Daniel Sarfati. Je devais sentir la sueur. Un peu comme Aymeric Caron quand on lui parle d’Israël

Ce bracelet en cuir, j’y tenais. 

Un cadeau pour mes soixante ans. 

Un jour, il s’est complètement démonté, décousu, la fameuse boucle H rompue. 

J’y ai vu comme un mauvais présage. 

Il fallait conjurer le sort, j’ai décidé de faire le voyage au pays des riches. 

Avec LFI aux portes du pouvoir, bientôt je n’en aurais plus la possibilité. 

Magasin Hermès, rue de Sèvres. 

Toutes les vendeuses sont occupées, c’est à un vendeur que je m’adresse. 

Grand, élégant, un foulard négligemment noué à la place de la cravate. Il me reçoit comme si j’étais l’unique client et que je venais acheter toute la boutique. 

C’est pour un bracelet. 

“Oui. Nous en avons toutes sortes de modèles”.

Non. J’en ai déjà un. Il est cassé”. 

J’exhibe la pièce à conviction. 

Il a l’air contrarié et m’entraîne à l’écart, soucieux des regards d’un groupe de touristes japonais. 

Il retourne le bracelet sous toutes ses coutures, si je puis dire. 

“Ah oui… Les coutures ont lâché. Ça n’est pas réparable. Désolé”.

Moi, agressif, un peu à la Louis Boyard, en plus vulgaire. 

C’est scandaleux ! Je croyais que la maison Hermès, c’était la meilleure sellerie du monde ?

Au prix k’sa coûte !”

Je me tâte pour rajouter : C’est un déni de démocratie. 

“Asseyez-vous Monsieur. Nous allons voir. 

Vous désirez un Coca ou verre de champagne ?”

Champagne. 

Si j’avais été Mathilde Panot, j’aurais demandé des cacahouètes avec. 

Finalement, j’ai gagné, comme dirait Melenchon. 

Le bracelet a été changé à l’identique. 

En mieux. Le nouveau modèle a une plus jolie boucle H. 

Avant de quitter la boutique, le vendeur m’a proposé :

“Je vous parfume Monsieur ?”

C’est vrai qu’il faisait chaud et que je m’étais un peu énervé. 

Je devais sentir la sueur. Un peu comme Aymeric Caron quand on lui parle d’Israël.

© Daniel Sarfati
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4 Comments

  1. excellent !!! j’ai ri, beaucoup. l’histoire est racontée avec beaucoup d’humour… et l’image qui en véhiculée est tellement vraie – bravo Daniel…. mais avec un petit bémol cependant : l’évocation d’Aymeric Caron a fait tomber mon enthousiasme…..

  2. Le sommet dans l’humour pour votre récit , Mr Serfati, c’est quand vous évoquez les ” “cacahuètes en plus du champagne ” qu’aurait certainement demandé Mathilde Panot. Très désobligeant comme remarque. Mais aucune pitié avec une personne qui a dit un jour à Elizabeth Borne : ” vous êtes une rescapée de la loi travail”. Elle savait parfaitement ce jour là que le vrai nom de la Premiere Ministre est Bornstein et que son père était “passé par Auschwitz” . Et après tous ces gens là vous disent ” on est pas antisémite”

  3. Excellent ! Quel humour !
    J’ai particulièrement apprécié la formule : “C’est un déni de démocratie” qui m’apparaît comme un argument imparable pour clouer le bec à tout commerçant rechignant à faire un geste pour son client.

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