Les vérités qui touchent l’humain ont ceci de merveilleux que ce sont surtout des effets, des passages, et non des choses qu’on peut tenir dans sa main et exhiber comme des trophées en se posant comme détenteur de vérité.
Voici un exemple tiré de cette pauvre actualité électorale française, pauvre parce que bourrée de vindicte, de perversion et de coups bas venant de haut.
Les partis de gauche se sont vite réunis après la dissolution de l’assemblée et en quatre jours, ils ont sorti un bel objet, l’union de la gauche, et pour mieux le gonfler, ils l’ont appelé « Nouveau Front Populaire ».
Le bon peuple généreux a donné assez de voix pour que le conglomérat soit le plus important à l’Assemblée.
Et aussitôt après avoir empoché toutes ces voix, ce nouveau groupe est entré en dissension absolue, en désaccord total, un désaccord qu’il a pu dissimuler au début pour tromper le monde, voire se tromper lui-même.
Résultat, le groupe s’est divisé en trois ou quatre composantes, la vérité l’a traversé et l’a révélé menteur sur son identité… Sa seule valeur ou sa seule vérité était d’être uni, il en a donné le semblant, et en a recueilli un semblant d’existence, mais sous le coup de la vérité, il ne tient plus: le NFP se révèle être un mensonge. La vérité peut se laisser manipuler, mais elle se venge.
Un autre petit effet de vérité mérite d’être signalé : on apprend et on voit que des militaires qataris, avec leurs petits blindés bariolés, sont dans la capitale pour nous protéger lors des Jeux olympiques. « Pour la sécurité », comme on dit chaque fois qu’on veut duper le peuple. Mais cela choque certains éléments qui, sans être nationalistes, sont très surpris : la France n’a donc pas les moyens de subvenir elle-même à sa sécurité ?
Mais peut-être que l’appel au Qatar n’était pas vraiment un besoin mais un désir plus symbolique ?
Être protégé par un petit pays actif dont la faiblesse militaire rendrait plus émouvant le soutien ? Ce serait un beau symbole si ledit Qatar n’était pas le soutien très actif du djihad, notamment du Hamas. Le chef de ces militaires, en les haranguant, leur a dit : « Vous ne représentez pas seulement l’émir du Qatar mais la Oumma arabe et islamique ».
C’est peut-être cette présence et cette représentation qu’on a voulu souligner. Mais elle illustre la manière dont le pouvoir macronien pousse le bon peuple dans les bras du rassemblement national, le plus naturellement du monde. La vérité peut se laisser déguiser, mais à la fin elle se dévoile.
© Daniel Sibony
Daniel Sibony est écrivain Psychanalyste. Dernier ouvrage paru : « L’entre-deux sexuel ». Odile Jacob Editions. 2024. À paraître le 7 octobre : « Les non-dits d’un conflit ; le Proche-Orient après le 7 octobre ».
C’est kafkaïen demander aux pyromanes de faire les pompiers ! Quelle époque !