre acteur (toujours Lambert Wilson) étrille « la prestation pathétique et nauséabonde » de Florence Foresti sur Roman Polanski
    Profitant, abusant du rôle qui lui avait été bien imprudemment confié d’animatrice des César 2020, c’est en effet à un véritable lynchage de Roman Polanski que s’est livrée Foresti . Donnant libre cours à sa méchanceté naturelle, elle fut suivie de toute une meute écumante de haine de « néo-féministes » dont beaucoup, faut-il le préciser, étaient des lesbiennes poursuivant sans doute leur mission de destruction sociale des hommes blancs par elles haïs.
    Tout lui, leur, fut bon pour insulter et salir le célèbre et surdoué cinéaste. Se moquer de son nom. La dame a notamment trouvé drôle et spirituel d’appeler Polanski ‘Atchoum’, c’est-à-dire le traiter de nain. Enfin, tout fut sordide et lamentable, laissant une triste et très laide impression de ces César, du monde du cinéma et des redresseurs de tort que sont les néo-féministes.

  2. De nombreux actrices/acteurs (français ou anglo-saxons) ayant fait preuve de talent et pu nous émouvoir ont révélé leur vraie nature, caractérisée par une bêtise, une hypocrisie et une laideur morale stupéfiantes. Quand ces acteurs ou ces actrices se font passer pour des gens bien et épris de justice, ce n’est qu’un rôle supplémentaire à leur actif. Toujours prêts à hurler avec les loups et à défendre les causes les plus abjectes, les plus immondes.

    Heureusement, il existe quelques exceptions, des acteurs humainement respectables : en France, on peut citer Lambert Wilson, Véronique Genest, Philippe Torreton et une poignée d’autres.

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