Daniel Sarfati. Les épreuves olympiques ont débuté

Les épreuves olympiques ont débuté. 

J’ai disputé le “Comment rentrer chez soi après une journée harassante de boulot dans le Val de Marne, quand on habite Paris”. 

Je n’ai obtenu aucune médaille. 

Jeudi 14 heures. 

Premières éliminatoires au Pont d’Austerlitz. 

Aucun véhicule ne passe. 

Plusieurs cars de flics, armés jusqu’aux dents, interdisent la traversée de la Seine. 

Le bouchon de bagnoles ne cesse de grossir. 

Benoîtement, je vais voir un jeune gendarme mobile, acnéique, dont la mitraillette me semble la moins agressive. 

Siou’plait M’sieur l’agent. Je dois passer, je suis attendu à l’Hôpital Necker. 

“Z’avez vot’ QR code ?”

Ben, non… J’ai juste un laissez-passer que m’a fourni l’hôpital. 

Je lui tends un papier avec pleins de tampons et de signatures à l’en-tête Assistance Publique/ Hôpitaux de Paris. 

“Ça vaut rien vot’papier. Faut l’QR code”.

J’insiste. 

L’agent demande des renforts. 

C’est son chef qui arrive. Sans doute un gendarme de province aux tempes grisonnantes. 

“Y veut pas obtempérer le monsieur ?”

Comme je ne cherche pas à terminer comme un jeune de banlieue qui a dérobé un scooter, je montre au chef carte professionnelle, laissez-passer de l’hôpital et papiers du véhicule. 

Le chef se gratte la nuque. 

Necker… C’est l’hôpital des enfants malades ?

C’est ça. 

C’est vous qui opérez les bébés ?

Oui, entre autres. 

Il se tourne vers le gendarme acnéique. 

Bon. Tu laisses passer le docteur. Il a un bébé à opérer.

Je me suis demandé s’il n’allait pas me proposer une escorte de motards. 

Vendredi, pas de bébé à opérer. 

J’ai décidé de prendre le RER comme tous les travailleurs. 

Je me suis assis tranquillement sur une banquette avec un polar. 

Direction Paris.  

Une annonce :

“Suite à une incident grave sur les voies, le trafic est interrompu à Fontenay-sous-Bois. 

Il ne reprendra qu’à 23 heures”.

Se retrouver à Fontenay-sous-Bois, vers 20 heures, à pied sans aucun bus ni taxi pour rallier le centre de Paris, est un grand moment de solitude. 

Sans être un sportif accompli, j’ai traversé le bois de Vincennes en moins d’une demi-heure et pénétré dans la première bouche de métro qui s’offrait à moi. 

Déshydraté comme un sachet de thé. 

Les Jeux Olympiques 2024 ont commencé.

© Daniel Sarfati
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