Francis Moritz. Contre la menace russe, Berlin fer de lance de la défense européenne

Réapparition du risque nucléaire

Les protestations se font de plus en plus nombreuses et pressantes, contre le stationnement en Allemagne, de missiles Américains de moyennes portée susceptibles d’être équipés d’ogives nucléaires. Malgré les nombreuses difficultés auxquelles il est confronté, tant au plan interieur qu’extérieur, le gouvernement fédéral a conclu un accord avec les Etats Unis, en vue du stationnement permanent d’ici 2026, de missiles de croisière Tomahawk, qui peuvent atteindre St Petersbourg et Moscou, de missiles guidés SM-6 et de missiles hypersoniques Dark eagle qui peuvent aussi atteindre ces grandes villes mais au vu de ses performances qui semblent imparables et capables de détruire les centres de radar du système nucléaire.

Ce qui modifierait substantiellement l’équilibre précaire actuel. Sa mise en œuvre a terme pourrait permettre à l’Allemagne de redonner à l’Ukraine un avantage opérationnel qui lui fait cruellement défaut depuis des mois (oui, mais quand ?}  L’échec de l’offensive de printemps longtemps annoncée comme décisive n’a jamais eut lieu, en raison de prévisions beaucoup trop optimistes.

L’UE en parallèle avec l’Otan a vote un credit de 50 milliards d’euros prévu « en vue de la reconstruction de l’Ukraine ». Plus d’un milliard d’intérêts, dus a la Russie au titre de ses placements en Europe, ont déjà été reverses à Kiev. Sans préjuger de la suite, on peut être surpris qu’on en soit déjà à la reconstruction alors qu’on est en pleine destruction des infrastructures énergétiques jour après jour, à peine 4 mois avant l’hiver et l’élection américaine. 

L’Allemagne et l’UE à la recherche de nouveau alliés

 Depuis sa décision historique de se remilitariser, cet accord vient consacrer la position en flèche de l’Allemagne qui veut être le leader de la defense européenne, évoquée depuis 1952, la CED (Communauté Européenne de Defense) 

Cette nouvelle donne tendra encore plus les relations entre les deux partenaires du couple historique franco-allemand. D’autant que Paris est tourmentée par des vents contraires qui la neutralisent.

C’est également la confirmation de l’intégration et de l’ancrage au sein de l’Otan des armes nucléaires déjà en place. Au titre du parapluie americain, en Italie, Pays Bas, Allemagne, Belgique, Turquie. On parle de 180 bombes nucléaires. Contrairement à l’argument de la France d’être la seule, au sein de l’UE, à disposer de la dissuasion nucléaire, il s’agit plutôt du déploiement de la dissuasion nucléaire, autour de la Russie, avec l’Allemagne en tête de pont. Le gouvernement fédéral a justifié sa décision en constatant que la Russie n’avait pas renouvelé le traité sur les forces nucléaires a portée intermédiaire avec les Etats Unis. Ce qui est inexact, si on retrace l’historique de ce dossier. Ce sont les Américains, qui les premiers, ont différé leur accord, pendant qu’ils concluaient de très larges contrats précisément, pour le développement de ces armes.

La Russie observe

Si Moscou estime que ce changement à venir dans le rapport des forces est de nature à lui faire perdre ses avantages actuels sur le terrain, elle peut vouloir anticiper cette hypothèse et lancer des opérations préventives même avec des opérations nucléaires contre ce changement éventuel. 

Les protestations se font d’autant plis vives en Allemagne, que ce risque nucléaire est mis en avant par un des membres du SPD de la coalition. Ce dernier s’étonne également qu’il faille ajouter des missiles aux ogives déjà présente et d’en faire porter la responsabilité à la seule Allemagne. La ministre des affaires étrangères Mme Baerbock déclarait récemment » nous devons nous protéger nous-mêmes et nos partenaires baltes, notamment par une dissuasion renforcée et des armes de sécurité supplémentaires » car Berlin se considère désormais comme responsable de la sécurité des 3 états baltes et pour faire taire toutes les critiques la ministre précise : « tout autre chose serait non seulement irresponsable, mais aussi naïf face aux critiques d’un Kremlin glacial et calculateur » elle ( ex les Verts et pacifiste) n’a pas élaboré ce qu’elle entend par irresponsable vs. ce qui serait responsable. Le pacifisme antérieur des Verts n’est plus de mise. De plus le parti d’extreme droite AFD ne se prive pas de lancer régulièrement des fakes news pour désinformer le public, et maintenir la pression en politique intérieure, en insistant sur les choix risqués du gouvernement pour la population

