Michel Jefroykin nous conseille 2 articles sur le duel Ruffin-Mélenchon

1.L’affrontement Ruffin-Mélenchon électrise la Fête de l’Humanité -Le Figaro
2.Entre François Ruffin et Jean-Luc Mélenchon, la guerre est déclarée -Le Monde

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L’affrontement Ruffin-Mélenchon électrise la Fête de l’Humanité

Par Hicham Zemrani – Le Figaro

REPORTAGE – Hué par certains militants, le député de la Somme est apparu isolé à gauche après ses propos incendiaires sur la stratégie électorale de LFI.

Les éditions de la Fête de l’Humanité se suivent et se ressemblent. À chaque édition, son débat qui galvanise les foules. Il y a deux ans, les figures de feu la Nupes s’étaient écharpées sur la «gauche des allocs» conspuée par le chef des communistes, Fabien Roussel. Cette année, ce sont les dernières déclarations de François Ruffin qui ont mis en ébullition la base aérienne 217 du Plessis-Pâté (Essonne). Dans un entretien au Nouvel Obs , le député de la Somme a critiqué la stratégie communautariste de Jean-Luc Mélenchon, visant à s’adresser en priorité aux jeunes et aux quartiers populaires, au détriment des ouvriers.

«Il a jeté un pavé dans la mare», de l’aveu de l’un de ses proches. Et les conséquences se sont immédiatement fait sentir. Samedi, à son arrivée sur la grande scène de l’Agora pour participer à une table ronde intitulée «comment unir les classes populaires ?», François Ruffin a été hué par une partie du public. Il a très vite été interpellé par le député insoumis du Vaucluse, Raphaël Arnault. «Je te le dis François, tu es dans la faute politique. Tu as blessé énormément de camarades», lui a-t-il lancé, sous un tonnerre d’applaudissements. Avant d’entonner avec le public le chant antifasciste italien «Siamo Tutti Antifascisti».

Un choix «suicidaire»

«Vous pouvez me huer», a immédiatement répliqué François Ruffin, désireux de garder son sang-froid. Reprenant les propos de Jean-Luc Mélenchon, pour qui il faut «laisser tomber» tout ce qui ne concerne pas la jeunesse et les quartiers populaires, le député de la Somme a demandé à ceux qui étaient d’accord avec cette stratégie de se manifester. Quelques timides bras se sont levés dans l’audience. La preuve pour François Ruffin que ce choix est «suicidaire puisqu’il ne permet pas d’être majoritaire». «Il y a un immense commun entre la France des bourgs et la France des tours», a-t-il conclu, reprenant une de ses expressions phares.

Même s’il est parvenu tant bien que mal à susciter les applaudissements du public à la fin de son intervention, l’attitude de François Ruffin détonne à gauche. Quelques heures plus tôt, sur la même scène de l’Agora, les chefs des quatre partis du Nouveau Front populaire ont préféré afficher un front uni. La cheffe des Écologistes, Marine Tondelier, affirme n’avoir «rien compris» aux débats actuels. «À quel moment, à gauche et chez les écologistes, on s’est dit qu’on ne pouvait pas faire deux choses en même temps ?», a-t-elle interrogé.

Réponse de Jean-Luc Mélenchon

Fabien Roussel, qui est pourtant sur la même ligne que François Ruffin, a semblé prendre ses distances avec le natif d’Amiens. «Il y a des différences qui doivent nous permettre de débattre entre nous, sans insulte et sans dispute», a-t-il déclaré. La riposte la plus virulente est venue de Manuel Bompard. Le coordinateur national de LFI a défendu la stratégie de son mouvement, arguant que «la bataille politique pour une victoire de la gauche doit prendre à bras-le-corps l’antiracisme». «Si certains pensent qu’il faut prioritairement mettre ses efforts dans d’autres parties du pays, qu’ils le fassent !», a asséné le député des Bouches-du-Rhône.

Également présent à la Fête de l’Humanité, Jean-Luc Mélenchon a fait allusion à son ancien camarade lors de son meeting consacré à la destitution d’Emmanuel Macron : «Si les plus pauvres et les quartiers avaient voté comme le reste du pays, alors nous aurions eu la majorité absolue. Ceux qui nous détourneraient de cet objectif nous détournent de la victoire.»

Grandes leçons d’histoire

L’offensive de François Ruffin, aussi inattendue que belliqueuse, surprend. «Le timing n’est pas bon, les mots ne sont pas bons. Si ça avait été fait à un autre moment, ça aurait pu être plus utile», reconnaît Guillaume Ancelet, président de Picardie Debout, le parti de l’ancien journaliste. Sur son stand, le réalisateur de Merci Patron ! s’est affiché aux côtés de Charlotte Girard. Professeur de droit public, elle est la première figure majeure de LFI à avoir quitté le mouvement en 2018, dénonçant l’absence de démocratie interne. La provocation de trop pour les Insoumis ? «Son invitation n’était pas calculée», affirme l’entourage de François Ruffin.

