Lettre au Président du FSJU sur la dérive d’Akadem

Le 1er Juillet 2024, 

Cher Monsieur Goldman,

Akadem étant sous l’égide du Fond Social Juif Unifié, permettez-nous de nous adresser à vous, Président de cette institution indissociable du judaïsme de France.

Nous sommes un groupe de personnes particulièrement soucieuses depuis plusieurs années de la dérive préoccupante d’Akadem, dans le choix de ses invités et la façon de traiter les thèmes, sans mentionner le fait que le pluralisme et les droits de réponse n’y sont plus de mise.

Tout d’abord, en lien avec l’actualité la plus brûlante : l’historien Vincent Lemire s’y est vu promouvoir sa bande dessinée sur l’histoire de Jérusalem dans une interview complaisante menée par Steve Jourdin. Cette BD vendue à plus de 280 mille exemplaires en France présente des contenus problématiques frisant l’antisémitisme. À tel point que le CNRS lui a demandé de ne plus mentionner avoir été l’un de ses collaborateurs. Une maison d’édition israélienne censée publier la version hébraïque de cette BD a annulé le projet pour la raison susmentionnée. Cette interview diffusée d’abord en 2023, a été remise en ligne le 21 février dernier alors que depuis le 07/10 Vincent Lemire est l’une des personnes les plus sollicitées pour des débats et des interviews dans les médias français où il n’a pas manqué de proférer de la désinformation systématique sur Israël, pays duquel il serait censé être un expert de l’histoire.  

En outre la récente tribune parue dans le Monde par Vincent Lemire et par Arié Alimi, l’avocat de LFI, qui soulève actuellement un tollé, ne laisse point la place au doute.

Un autre historien, pourfendeur d’Israël, Jean-Pierre Filiu, a également bénéficié d’une interview complaisante sur Akadem, toujours par Steve Jourdin.

Il est affligeant que des figures de premier plan du militantisme pour la démonisation d’Israël atteignant des summums sans précédent aujourd’hui aient bénéficié d’un tel traitement de faveur et d’un tel écho sur Akadem. Il y a tout du moins lieu à ce que la contradiction, voire l’objection, leur soient opposés et que l’internaute en soit averti.  Les voix souhaitant s’exprimer dans ce sens ont été écartées.

Un autre exemple parmi tant d’autres. Lors de la polémique sur la réforme judiciaire en Israël qui défraye la chronique, et consécutivement, les attaques en ordre sur la majorité israélienne, aucun porte-parole francophone susceptible de défendre ce dossier n’a été interviewé, ni n’a pu intervenir. Les débats sur ce thème ont été menés de surcroît en anglais par la journaliste Léa Berdugo interviewant un chercheur anglophone Jesse Weinberg ou un juriste, le professeur Barak Médina de l’Université hébraïque de Jérusalem, un vif opposant à la réforme du Gouvernement Netanyahou. Il est tout à fait louable que de tels avis soient entendus. Or, pour l’équilibre, il ne manque pourtant pas de commentateurs ou de juristes francophones en Israël (plusieurs centaines) en mesure d’émettre une argumentation pertinente et ainsi d’offrir à l’internaute la possibilité d’être confronté à la thèse et à l’antithèse pour se faire une opinion par lui-même.

Suite aux évènements du 7 octobre, Akadem a été comme pétrifié et a réagi sans conviction et de façon très mitigée, pour le moins qu’on puisse dire, à l’offensive médiatique alors que cette dernière portait en elle l’embrasement antisémite actuel. D’ailleurs, une personnalité liée à la création d’Akadem nous l’a fait remarquer tout en le déplorant, notamment sur le débat portant sur les accusations contre Israël sur la scène juridique internationale : “Un juriste qui au lieu de montrer le caractère politique des plaintes devant les juridictions internationales noyait le poisson avec des arguties juridiques sans intérêt”

Un entre-soi fermé d’un milieu très restreint et déconnecté semblerait être à la source de cette dérive.

Le manque patent de conviction sur Akadem, de pluralisme, d’ouverture à des tendances culturelles et à des sensibilités auxquelles s’identifie parfois la majorité juive d’expression française, sont pour le moins sidérantes alors que le peuple juif est réputé pour son inclinaison atavique au débat et à l’échange, mêmes rudes.

