Informé depuis plusieurs jours avec une précision remarquable sur la localisation de Mohammad Deif, le commandant des brigades Al-Qassam, caché dans les tunnels du camp de réfugiés à l’ouest de Khan Yunes puis déplacé vers la zone de sécurité de Muassi à l’ouest de Khan Yunes, Tsahal a reçu dans la nuit des renseignements sur une réunion entre Deif et son comparse Salama pour planifier la poursuite des combats.
La zone où celui qu’on appelle « le serpent » aurait été tué étant dépourvue de tunnels, le Hamas y a construit et géré un complexe de tentes clôturé et sécurisé où, d’après l’AFP, seuls des terroristes du Hamas étaient présents.
Rafa Salama serait venu spécialement des tunnels de Khan Yunis pour rencontrer Deif, une opportunité qui a permis à Tsahal de mener à bien ce matin cette opération d’envergure, avec bombes et missiles, puisqu’on sait déjà que Tsahal aurait utilisé pour ce faire la plus grande quantité de bombes que lors de toutes les tentatives précédentes visant à éliminer les têtes du Hamas.
Si durant de longues heures il a été difficile de savoir si l’ennemi numéro un d’Israël avait été tué ou grièvement blessé, sa mort serait désormais confirmée, même si le Hamas tardera à l’annoncer. La Presse alentour et la Presse en général reprochent déjà à Tsahal d’avoir bombardé un camp de déplacés, le Hamas rapportant la mort de 71 personnes et la chaîne saoudienne al-Hadath confirmant quant à elle la mort de Salama, bras droit de Mohammed Deif et commandant de la brigade Khan Younès.
Pour rappel: Mohammed Deif est considéré, avec Yahya Sinouar, chef de la branche politique du Hamas, comme l’architecte du 7 octobre et les services de renseignement israéliens le considèrent comme le commanditaire des attaques contre l’État hébreu.
Pour rappel encore: âgé de 58 ans, amputé des jambes et d’un bras, borgne, Deif avait réussi à échapper à l’armée israélienne depuis trente ans. Il a dirigé à Gaza l’Union étudiante des Frères musulmans, mouvement au sein duquel le Hamas a été fondé en 1987.
« Aujourd’hui, que celui qui a un fusil le sorte : le temps est venu »
C’est proclamant ces mots que Deif est apparu au matin du samedi 7 octobre: « Aujourd’hui, que celui qui a un fusil le sorte : le temps est venu », annonçant le lancement de l’opération « Déluge d’al-Aqsa » et exhortant ses troupes à envahir par les airs, la terre et la mer, les localités israéliennes frontalières de la bande de Gaza dans l’attaque sans précédent que l’on sait.
À noter: ses partisans vouent un véritable culte à Deif, figure emblématique de la « résistance palestinienne », sous le commandement duquel le Hamas est devenu de plus en plus puissant militairement: on lui attribue la paternité de la roquette Qassam et il se dit qu’il serait à l’origine de la construction des tunnels de Gaza.
L’homme aurait survécu à au moins huit tentatives d’assassinat desquelles il a gardé de graves séquelles mais encore le surnom de « chat à neuf vies », Deif, son nom de guerre, signifiant « l’invité » en arabe, soit « celui qui ne dort jamais au même endroit ».
Son élimination, de laquelle on dira à raison qu’elle va nuire aux négociations en cours avec le Hamas pour la libération des otages, resterait stratégiquement une réussite incontestable de Tsahal et marquerait un tournant dans le conflit en cours, privant le Hamas d’un de ses stratèges les plus expérimentés et insaisissables.
Dans un communiqué, « le ministère de la santé du gouvernement du Hamas » a dénoncé « un massacre odieux de l’occupation contre des citoyens et des déplacés dans la zone d’Al-Mawasi de Khan Younès », faisant état de plus de 71 morts et de 289 blessés, et parlant d' »un nouveau massacre », « de nombreuses dépouilles de martyrs éparpillées dans les rues ».
Sarah Cattan
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