Pendant plus d’une heure, ils ont échangé sur les questions institutionnelles. Les interventions de l’ancien journaliste ont pris des airs de grandes leçons d’histoire. Ambitionne-t-il de disputer le monopole intellectuel à gauche à Jean-Luc Mélenchon ? François Ruffin est pressé par les siens d’accélérer en vue du prochain scrutin présidentiel. «J’aimerais que ça s’étoffe», confesse un proche, pour qui son champion dispose désormais d’un nouvel atout : «Il est libre.»

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Entre François Ruffin et Jean-Luc Mélenchon, la guerre est déclarée

Le député de la Somme, qui a quitté La France insoumise lors des élections législatives, ne ménage pas ses critiques envers le chef de file de ce parti. Quitte à le considérer, désormais, comme un adversaire pour l’élection présidentielle de 2027, au risque de s’isoler.

Par Sandrine Cassini et Laurent Telo – Le Monde

« Pitoyable », « l’archétype du politicard », « le fantôme de Doriot » [dirigeant communiste exclu du Parti communiste français (PCF) en 1934 et qui a collaboré avec l’occupant nazi]… Voici un tout petit échantillon des qualificatifs employés par des élus de La France insoumise (LFI) – dans l’ordre, Aurélien Le Coq (député du Nord), Paul Vannier (député du Val-d’Oise), Julie Garnier (conseillère régionale d’Ile-de-France) – pour qualifier François Ruffin, député de la Somme, qui avait décidé, depuis l’entre-deux-tours des élections législatives anticipées, en juillet, de ne plus siéger avec les représentants du mouvement de Jean-Luc Mélenchon. « Ruffin n’est pas un camarade », résumait, plus sobrement, le député Aurélien Saintoul (Hauts-de-Seine), mercredi 11 septembre, sur X.

Qu’a pu dire ou faire François Ruffin pour provoquer une telle furie ? En cette rentrée, celui qui a été réélu à l’arraché, le 7 juillet, a tout simplement déclenché une guerre ouverte avec le leader de LFI, Jean-Luc Mélenchon.

Les désaccords politiques étaient connus entre les deux hommes : le premier reproche au second d’avoir abandonné les campagnes et les zones pavillonnaires au Rassemblement national (RN) en se concentrant sur la jeunesse et les quartiers populaires. Inversement, Mélenchon accuse Ruffin, par le biais des « insoumis », de taire le caractère raciste du vote d’extrême droite. En toile de fond de ces différends, une rivalité inavouée pour le leadership à gauche avec, en ligne de mire, la prochaine présidentielle.

Déjà critique envers ce concurrent, François Ruffin a musclé son jeu et changé de sémantique. En support de cette offensive : un ouvrage en forme de réquisitoire de la stratégie jugée communautariste de Jean-Luc Mélenchon, même s’il se garde bien d’utiliser ce terme. Dans Itinéraire. Ma France en entier, pas à moitié (Les Liens qui libèrent, 160 pages, 12 euros), achevé le 1er août et publié le 11 septembre, le député samarien revient sur vingt-cinq années de cheminement politique depuis la faculté de lettres d’Amiens jusqu’aux dernières législatives, et distille les mots-clés accusatoires contre l’ancien sénateur du Parti socialiste (PS).

Revisitant les élections législatives de 2022, il écrit avoir eu « honte » d’avoir mené une « campagne au faciès », distribuant des tracts à l’effigie de Jean-Luc Mélenchon aux « Noirs et aux Arabes » d’Amiens-Nord, mais pas aux « Blancs », pour lesquels le leader de LFI faisait office de « verrou ». « Tu mènes une campagne quasi raciale », résume l’interlocuteur imaginaire de ce livre écrit sous la forme d’un entretien.

François Ruffin renvoie LFI et le RN dos à dos

Le député-reporter dévoile aussi quelques sorties privées, embarrassantes pour son ancien mentor. En juin 2022, le chef de LFI a livré devant ses troupes une analyse toute personnelle du score de l’extrême droite, qui avait alors remporté 89 circonscriptions. « Les régions qui ont voté RN sont des terres qui n’ont jamais adhéré à la démocratie et à la République », aurait dénigré le leader « insoumis ». Avant d’ajouter : « Après la guerre, il a fallu vingt-cinq ans pour dénazifier l’Allemagne. » Une façon d’illustrer l’inutilité, selon lui, d’aller ferrailler contre le RN.

Encore plus déplaisante, cette anecdote sur Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais), la circonscription où M. Mélenchon s’était présenté, en 2012, contre Marine Le Pen. François Ruffin surprend l’ancien sénateur en plein mépris de classe. « Quand il me racontait Hénin, c’était à la limite du dégoût : “On ne comprenait rien à ce qu’ils disaient… Ils transpiraient l’alcool dès le matin… Ils sentaient mauvais… Presque tous obèses…” », se souvient l’élu de la Somme. Et de renvoyer dos à dos LFI et le RN, en accusant les « insoumis » de n’avoir pas écrit « une ligne » sur Thomas, cet adolescent poignardé en novembre 2023 à Crépol, dans la Drôme, un fait divers récupéré par l’extrême droite, mais de s’être indigné de l’agression de Mourad, un jardinier poignardé lui aussi, le 17 novembre dans le Val-de-Marne, mais qui a réussi à s’en sortir.