Les tentatives d’appels au dialogue, les suggestions, les demandes de droits de réponse, ont été rejetées par les responsables d’Akadem avec dédain, dans le meilleur des cas. Tout ceci est documenté.

Monsieur Goldman, nous sommes certains que vous serez sensible à notre préoccupation pour cet organe culturel si important de la communauté juive, Akadem, dont la création en l’an 2000 était censée, entre autres, corriger la désinformation sur Israël.

Cordial shalom

Signataires

Thierry AMOUYAL, directeur commercial, Hadera, Israël

Roland ASSARAF, physicien, France

Bat YEOR, spécialiste de la Dhimmitude et romancière, Suisse

David BANON, professeur émérite Université de Strasbourg

Georges BENSOUSSAN, historien

Galith BENZIMRA, journaliste, Israël

Shraga BLUM, journaliste, Israël

Meïr BEN HAYOUN, journaliste, Jérusalem

Yossef CHARVIT, professeur à l’Université Bar Ilan, Israël

Sarah CRAMAUSSEL, peintre et poète, Haïfa

André DARMON, journaliste, écrivain, Israël

Gérard DARMON, artiste peintre, Israël

Gilles FALAVIGNA, éditeur et essayiste

Alexandre FEIGENBAUM, directeur de recherche, Israël

Haviva Maguy FENTON, France

Paul FENTON, Professeur des Universités, Sorbonne Paris 4

Gilles William GOLDNADEL, avocat, essayiste

Jean-Charles GOLDBERG, Ingénieur textile, France

Yana GRINSHPUN, Analyste du discours, France

Roger GUEDJ, professeur émérite, Université de Nice Côte d’Azur

Michel GURFINKIEL, journaliste, écrivain

Rachel ISRAEL, psychanalyste, Israël

Philippe KARSENTY, homme d’affaires, porte-parole du Parti Républicain américain en France

Jean-Claude KELLY, décorateur, France-Israël de Normandie

Jean-Pierre LLEDO, cinéaste, essayiste, Israël 

Pierre LURÇAT, écrivain, traducteur

Yves MAMOU, journaliste, essayiste, France

Francine MAYRAN, psychiatre et artiste peintre de la mémoire

Liliane MESSIKA, écrivain, essayiste

Jean-Loup Mordekhaï MSIKA, plasticien, architecte

Georges MICO, psychiatre, psychanalyste

Didier NEBOT, médecin, écrivain

Lucien Samir OULAHBIB, docteur en sociologie historique, HDR en science politique, enseignant, auteur, directeur de la revue Dogma.lu  et de resiliencetv.fr, France 

David PASDER, Directeur de sociétés, Israël

Ziva POSTEC, cinéaste, Israël

Caroline Elisheva REBOUH, auteur, Israël

Richard ROSSIN, écrivain, ancien secrétaire général de MSF, co-fondateur Médecins du Monde, ancien vice-président de l’Académie européenne de Géopolitique, Israël

Léon ROZENBAUM, avocat, Jérusalem

Monique SANDER, kinésithérapeute, France

Georges Elia SARFATI, philosophe, psychanalyste

Philippe SOLA, écrivain

Frédéric SROUSSI, journaliste, essayiste, Israël

Jean SZLAMOWICZ, linguiste

Pierre-André TAGUIEFF, philosophe, politiste et historien des idées, directeur de recherche au CNRS

Myriam TANGI, Plasticienne, Photographe, Auteure, France

Evelyne TSCHIRHART, écrivain, France

Monette VACQUIN, psychanalyste

Asher ZELMATI, coach, Israël

Ophrah ZELMATI, édition, 

Frédéric ZERBIB, avocat, New-York

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5 Comments

  1. Totalement d’accord.
    Il n’y a plus d’associations juives de gauche en France : elles sont toutes gauchistes !!

    (Où peut-on signer cette tribune ?)

  2. Merci ! Il faut ajouter qu’Akadem ne proposant plus d’index ou autres possibilités de recherche (par année, par organisme, etc.) il devient très difficile, voire impossible, de retrouver les anciens enregistrements.

  3. C’est le signe de notre époque que ce soit les “dirigeants communautaires”, les organisations dites “juives”, des porte-voix sans légitimité ils proviennent du même sérail.

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