Fanny Germon a rencontré Noam Buskila, réserviste volontaire d’IDF, Organisateur d’événements, chanteur, musicien

J’ai découvert Noam Buskila en novembre 2023 grâce à une vidéo qu’il avait postée sur Instagram[1]. On le voyait avec d’autres soldats de Tsahal à la frontière Nord d’Israël. Uniforme militaire, guitare à la main, un grand et beau sourire aux lèvres, chantant pour célébrer l’entrée de shabbat. J’avais été subjuguée par cette joie de vivre, et cette lumière que Noam dégageait dans une situation pourtant cauchemardesque… 

FG : Bonjour Noam, pourriez-vous vous présenter en quelques mots et me dire qui vous étiez avant le 7 octobre et me parler de votre vie depuis ?

NB : Je m’appelle Noam Buskila, je vis à Sfat, je suis marié et j’ai six enfants à la maison. Depuis environ 18 ans, je suis organisateur d’évènements, j’anime des célébrations de Bar mitzva, et je suis chanteur et musicien. 

Depuis le 7 octobre, j’ai été appelé parce que je suis réserviste volontaire d’IDF (Israel Defense Force). Je suis combattant dans une unité de parachutistes et depuis le début de la guerre, mes amis et moi protégeons la frontière nord d’Israël. Encore aujourd’hui, le Hezbollah a tiré sur toute la Gallilée, Kiryat Shmona, Nahariya, Sfat…

Je suis un musicien, je ne pouvais pas aller rejoindre mon bataillon sans ma guitare en plus de mon arme, car c’est qui je suis. Je suis là pour répandre un esprit de joie et de bonheur à travers ma musique. Entre les opérations militaires, dès que nous avons un peu de temps de pause, je sors ma guitare pour apporter de la joie à mes compagnons d’armes. 

FG : Je pense que vous avez rapidement répandu cet esprit de joie, en dehors de votre bataillon, aux juifs de la diaspora qui sont inquiets de ce qui se passe en Israël. 

NB : Je pense que nous devons tous remercier un Bar Mitzva qui s’appelle Ori. C’est le fils de mon commandant, Eli, et il devait célébrer sa bar mitzva le 10 octobre 2023. Eli est venu me voir, car il ne savait pas quoi faire alors je lui ai dit : “Eli, n’annule pas, nous sommes le peuple juif, et même dans les moments difficiles, on n’annule jamais les célébrations. Fais-le venir avec ta femme”.  Alors il a amené son fils et sa femme à la base, et nous avons célébré sa bar mitzva avec 400 soldats de l’armée de Tsahal. C’était un moment incroyable et quand j’ai partagé la vidéo sur Instagram, elle est devenue virale. J’ai réalisé alors que nous ne battions pas que pour le peuple d’Israël, mais aussi pour les juifs du monde entier. Nous sommes un seul et unique peuple; une seule famille juive.  


FG : Je crois que vous avez beaucoup voyagé pour donner des concerts depuis le début de la guerre.  J’ai d’ailleurs eu la chance de vous voir à un évènement organisé à Boulogne-Billancourt. Ou êtes-vous allé ces derniers-mois ? 

NB : Je suis allée aux Iles Caïman, à Montréal, en Europe : à Paris, Cracovie, Varsovie, à Vienne … bientôt Londres et cet été j’irai me produire au Brésil. Au cours de ma carrière dans l’évènementiel, j’ai animé pas mal de Bar Mitzvot en Israël pour des familles américaines, et je sais que pas mal de gens voudraient que je puisse me produire aux Etats-Unis. 

FG : Est-ce que vous pensez que vous faites votre métier différemment maintenant ? Je comprends que vous aviez pour habitude d’animer des fêtes ; et maintenant vous faites aussi des concerts sur scène. C’est un exercice différent. 

NB : Je pense qu’en tant qu’artiste, nous sommes des personnes spirituelles, et nous cherchons toujours à nous améliorer, à passer d’un niveau à un autre. Vous avez raison, je ne faisais pas ce genre de représentations avant, et maintenant je fais des concerts, je chante des chansons que les gens connaissent, je dis quelques mots entre les morceaux. 

Quand nous nous sommes rencontrés à Boulogne, vous m’avez dit que j’avais réuni tout le monde grâce à la musique et apporté beaucoup de joie aux spectateurs. C’est exactement ça que je cherche à faire : que les gens soient ensemble, chantent, dansent, et se sentent connectés les uns aux autres.

FG : Je pense que c’est la force de notre peuple. Etiez-vous volontaire pour être réserviste ? 

NB : C’est le mot, “force”. En Israël, on fait son service militaire de 18 à 21 ans, et ensuite on est automatiquement réserviste. Mais personne ne vous force à servir après le service militaire. Nous avons le choix. J’ai 42 ans et je n’arrêterai jamais d’être réserviste tant que je pourrai être utile.

