Les récentes décisions allemandes en matière d’immigration constituent une rupture assumée par rapport aux précédentes politiques européennes et allemandes en matière d’immigration.
Tout le monde se souvient qu’Angela MERKEL alors soutenue par une grande majorité de la population allemande avait proposé l’accueil d’un million de réfugiés dont une majorité de syriens, accueil qu’elle avait ponctué d’une formule Wir schaffen das ».
L’attentat de Solingen avec 3 morts tués au couteau par un syrien semble avoir sonné la fin de cette politique d’ouverture.
Le traumatisme subi et la vague d’indignation en Allemagne ont contraint le gouvernement du chancelier socialiste Olaf SCHOLZ à prendre des mesures qui semblent draconiennes.
La première de ces mesures très frappante est le rétablissement général des contrôles aux frontières de l’Allemagne.
Manifestement l’Allemagne ne fait plus confiance au dispositif précédent prévu dans le cadre de l’espace Schengen et ne s’en remet plus à l’agence européenne Frontex pour maitriser l’immigration sur son sol.
Cette nouvelle politique allemande suit de nombreuses mesures restrictives en matière d’immigration adoptées notamment au fil des derniers mois par la Suède, le Danemark, l’Italie et plus anciennement et radicalement la Hongrie.
La Commission européenne maugrée mais n’ose condamner l’Allemagne.
Les résultats perlés des différentes élections régionales en Allemagne qui marquent une forte poussée de l’extrême droite pousse le gouvernement SCHOLZ vers une nouvelle posture inédite à ce jour.
Et il y a fort à parier que les élections qui doivent avoir lieu au Brandebourg fin du mois amplifieront ce phénomène.
Il faut dire que l’Allemagne et plus généralement l’Europe est à la croisée des chemins en la matière.
D’une année sur l’autre le nombre de demandes d’entrées sur le territoire européen mais aussi l’immigration clandestine sont multipliées.
Les structures européennes d’accueil des migrants sont submergées et insuffisantes dans de nombreuses villes européennes.
Des campements du genre bidonville réapparaissent en Europe mettant en cause ses fondements humanistes.
L’Europe est donc au pied du mur.
L’agence européenne chargée de gérer les frontières Frontex ne dispose d’aucune marge de manoeuvre.
Elle fonctionne comme un bureau d’enregistrement des entrées et d’aide aux migrants.
C’est exactement le sens de la décision allemande . L’Allemagne décharge de fait Frontex qu’elle finance pourtant largement de la gestion de ses frontières.
Les décisions dont il est question sont présentées comme temporaires par les différents pays mais il y a fort à parier que l’on s’achemine vers un temporaire qui dure, c’est à dire vers une réorientation stratégique de la politique d’immigration de l’UE.
La loi européenne asile immigration votée récemment est d’ores et déjà contestée avec véhémence par le nouveau gouvernement des pays bas qui veut en sortir vite et fermer ses frontières .
2024 restera sans doute l’année du basculement vers une nouvelle Europe , une Europe qui change petit à petit ses fondamentaux.
© Raphaël Nisand
Raphaël Nisand est Chroniqueur sur Radio Judaïca
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