Nous danserons encore… Par Eden Galimidi

Nous sommes en juillet et pourtant dans nos cœurs
Le temps s’est arrêté. Plus un jour, plus une heure
N’est passée. Et plus rien ne sera comme avant,
Plus rien n’aura ce goût, et ce parfum d’antan.

80 ans plus tard, les mêmes procédés,
Même refus de voir ce qu’il s’est déroulé
Ce jour du 7 octobre deux mille vingt trois
Où nous nous sommes levés, de stupeur et d’effroi

Le crime est si violent, si barbare et cruel
Que l’on se dit « Mon D.ieu, est-ce sous ta tutelle
Qu’un aussi grand malheur a bien pu se produire ?
Que des hommes à nouveau se sont livrés au pire ? »
Non… pas des hommes. Des monstres ! De sang juif, assoiffés,
Qu’il coule d’une mère ou bien de son bébé.
Qu’importe. Tant qu’il coule. Qu’il coule abondamment.
Et que cela rend fiers et papa et maman…

Ils les appellent dès leur boucherie finie,
Le sang chaud sur les mains, d’une voix ahurie,
Pour crier haut et fort leur macabre prouesse
Et, comble de l’horreur, les parents sont en liesse…
Ils approuvent le crime, félicitent l’enfant,
Se réjouissent des morts. Que dire… Ils sont contents

Mais comment concevoir telle inversion morale
Où le mal devient bien, où le bien devient mal ?
Et comment le témoin de l’horreur absolue
Peut se dire « Seigneur, c’est toi qui l’a voulue ? »

On comprend que ces fils, dès leur plus tendre enfance
Tétaient déjà un sein empoisonné et rance,
Buvaient un lait pourri par la plus vive haine.
Une haine du Juif, semée comme une graine
Dans le cerveau fragile du bébé innocent,
Qui a évolué, et qui, en grandissant,
S’est muée en pulsion de terreur et de mort
Ne laissant nulle place au doute et aux remords.

Honte à ces faux parents, de tueurs ces complices
Qui ne leur ont transmis que la haine et le vice.
Qui ont fait des enfants – Les leurs ! – des assassins
Avec la mort certaine pour unique dessein

Jadis, je demandais un peu d’attention.
Un bout de main tendue, de la compassion
Après le 7 octobre. Un signe de soutien…

À présent, c’est fini, je ne demande rien.
Ni fleur, ni main tendue, ni soutien, ni support.
Juste un petit moment pour enterrer nos morts,
Juste un peu de silence le temps de leur hommage
Et juste une pensée pour ceux encore otages.

Il n’est plus nécessaire d’avoir votre soutien
Mais de grâce gardez aussi votre venin.
Un venin certes ancien, qui n’est pas apparu
Hier mais qu’on pensait un peu moins répandu.
Naïfs que nous étions. Aveugles en plein déni.
Il était toujours là mais il était tapi
Dans l’ombre et n’osait pas au grand jour s’exprimer,
Sinon timidement, dans des cercles privés

Et petit à petit, il s’est fait plus bruyant,
Plus répandu, plus fort, plus lourd, plus menaçant.
Certains ont averti du danger qui grondait
Mais on les a fait taire par grande lâcheté,
Par idéologie, ou par opportunisme,
Par aveuglement ou bien par simple optimisme,
Sans lequel on ne laisse à notre âme entrevoir
Dans un sombre futur, une lueur d’espoir.

Il n’a suffi que d’un massacre, un traumatisme
Pour qu’il ressorte intact : Oui, l’antisémitisme.

Celui qui nous oblige à fermer notre porte,
Et à manifester seulement sous escorte.

Celui qui nous oblige à retirer du mur
La mezouza – laissant sa colle comme blessure.
Celui qui nous oblige à changer notre nom
S’il donne trop d’indices sur notre religion.

Celui qui a violé des filles de 12 ans
Et donné des nuits blanches à bien trop de parents,
Celui qui a tué Sarah, Myriam, Ilan,
Mireille, Jonathan, François-Michel, Yohan.

Qui nous fait surveiller le moindre cimetière
De peur que l’on profane la tombe de nos Pères.
Celui qui nous contraint à n’être plus serein
Et à nous demander : « Où serons-nous demain ? ».

Cet antisémitisme, aisément se repère
Car il reproche au Juif, tout et puis son contraire.

Jadis, on l’enfermait dans des petits quartiers
Puis on lui reprochait de ne pas s’intégrer.
On lui interdisait tous les nobles métiers
Puis on lui reprochait d’être un vil usurier.
Aujourd’hui, on le pousse à partir de chez lui
Et puis on lui reproche de trahir son pays…

Cet antisémitisme, chaque siècle se mue
Et trouve des raisons au Juif pour qu’on le tue.

Hier on l’accusait d’être un fils de Satan
Préparant ses recettes avec du sang d’enfants.
Hier, on le pendait pour le meurtre du Christ,
Puis pour avoir été un fervent communiste.

Aujourd’hui, car il est riche, et dominateur,
Qu’il contrôle le monde, les journaux et les cœurs.
Aujourd’hui car il est méchant capitaliste
Et qu’il est franc-maçon en plus d’être sioniste.