FG : Vous avez dit avoir une femme et six enfants, comment ça se passe pour votre famille depuis le début de la guerre ? 

NB : C’est la partie la plus difficile pour moi ; ne pas être à la maison la plupart du temps depuis 9 mois. Mon plus jeune enfant a 4 ans. Ne pas être avec eux, ne pas les serrer dans mes bras, leur raconter une histoire le soir, ne pas être là avec eux le shabbat. J’ai manqué 22 shabbats en famille. C’est très long et très dur pour eux, pour ma femme, pour moi. Ma femme et toutes les femmes d’Israël sont les vrais héros. Depuis des mois, elles gèrent seules nos foyers et nos enfants. C’est grâce à elles que nous pouvons rester à la frontière d’Israël pour protéger notre pays.

FG : Beaucoup de français juifs vous connaissent, je ne sais pas si vous réalisez que vous êtes devenu, par la joie de vivre que vous communiquez, une sorte de symbole de force. 

NB : Depuis le début de la guerre, à chaque fois que je voyage les gens m’arrêtent pour me dire : “Tu es le gars à la frontière nord avec sa guitare ! Merci pour ce que tu fais”. 

Je me sens privilégié d’avoir pour mission de protéger mon peuple, mon “Am Israël”.

J’ai le sentiment de faire deux sortes de réserves : celle avec mon uniforme et mon arme à la frontière nord ; la deuxième, c’est quand je vais chanter pour les juifs de la diaspora. Je prends ça comme une mission. Que je sois soldat ou chanteur, Je représente en quelque sorte l’armée de Tsahal. À chaque concert que je donne, je commence par dire que je ne me tiens pas là seul, mais que je représente les soldats d’IDF. C’est la chose la plus importante pour moi. 

Je veux que tout le monde sache que je ne dirai jamais non pour venir chanter et répandre l’esprit d’Israël, d’IDF. Je traverserai le monde pour ça. 

FG : Avez-vous le sentiment qu’aujourd’hui, et depuis le 7 octobre, les juifs de la diaspora vivent leur judaïsme différemment et ont un autre regard sur Israël?

NB : Vous n’imaginez pas le nombre de gens qui m’ont écrit sur Instagram … “Noam, tu as changé ma vie juive, ma vision du judaïsme et d’Israël. Ma vision de ma famille, de mon héritage …” Beaucoup de gens m’ont envoyé des photos d’eux en train d’allumer les bougies de shabbat pour la première fois de leur vie, de faire Pessah ou de porter une Magen David. 

J’ai joué pour beaucoup de famille “réformées”, et elles m’ont dit à quel point elles se sentaient faire partie de cette histoire, partie d’Israël. 

FG : J’ai le sentiment que nous faisons partie d’une seule et même famille. À la fois grande et petite. 

NB : C’est incroyable. Israël est une si petite nation et elle est au cœur de tous les débats.  Nous savons que nous sommes un peuple spécial et que nous avons une réelle mission dans ce monde. 

Le voyage de Noam Buskila, d’artiste à soldat réserviste de l’IDF, a profondément touché les Juifs du monde entier. À travers sa belle musique et les messages qu’il transmet, il diffuse joie et unité, symbolisant la résilience et le dévouement à ce beau pays qu’est Israël.

© Fanny Germon

[1] lien vers la vidéo

Fanny Germon. “Chanteuse/Voix off à Paris à mes heures gagnées. Amoureuse des mots et des chansons douces. Passionnée de second degré

***

Version anglaise

I discovered Noam Buskila through a video he posted on Instagram on November 2023[1]. In the footage, Noam clad his military uniform, strum his guitar and sang with other soldiers to celebrate the onset of Shabbat from Israel’s Northern border. Noam was singing with a beautiful and communicative smile and a sweet voice. The vibrant joy and the light that he radiated in the midst of such a harrowing situation struck me. 

FG : Hello Noam, could you introduce yourself briefly and tell me who you were before October 7th and how your life has been since?


NB : Hello, my name is Noam Buskila. I live in Safed, I am married, and I have six children at home. For about 18 years, I have been an event organizer, hosting Bar Mitzvah celebrations, I am a singer and musician. I have been called up as a volunteer reservist for the Israel Defense Forces (IDF) since October 7th. I am a fighter in a paratrooper unit, and since the beginning of the war, my comrades and I have been protecting Israel’s northern border. Even today, Hezbollah has fired many rockets on the entire Galilee region, including Kiryat Shmona, Nahariya, and Safed. 

As a musician, I could not join my battalion without my guitar in addition to my weapon because it’s a core part of who I am. My mission is to spread a spirit of joy and happiness through my music. Between military operations, whenever we have a moment of pause, I take out my guitar to bring joy to my fellow soldiers.

