Tribune Juive

Ce que m’inspire cette affaire des élèves lésés de Yabné. Par GEKA

Je ne sais pas si, comme on est beaucoup à l’avoir cru, des élèves aux noms à consonance juive, et sans doute habillés de telle manière ou porteurs d’une kippa qui ne laissaient rien cacher de leur identité, ont hérité de notes tout à fait indigentes lors de leurs oraux de spécialités, eu égard à leurs notes tout au long de l’année au Lycée Yabné, remarquable établissement juif sous contrat dans le 13ème arrondissement de Paris.

Ce que je sais en revanche c’est mon scepticisme qui perdure et ce que ça m’inspire, dans le contexte délétère dans lequel les Juifs de France (ou les Français juifs) sont plongés depuis neuf mois… 

Voici quelques-unes de mes pensées. Sans doute très subjectives, je l’assume : 

  1. Pourquoi aller passer un oral dans le 18ème arrondissement ? Un choix hasardeux des organisateurs du bac : envoyer des élèves, pour l’essentiel Juifs pratiquants, aux patronymes qui ne trompent pas sur leurs origines et à l’habillement ton sur ton, si loin de leur lycée de base, aux abords de la Porte d’Italie ?
    N’y avait-il pas de choix plus judicieux que les envoyer à l’autre bout de Paris, souvent en transports en commun, dans un quartier plutôt pauvre (l’un des moins aisés de Paris) avec une forte présence de populations hostiles (sans les caractériser) et au corps professoral sociologiquement en phase avec la population générale de ces quartiers, c’est-à-dire massivement hostile aux Juifs et à Israël. Évidemment, il faut se garder de toute généralisation, mais un endroit qui vote massivement pour Aymeric Caron, réélu dès le 1er tour, ça donne tout de même une indication. Non ? 
  2. Autre remarque qui n’est pas une question : avec une encore ministre de l’Education Nationale si peu regardante sur l’antisémitisme, comme elle le fut dans le non-procès du massacre de Sarah Halimi (à l’époque en tant que Garde des Sceaux), comment aurait-on pu penser que les choses puissent se passer autrement que ce qu’on a vu et entendu au cours des derniers jours. Certes, Mme Belloubet a diligenté une enquête administrative interne qui a fourni ses résultats (ô miracle) en moins de 20 heures (sic) : Peut-on penser qu’il ne s’agissait pas de tuer dans l’œuf toute la polémique en train de naitre et donnait à penser que des élèves avaient été saqués du seul fait de leur identité ou de leur religion ? 
  3. D’un point de vue technique et statistique, cette étude – en tous cas ce qui m’a été donné d’en voir – n’est vraiment pas sérieuse. Elle a été menée à décharge pour les enseignants sans les confronter vraiment, en s’appuyant sur des moyennes de notes distribuées, sans tenir compte de l’écart-type, sans analyser le différentiel de tous les élèves ayant passé ce Grand Oral entre leurs notes en cours d’année et leurs notes le jour J. On ne dira rien sur l’argument tout à fait surréaliste selon lequel une petite poignée d’élèves venant de Yabné ont eu des très bonnes notes et même des 20/20 ! Sous-entendu, tous auraient été saqués s’il s’était agi d’un antisémitisme réel… 
  4. L’enquête administrative, menée au pas de charge et donc diligentée par une femme si peu encline à reconnaitre l’existence d’un « problème », m’a fait penser à ce que j’avais vécu en 1986 à Paris Dauphine quand, dans les heures qui avaient suivi le meurtre de Malik Oussékine dans un hall d’immeuble du quartier latin par des motards voltigeurs, la présidente de l’université s’était précipitée toutes affaires cessantes en pleine nuit pour affirmer, documents à l’appui, qu’Oussékine n’était pas élève de la fac bourgeoise et cossue du 16èmearrondissement mais seulement inscrit à un club sportif de Dauphine… 
  5. Ce que j’ai pensé aussi ? L’empressement si systématique à remettre en cause la vérité de l’antisémitisme en France au nom du « pas de vague » qui à chaque fois fait des ravages. Un déni qui aboutit à chaque fois à des enquêtes éclair, systématiquement à décharge, dont le seul but est de remettre en cause ce qui ne serait au fond qu’une vérité alternative, une rumeur ou une mythomanie paranoïde… Comme par exemple avec la femme agressée à Lyon au début du boom antisémite post-7 octobre, comme avec le prof agressé à Marseille il y a bien des mois, comme dans tant d’autres exemples… La trop fameuse victime, en effet mythomane, du RER qui prétendait avoir été victime d’une agression antisémite alors qu’elle n’était même pas juive (ça a donné un livre et un film) a beaucoup servi ce storytelling du déni. Entendez-moi bien, je ne dis pas qu’il ne faut pas enquêter sur la réalité des actes antisémites (comme pour les étoiles peintes sur les murs parisiens et les mains sanguinolentes du Mur des Justes dont la preuve a été faite qu’il s’agissait d’une tentative venant de l’est), je dis que dans un contexte d’explosion de l’antisémitisme, devenu bien plus qu’un antisémitisme d’atmosphère, le cas de ces élèves lésés ou possiblement lésés méritait mieux qu’une enquête bâclée en mode « Circulez, Y a rien à voir ! » 

Bien d’autres pensées m’ont assailli depuis l’annonce de cette information glaçante et ses conséquences sur des élèves de haut niveau qui ne pourront pas toujours accéder aux études supérieures qu’ils avaient désirées. À commencer par le fait que mes enfants sont tous passés par le lycée Yabné et que l’un au moins de mes enfants malgré un bac avec mention très bien et un dossier « en béton » n’aura pas obtenu, loin s’en faut, la filière qu’il avait demandée sur le terrible et redouté Parcoursup. Je n’y ai vu alors aucun antisémitisme. Aurais-je dû ?
Alors, bien sûr, le doute subsiste et il profite aux accusés… Mais certains ne doutent pas, comme notre « ami » David Guiraud qui s’est empressé de publier ce post infâmant et une nouvelle fois clairement antisémite, en plus de sa maitrise pour le coup douteuse de l’orthographe…  Ainsi donc c’est à nous d’avoir honte, nous tous qui sommes des génocidaires ou au mieux des complices des génocidaires. Honte à vous, oui, Monsieur Guiraud ! 

© Geka

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