Peu importe ses choix, il aura toujours tort.
On l’aime s’il est faible mais pas quand il est fort,
On l’aime en pyjama rayé, dans la misère,
On le hait bien portant, en treillis militaire.
On l’aime un peu courbé, penché, et s’excusant,
On le hait victorieux, on le hait triomphant.

Car c’est qu’il est têtu le Juif, il faut le dire !
Il n’est pas si enclin à se laisser occire !
Après 3 millénaires passés à se cacher,
Il se bat et refuse de se faire tuer.

Et après avoir dit adieu à 6 millions
Des siens, avoir subi tant de persécutions,
De moqueries, d’insultes, de pogroms et de haine,
Il hurle : « Ma souffrance n’aura pas été vaine !».

Alors il se défend, redouble de prudence,
Des progrès militaires, il force la cadence
Afin que chaque juif, quel que soit son pays,
Sache qu’en Israël, on veillera sur lui ;
Et qu’il ne devra plus son travail, son statut,
Sa liberté, ses biens, sa vie et son salut,
Aux humeurs d’un ministre, au bon vouloir d’un roi,
Au grenier d’un voisin, aux changements de loi,
Aux volontés des peuples, ou leur indifférence,
À sa discrétion, à sa foi, à sa chance.

Je dédie ce poème aux hommes de Zakka
Aux héros des kibboutz, du festival Nova,
Qui ont parlé autant qu’ils en étaient capables
Pour dire avec effroi ce qu’ont fait les coupables.
À ceux qui ont tendu la main et le micro
Vers toutes ces victimes qu’on n’écoute plus trop,
Qui, comme leurs parents, témoins de la Shoah
Prient une fois encore à Dieu « Plus jamais ça !

Que jamais plus la joie qui chante en festival
Se transforme en chaos et sifflement de balles,
Que jamais plus jeunesse ne soit fauchée ainsi,
Que jamais plus un Juif ne craigne pour sa vie,
Celle de ses parents et de sa descendance,
Qu’il soit toujours “heureux comme les Juifs en France”,
Que chacun des otages retrouve sa famille
Et que tombent les armes de tous nos ennemis
Qui veulent le triomphe sur la vie de la mort,

Nous vivrons ! Et surtout, nous danserons encore…

Eden Galimidi, Juillet 2024

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8 Comments

  1. Magnifique poème. On ressent plein d’émotions, la tristesse, la colère, l’espoir, la résilience. Notre coeur ne doit jamais oublier ce 7 octobre. Le massacre de toutes ces personnes, cette volonté d’éradication parce que ces personnes étaient juifs. Il faut toujours être vigilant et être conscient que l’antisionisme est le nouvel habit de l’antisémitisme. Israël vivra et son peuple, courageux, digne se relèvera.ישראל תחיה

    • oui Nathalie entièrement d accord j ai toujours le cœur en compote depuis le 7Octobre même pour moi catholique amoureuse d Israel je prie tous les soirs et hier soi j étais en Rage tant de temps le petit Zfir 9mois Ariel 4 ans si ça continue ils auront passés 1an chez ces fous et encore sont ils en vie ham israil hay

  2. On se sent tout petit devant ce texte magnifique qui est un CRI du coeur !
    Tout ce que je peux dire : ça n’a jamais été facile pour vous, peuple juif ( lisant la Bible ,( votre Tanach ) et aussi l’histoire de l’Eglise !!!( à notre honte, nous chrétiens !) Tout ce que je sais et que je suis obligée de vous redire : c’est que le Grand D.ieu d’Israël vous aime d’un amour qui nous dépasse (” Je t’aime d’un amour éternel !”)et qu’avec Lui, Israël aura le dernier mot ! COURAGE !

  3. Sachez mes amis que vous avez “accepté” la charge très très lourde, d’être les Gardiens des Archives de l’humanité, car c’est pour cela en réalité que l’on veut prendre votre place. Elle se mérite!!! C’est comme la place des “civils qui ont “accepté” d’être là au moment où les bombes d’Hiroshima & Nagasaki ont fait basculer l’humanité dans une grande période de terreur… (Alors qui va gagner ?… N’ayez aucune crainte…car il n’y aura pas de deuxième fois… L’YHVH ne le permettra pas ( Ceci est tiré de la Matrice du Code de la Bible ( “Shoah Atomitt” qui avait une chance sur plus d’un million de sortir…).

    Bien…. Alors quoi? faut-il “accepter” l’antisémitisme ?
    Ce n’est pas à moi de répondre…
    Mon père a ecrit sur son “Carnet de prophéties” quelque chose qui m’a intrigué: A chaque pas où la prophétie a été effective, il marquait en rouge “Réalisé” et rien quand c’était le contraire…
    En 1943, il a écrit: “Dans 5 ans, le Messie” et rien pour confirmer… Faites vous même le calcul ( et peut-être comprendrez-vous?) …
    Les “Douleurs de l’Enfantement” (“‘Hevley Mashiah” ) risquent bien de durer , car notre perception du temps, n’est pas celle du Déroulement de la Destinée des Peuples de la Terre…

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