Le « barrage républicain » du second tour des législatives laissera dans les esprits d’ineffaçables traces, estime le chroniqueur du Figaro Vox. Profitant de ce climat d’apesanteur moral et d’un rapport de force psychologique qu’elle voit en sa faveur, la gauche espère faire taire Cnews.
Anatomie d’une chute. Malheur au pays dont les élites sont dénuées de mérite. Au lendemain de la catastrophe électorale qu’a connu le pays, j’ai donné la recette de la méchante cuisine qui l’avait empoisonné. Au sens littéral du terme. Par dilution de poisons dans l’eau de cuisson de la dissolution.
D’abord, un soupçon d’escroquerie électorale. Après que le premier ministre Gabriel Attal a indiqué urbi et orbi que la France insoumise était un parti antisémite, celui auquel il appartient se sera désisté en sa faveur et réciproquement. Le Rassemblement national redevenant l’espace d’une semaine, et pas davantage, l’ennemi principal. Cette escroquerie au moins morale aura profondément modifié techniquement le résultat électoral. Ainsi, si la droite est largement majoritaire en voix, la gauche réunie avec le parti dit antisémite arrive en tête dans le cadre d’une majorité très relative.
Sans cette escroquerie morale et technique, le résultat pratique et psychologique aurait été tout à fait différent. Cette petite volte-face aux immenses conséquences laissera dans les esprits d’ineffaçables traces.
Une entourloupe médiatique ensuite. Durant la même semaine, une grande partie de la classe journalistique aura pratiqué à l’identique de Gabriel Attal à l’égard de l’ennemi national redevenu soudainement principal. Je ne parle pas de certains médias qui, pendant toute la durée des élections européennes et nationales, auront fait montre à l’égard de la France insoumise d’une bienveillance toute particulière. La question de son antisémitisme ne sera pas posée.
Pire, certaines tribunes expliqueront sérieusement que l’antisémitisme d’extrême gauche, s’il existe, n’est que de bref passage tandis que l’antisémitisme d’extrême droite aurait définitivement un passé très présent. Les journaux qui n’auront pas partagé ce docte avis seront montrés du doigt par ces donneurs de leçons de maintien qui n’apprennent rien.
Je parle de la presse généraliste et bien sûr de l’audiovisuel de service public qui, renonçant à toute apparence de neutralité, auront jeté toute leur hargne dans la bataille. C’est ainsi, que pendant toute une semaine, seuls les candidats problématiques d’un Rassemblement national qui aura fait montre d’un amateurisme inexcusable que les conditions d’une élection précipitée n’excusent pas, auront été montrés du doigt, contrairement à ceux de la France insoumise.
C’est ainsi, concernant cette dernière, que le silence aura été largement gardé sur ces apologistes du pogrom, sur ces violents de la Jeune Garde, sur ces fichés S, sur ces compagnons du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP) classé terroriste, qui peuplent en masse le parti qui se veut du peuple et de la masse. C’est aussi dans cette fantastique différence de traitement que l’on doit expliquer le renversement.
Enfin, à titre personnel, j’y mettrai une pincée d’antisémitisme résiduel. Ou plus exactement, il apparaît que celui-ci aura été traité comme une question subalterne par les antiracistes ordinairement les plus vétilleux. C’est ainsi que la macronie qui n’aura pas marché contre l’antisémitisme, aura marché avec le parti qui l’incarne le plus emblématiquement. Et que la presse antiraciste aura traité le destin juif comme une variable d’ajustement. Mais on verra plus loin que le peuple français est finalement dans son ensemble logé dramatiquement à la même enseigne. Car, sans même verser dans le catastrophisme, il est difficile de ne pas craindre le pire.
C’est ainsi que la gauche extrême, politique ou syndicale, menace de marcher ou de ne plus rien faire au cas où ses exigences, que rien n’exige politiquement ou juridiquement, ne seraient pas exaucées. On sait que la haute conception morale qu’elle se fait d’elle-même justifie tous ses oukases immoraux.
Dans l’État de droit habituel que nous connaissons, il est déjà malaisé de résister à ses caprices violents, dans l’État de quasi-non-droit que nous allons connaître de par l’absence d’une majorité solide, la faiblesse des institutions et du manque d’autorité morale et politique d’un pouvoir discrédité, l’optimisme est un luxe qui tient de la luxure.
Une autre crainte nous habite : celle de la liberté de la presse audiovisuelle. Profitant de ce climat d’apesanteur moral et d’un rapport de force psychologique qu’elle voit en sa faveur, l’extrême gauche médiatique et politique exige, bien entendu au nom de la morale publique et de la liberté, la fin de l’anticonformisme audiovisuel qui a tant affecté le monopole de fait dont elle jouissait.
Il n’est pas interdit de penser que le résultat des élections européenneset le changement de rapports de force réel dans le pays s’expliquent notamment par la fin de ce monopole. Je fais clairement allusion au renouvellement des fréquences de C8 et de CNews. Dans le même temps, et ce n’est pas un hasard, l’extrême gauche médiatique fait entendre de nouvelles exigences sur France Inter. C’est ainsi que le retour d’un Patrick Cohen, pourtant bien à gauche, est considéré par la base très remontée comme une provocation.
À supposer même que j’exagère, que mon pessimisme soit excessif, que mes prévisions soient trop funestes, qu’il ne se passe pas ce que je redoute et que je pronostique pour l’exorciser, il ne se passera donc rien. Les réformes économiques indispensables pour faire baisser la dette astronomique et banqueroutière ne passeront pas. Et surtout, rien ne sera finalement entrepris contre l’immigration massive et invasive. Nous ne sommes plus dans le vital mais dans l’existentiel. Déjà, ses conséquences démographiques ont pesé lourdement dans le résultat des élections.
Si Jean-Luc Mélenchon ne joue pas la rue, il joue électoralement la banlieue et dans le long terme, la «créolisation». J’ai dit que les Juifs français avaient été abandonnés, j’écris que nous sommes tous des Juifs français.
Gilles-William Goldnadel
Gilles-William Goldnadel est avocat et essayiste. Chaque semaine, il décrypte l’actualité pour FigaroVox. Il a publié Journal de guerre. C’est l’Occident qu’on assassine (Fayard, 2024). Il est également chroniqueur sur Cnews.
Merci à notre G. William préféré je suis entièrement d accord bon courage à mes compatriotes juifs bonjour boker tov a G. William et sa famille
Merci pour votre chronique
Depuis quelque temps nous mesurons le fossé qui sépare les juifs du reste de la nation
française
Je suis une juive française et non pas l’inverse.
Mélenchon ne joue pas seulement la banlieue
il veut le chaos et après se présenter en libérateur
Heureusement CNews et Europe l sont là car l’audiovisuel français est encore à gauche.
Si Cnews disparaissait je ne regarderais plus aucune chaine d’info et je me demande si je voterais à nouveau. Je suis absolument dégoûté par ce que je vois de la politique et je zappe systématiquement lorsque je vois un NFP à l’écran, qu’il soit socialiste ou écolo. Ils ont pactisé avec l’antisémitisme, ils sont discrédités à jamais.