Le retour de la Grande Bretagne sur la scène européenne

Pour réduire sa dépendance et celle de l’Europe envers Washington, l’Allemagne veut élargir sa coopération avec Londres, en matière de production d’armes à moyenne portée. Une déclaration commune vient d’être signée dans ce sens par le ministre allemand B. Pistorius et son homologue anglais J. Healey. Les deux gouvernements souhaitent collaborer étroitement dans le développement et l’achat de matériels militaires. Ce qui inclus précisément aussi les armes de moyenne portée qui peuvent atteindre Moscou depuis l’Allemagne. Des projets de coopération à long terme étaient en cours (2014) mais furent stoppes net par le Brexit. La guerre en Ukraine a change la situation et les deux pays ont relance leur coopération dont la France semble absente. Le conseil Européen des relations étrangères est même allé jusqu’à déclarer, qu’avec le Brexit, l’Union avait perdu sa cooperation » avec les forces armées les plus compétentes d’Europe, les Britanniques » Ce qui a dû faire plaisir à la France, qui n’en demandait pas tant. L’UE semble très désireuse de developper cette coopération en vue d’atteindre la souveraineté stratégique. C’est le grand retour de Londres dans le concert européen par ailleurs empêtré dans des problèmes de gouvernance après les dernières élections. 

Les deux parties veulent intensifier cette collaboration, relancée par la guerre en Ukraine où le Royaume Uni joie déjà un rôle important, tant dans la formation des troupes Ue des fournitures d’armes. Il est, entre autres, question de developper un nouveau canon d’artillerie télécommandé qui sera monte sur un char a roues (Boxer) nouvelle génération. La Grande Bretagne participe aussi à la production d’un missile européen à moyenne portée balistique, de croisière ou hypersonique, initié par l’Allemagne avec la France, l’Italie et la Pologne. Les rivalités constantes entre la France et l’Allemagne ont sérieusement compromis la réalisation du futur avion de combat européen, dont la Grande Bretagne a été obligée de se retirer du projet en 2018, Brexit oblige. Sa sortie est maintenant envisagée en 2045, beaucoup trop loin au gout des Allemands qui ont passé commande aux États-Unis, alors que Paris pensait vendre des Rafales. La Grande Bretagne développe avec l’Italie et le Japon, son propre avion de combat sixième génération, le Tempest, sortie prévue en 2035, dix ans avant le projet franco-allemand.

Les quatre prochains mois décisifs

Le président Ukrainien fait tout ce qu’il peut pour pousser à une confrontation entre la Russie et l’Otan. Ce qui a déterminé la République Fédérale à developper ses moyens offensifs, si la situation dégénère. En Ukraine, des divergences apparaissent entre le président qui joue sa survie politique, le chef d’état major et le maire de Kiev (qui se verrait bien remplacer le president) lesquels envisageraient en effet une solution négociée qui arrêterait l’effusion de sang et la destruction du pays, où ce qui s’appelait le grignotage du territoire prends des proportions 

Le retrait de J. Biden n’est pas sans poser de nouveaux problèmes. On connait la position de D.Trump qui s’est déjà montré plus que réticent à poursuivre le conflit. De même qu’il voudra que l’UE augmente substantiellement son budget militaire. Kamala Harris, elle, semble être de « tendance Obama ». Elle ne voudra pas s’engager plus mais sans doute se replier et laisser les Européens face à la Russie. 

Comme on l’a vu en France, il peut encore se passer beaucoup de choses, un cessez-le-feu à Gaza ou pas, le retour des otages, en Israel le gouvernement actuel pourrait tomber, avec de nouvelles élections à la clé, une France sans gouvernement mais avec une procédure ouverte par l’UE pour déficit excessif, et un budget incertain a présenter en septembre,  une décision de Biden de se retirer avant l’élection, car il lui reste à tenir jusqu’en janvier, une bavure dans les échanges de feu entre la Russie et l’Ukraine, impliquant l’Otan, qui provoquerait une réaction du Kremlin. Bref, l’incertitude a tous les étages, ainsi va le monde !

© Francis Moritz


Francis Moritz a longtemps écrit sous le pseudonyme « Bazak », en raison d’activités qui nécessitaient une grande discrétion.  Ancien  cadre supérieur et directeur de sociétés au sein de grands groupes français et étrangers, Francis Moritz a eu plusieurs vies professionnelles depuis l’âge de 17 ans, qui l’ont amené à parcourir et connaître en profondeur de nombreux pays, avec à la clef la pratique de plusieurs langues, au contact des populations d’Europe de l’Est, d’Allemagne, d’Italie, d’Afrique et d’Asie. Il en a tiré des enseignements précieux qui lui donnent une certaine légitimité et une connaissance politique fine. Fils d’immigrés juifs, il a su très tôt le sens à donner aux expressions exil, adaptation et intégration. © Temps & Contretemps