FG : I believe you also have quickly spread this spirit of joy beyond your battalion, to many Jews in the diaspora. 

NB : I think we all need to thank a Bar Mitzvah boy named Ori. He is the son of my commander, Eli, and he was supposed to celebrate his Bar Mitzvah on October 10th, 2023. Eli came to me because he did not know what to do. So I told him “Eli, don’t cancel it. We are the Jewish People, and even in difficult times, we never cancel celebrations. Bring him and your wife to the military base.” So he did, and we celebrated the Bar Mitzvah with 400 IDF soldiers. It was an incredible moment, and when I shared a video of it on Instagram, it went viral. I realized then, that we were not only fighting for Israel, but also for the Jews all over the world. We are one and the same people, the Jewish family.

FG : You have traveled to give some concerts since the beginning of the war. I was fortunate enough to see you at an event in Boulogne-Billancourt. Where else have you travelled?

NB : Cayman Islands, Montreal, and several places in Europe (Paris, Krakow, Warsaw, Vienna…)Soon I’ll be heading to London, and this summer I will be performing in Brazil. Throughout my career in event organizing, I have hosted in Israel a lot of Bar Mitzvahs for American families. Many of them would like me to be able to perform in the US. 

FG : Do you approach your work differently now? You used to host celebration, and now you perform mainly on stage?

NB : You’re right, I didn’t do these kind of performances before. I believe that as artists, we are spiritual people who are always seeking to improve and move from one level to another. When we met in Boulogne, I asked you for your opinion on my performance because I knew you were also a musician. You told me that I had brought everyone together through music and brought a lot of joy to the audience. That’s exactly what I aim to do : to bring people together, to sing, dance, and feel connected to one another. 

FG : I think this is the strength of Jewish people. Were you a volunteer to be reservist? NB : This is the word, strength. In Israel, we serve in the military from age 18 to 21, and afterward, we are automatically in the reserves. However, no one forces you to serve after your mandatory service; we have a choice. I am 42 y old, and I will never stop being a reservist as long as I can be useful. 

FG : How does your family coped with this situation since the beginning of the war?  

NB : This is the hardest part for me. Being away from home most of the time for almost 9 months. My youngest child is 4. Not being with them. Not holding them, or telling them bed time stories. Not being with my family for Shabbat…I have missed 22 Shabbats. It is very long and very hard for them, for my wife, for me. My wife and all the women of Israel are the real heroes. For months, they have been managing our homes and children alone. It is thanks to them that we can stay at Israel’s border to protect our country.

FG : Many Jews in France know you. Do you realize, you have become a sort of symbol of strength and resilience through the simha, the joy you communicate?

NB : Since the beginning of the war, every time I travel, people recognize me “hey you’re the guy at the northern border with the guitar! Thank you for what you do!” I feel privileged to have the mission of protecting my people my Am Israel . I feel like I have two kinds of reserves : one with my uniform and weapon at the northern border, and the second when I go and sing for Jews in the diaspora. I see it as a mission; I represent IDF whether I am a soldier or a singer. This is the most important thing for me. I want everyone to know I will never say not to come, sing and spread the spirits of Israel and the IDF. I will travel the world for it. 

FG : Do you feel that today, and since October 7th, Jews in the diaspora are experiencing their Judaism differently and have a different perspective on Israel?  

NB : You cannot imagine how many people have reached out to me on Instagram saying “Noam, you have changed my Jewish, my perspective on Israel, on my family, my heritage…”. Many people have sent me photos of themselves lighting Shabbat candles for the first time in their lives, celebrating Passover, or wearing star of David necklace…I have performed for many reform families, and they have told me how much they feel part of this story and connected to Israel. 

FG : I feel we are all part of one family. A big one, but small.

NB : It is incredible. Israel is such a small nation, and it is at the heart of every debate. We know we are a special people and have a real mission in the world. 

Noam Buskila’s journey as an artist and an IDF reservist resonate with the Jews worldwide. Through his beautiful music, and his message, he spreads joy and unity, symbolizing resilience and dedication to Israel. He is truly an inspiring person. 


[1] link to the video

© Fanny Germon

Fanny Germon. “Chanteuse/Voix off à Paris à mes heures gagnées. Amoureuse des mots et des chansons douces. Passionnée de second degré

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1 Comment

  1. moi je suis catholique comme je regarde la chaîne i24 j ai vu plusieurs fois Noam eh bien il m’a apporté beaucoup de joie et je suis fière de lui et du peuple juif qui traverse des moments terrifiante de tout cœur avec tous bon courage à Noam et ses amis de tsahal et aux femmes confrontées à l absence honneur à tous ces héros inconnus française amoureuse d Israel

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