A cet ouvrage incendiaire s’est ajoutée une tournée médiatique – interview fleuve dans Le Nouvel Obs, entretien sur BFM-TV – pour lui donner une caisse de résonance. Pour le moment, M. Mélenchon n’a pas réagi. Lui-même a été malmené cette semaine par une déclaration attrapée au vol par les caméras de l’émission « Quotidien », lors de la manifestation du 7 septembre contre « le coup de force d’Emmanuel Macron ». « Il faut mobiliser la jeunesse et les quartiers populaires. Tout le reste, laissez tomber, on perd notre temps », confie-t-il alors à une militante, illustrant la critique livrée par François Ruffin.

C’est le bras droit de M. Mélenchon et coordinateur de LFI, Manuel Bompard, qui s’est chargé de la réponse. « Ruffin-Zemmour, même combat ? », fait-il mine de s’interroger dans une note de blog intitulée « François Ruffin, la honte en entier et pas à moitié ». Le député des Bouches-du-Rhône accuse son collègue de « reprendre les arguments des adversaires historiques de la gauche », d’alimenter la « lecture identitaire » de la « fachosphère » sur Crépol et de ne pas comprendre « la classe ouvrière créolisée ». « Il y a des pentes qui ne trompent pas. On en connaît le point de départ mais pas le point d’arrivée », conclut-il, traçant un parallèle implicite avec Marcel Déat ou Jacques Doriot, deux collaborationnistes venus de la gauche.

Fort rejet de Mélenchon dans l’opinion publique

Qu’est-ce qui prend à François Ruffin, qui a longtemps rechigné à critiquer ouvertement le triple candidat à la présidentielle ? Pour le politiste Rémi Lefebvre, le député ouvre, sans le dire, une nouvelle séquence, celle de la prochaine présidentielle.

« Il se construit contre Jean-Luc Mélenchon en profitant du discrédit de ce dernier. Il se situe à son niveau pour en être l’alternative. C’est audacieux, car ça l’isole aussi. C’est une prise de risque, car François Ruffin est politiquement plus proche de LFI que du PS », analyse-t-il. Alors que LFI a perdu des députés en juillet et qu’il est rattrapé par le PS, le leader « insoumis » fait l’objet d’un fort rejet dans l’opinion publique, avec 83 % de jugements défavorables, selon l’enquête Ipsos-Cevipof du 30 août pour Le Monde.

Mais, depuis des semaines, François Ruffin semble flotter. Sa rentrée à Flixecourt, dans son département de la Somme, le 31 août, avait laissé ses partisans sur leur faim. Allait-il enfin créer un parti, écrire la suite de son aventure politique ? Beaucoup attendaient qu’il « appuie sur le bouton ». Il n’en a rien été. « Le parti ? Il existe, c’est Picardie debout ! », avait-il esquivé. Le moral n’était d’ailleurs pas au beau fixe dans ses équipes, confrontées à celui qui oscille entre la nécessité d’aller de l’avant – le parti, « il le faudra », écrit-il dans son livre – et une aversion naturelle pour la « tambouille » et la politique traditionnelle.

Décrit comme solitaire, voire instable, François Ruffin continue de semer le doute, y compris chez ses alliés. Les autres bannis de LFI, les députés de Seine-Saint-Denis Alexis Corbière ou Clémentine Autain, n’ont pas compris pourquoi il ne les avait pas rejoints dans leur nouvelle formation politique, L’Après. « Son identité, c’est de ne pas être un professionnel de la politique. Cela fait exister, mais cela ne fait pas forcément un présidentiable », avertit M. Lefebvre.

L’attaque frontale contre M. Mélenchon pourrait fragiliser le Nouveau Front populaire (NFP), déjà miné par la guerre intestine à laquelle se livrent LFI et le PS. « On ne va pas passer notre temps à commenter les trouble-fêtes. Stop ! Laissez-nous tranquilles ! », a réagi la cheffe de file écologiste, Marine Tondelier, vendredi, à la Fête de L’Humanité. Fabien Roussel a également invité à ne pas s’écharper : « Halte au feu ! Ce n’est pas en s’insultant que l’on va avancer », a averti le secrétaire national du PCF. En sourdine, d’autres avertissent du danger pour François Ruffin de « tout mettre sur la table » et de laisser « flotter l’idée qu’avant, il était insincère » lorsqu’il militait aux côtés de M. Mélenchon.

Peu importe, le journaliste trace sa route. Un film documentaire sur le travail, intitulé Au boulot !, avec cette question provocante, « Peut-on réinsérer les riches ? », sort bientôt. Là aussi, il y aura de nouvelles « surprises ».

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1 Comment

  1. Les idiots utiles des freres musulmans s agitent pour recuperer le maximum d influence et de fric : qu ils en profitent vite car les partis 100% islamistes se profilent a l horizon et vont bientot leur piquer beaucoup de voix .

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