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7 Comments

  1. Cette propagande pro UE et pro Kiev vous déshonore. L’alliance entre les collabos de l’islamonazisme et le régime de Kiev est la suite historique du pacte passé entre le mufti de Jérusalem et Adolf Hitler. https://www.tribunejuive.info/2022/03/08/bat-yeor-qui-est-responsable-de-la-guerre-en-ukraine-qui-sen-rejouit/
    https://www.tribunejuive.info/2023/02/23/lev-golinkin-monuments-aux-collaborateurs-nazis-en-ukraine-27-janvier-2021/
    Et pour ceux qui lisent l’Anglais et douteraient encore qu’Ursula von der Leyen soit une Nazie https://coveractionmagazine.com/2023/02/17/ukraine-hawk-who-heads-european-commission-has-a-nazi-pedigree-she-does-not-want-you-to-know-about/

    La défaite totale de L’UE _ ce 4ème Reich Islamonazi _ est à souhaiter. Elle a déjà lieu, et tous les mensonges des médias européens (et en particulier français) n’y changeront rien. Les similitudes entre la propagande antisioniste/antisémite et la propagande atlantiste/russophobe ont certains points communs : ignorance du grand public et des faux « experts », bourrage de crânes et diabolisation 24 h sur 24

  2. Je retranscris le 3eme lien https://covertactionmagazine.com/2023/02/17/ukraine-hawk-who-heads-european-commission-has-a-nazi-pedigree-she-does-not-want-you-to-know-about/
    au sujet d’Ursula von der Leyen. On comprend mieux pourquoi elle se comporte comme une apprentie Führer. Toute son action est en accord avec l’idéologie du milieu ou elle grandi. On comprend moins comment des personnes qui se disent opposées à l’antisémitisme et au Fascisme peuvent décemment soutenir l’UE

  3. Cher Kinski,
    Je pense que vous m’avez mal lu ou vous en aurez interprété le contenu. Je ne me pose en aucune maniere comme propagandiste de l’UE ou de la Russie. En revanche, je relate les faits, dont certains sont plus ou moins connus. J’essaye d’en tirer une analyse en fonction de l’environnement, lequel évolue en permanence. En clair, je m’en tiens exclusivement aux faits et rien qu’aux faits. Ensuite chacun est bien entendu libre d’en tirer son commentaire. Donc restons objectifs, je n’ai aucune vocation a être le propagandiste de qui que ce soit.
    Avec mes sentiments les meilleurs,

    Avec mes se timents les meilleurs,

  4. @Francis + Moritz Le « Vous » de la première phrase de mon post de 28 juillet 8h49 était en trop. Veuillez m’en excuser. Par contre elle déshonore réellement la presse lambda qui s’y livre sans aucune retenue, dépassant largement la propagande du camp adverse. J’estime que celle existant en « France » est l’une des pires. Même la presse étasunienne wokisée, qui est capable de toutes les pires infamies, publie parfois des articles neutres et livre même des informations très compromettantes pour Kiev ou l’OTAN (y compris des crimes de guerre). Ce serait tout bonnement impossible dans les médias français dont le niveau d’intelligence, de fiabilité et de déontologie correspond au point zéro. Bien a vous

  5. Cher Kinski,
    Merci pour votre retour. Si Tribune Juive me fait l’honneur de publier’mes articles, je me dois d’etre rigoureux dans ce que j’ecris. Ce qui implique de se référer aux faits, sans les dénaturer ou les tronquer. C’est ce que je m’applique a faire. Pour ce qui concerne les médias audio visuels en France, comme le disait naguère le general de Gaulle, vaste programme ! C’est un heritage de la libération, qui a évolué mais il y a sans doute beaucoup a dire et a faire. Un article n’y suffirait pas.
    Cordialement,

  6. Si l’on en croit le narratif officiel en Europe de l’ouest et en France,
    1) le régime ukrainien est un modèle démocratique
    2) l’armée Ukrainienne est un modèle d’intégrité et taille en pièces l’armée russe
    3) Vladimir Poutine est en mauvaise posture et la Russie isolée sur la scène internationale

    Or dans les faits,
    1) l’Ukraine est l’Etat européen le plus corrompu, une partie notable de l’argent envoyé par les Occidentaux à Kiev est détourné par les proches du pouvoir et l’opposition est presque interdite.
    2) l’armée ukrainienne bombarde des populations civiles et sa contre-offensive s’est soldée par un désastre cuisant. Ses pertes sont de plus extrêmement lourdes.
    3) Ce sont les Européens qui sont isolés sur la scène internationale et non les Russes. Poutine n’a jamais été aussi populaire dans son pays et même dans une large partie du monde. L’économie russe a été assez forte pour réduire à peu de choses les sanctions économiques, qui ont beaucoup plus nui aux économies européennes.

    Sans même parler des questions idéologiques ou politiques (il y a sans doute beaucoup à dire), les affirmations de la presse et des chaînes de TV françaises sont factuellement mensongères.

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