
Dans sa chronique hebdomadaire, l’humoriste Sophia Aram s’adresse directement à Blanche Gardin

Chère Blanche,
D’après vous, Blanche, quand ceux qui (comme vous) appellent au cessez-le-feu se voient accusés injustement d’antisémitisme, d’autres (comme moi) reçoivent des Molières pour récompenser leur « islamophobie ». Ce qui ferait de vous la victime d’une injustice et de moi, je vous cite, l’équivalent de « l’herpès du cul ». Si je laisse l’herpès aux dermatos et vos aigreurs aux thérapeutes, votre point de vue tient en deux points : l’islamophobie est partout et l’antisémitisme nulle part.
Une croisade contre « l’antisémitisme imaginaire » dans une soirée de soutien à Gaza pourrait sembler convenue si l’indécence de le faire juste après qu’une fillette de 12 ans a été violée parce que juive n’effleurait même pas la salle.
En revanche, Blanche, l’idée que votre soutien à Gaza passe par la dénonciation de mon « islamophobie » , je ne sais pas si c’était le but, mais j’ai trouvé ça rigolo.
Déjà la semaine d’avant, j’avais beaucoup ri lorsque Guillaume Meurice expliquait aux manifestants du Nouveau Front populaire réunis place de la République que mes textes sont coécrits par Alain Finkielkraut. Allez savoir : peut-être qu’il est sincèrement convaincu que ce sont des juifs qui écrivent les textes des petites Maghrébines « islamophobes ».
Apparemment Blanche, nous aurons toujours besoin d’une bonne conscience de gauche pour expliquer aux juifs ce qu’ils doivent penser de l’antisémitisme et nous aider à différencier les « bons sauvages respectueux de la religion » des « mauvais sauvages » (comme moi) qui sont « islamophobes ». Ce qui est charitable et ambitieux vu que vous n’en savez visiblement pas plus sur ce que vivent les juifs dans ce pays aujourd’hui que sur le sort des athées issus d’une religion qui condamne l’apostasie ou sur l’islamisme que vous n’aurez jamais à combattre, ni à subir… Quoique.
Pourtant je sais, Blanche, que si vous dénoncez mon « islamophobie », c’est uniquement pour m’inviter à respecter la religion de mes ancêtres et à me réconcilier avec l’idée que vous vous faites de ce qu’un « bon sauvage » ne doit pas dire lorsqu’il reçoit un Molière. Étant entendu qu’un « bon sauvage » ne saurait considérer le Hamas comme une organisation terroriste et les Israéliens autrement que comme des « colons génocidaires » occupant la Palestine qui, comme chacun sait entre Bastille et Pantin, n’appartiendrait qu’aux Palestiniens.
Grâce à vous Blanche, Aymeric et Guillaume, en plus des traditionnels « retourne au bled », « remonte dans ton arbre » et autres « Arabe de service » ou « suceuse des sionistes », j’ai maintenant des néo-racistes de gauche qui, comme vous et certains islamistes, m’invitent à respecter l’islam et à rejoindre ma résidence identitaire qui se situe quelque part entre Ris-Orangis et j’imagine Gaza.
Ce cumul m’offre aussi le privilège d’avoir mon nom en tendance sur les réseaux sociaux : « Sophia Aram islamophobe », « Sophia Aram insulte Mahomet » ou « Sophia Aram soutient les génocidaires », ce qui est un peu flippant même si je sais déjà que je trouverai toujours une petite Blanche de gauche pour m’expliquer « qu’on n’en meurt pas » — ce à quoi je répondrais : « Pas si sûre ».
Évidemment, chère Blanche, si j’avais votre élégance je vous inviterais à vous remettre votre condescendance à l’endroit où vous n’avez visiblement pas d’herpès, ce qui animerait probablement vos petites soirées en « non-mixité choisie » avec Pomme, Angèle, Vincent, Camille ou Camomille…
Je me contenterai simplement de vous rappeler mon athéisme et mon droit à combattre toutes religions, toutes les croyances et toutes les idéologies, surtout lorsqu’elles avancent en rangs serrés ou qu’elles tournent en rond dans une ambiance qui n’aurait rien à envier à la grande époque de la Main d’or.
Sophia Aram