JO de Paris 2024 : l’Iran et l’Afghanistan hors Jeux! Une Tribune initiée par Frédéric Thiriez et Daniel Salvatore Schiffer

Un collectif défend la neutralité religieuse des Jeux olympiques et paralympiques de Paris
© Guerin Charles / Guerin Charles/ABACA

TRIBUNE. Michelle Perrot, Nathalie Heinich ou encore Élisabeth Badinter signent à l’initiative de Frédéric Thiriez et Daniel Salvatore Schiffer un texte pour défendre la neutralité religieuse des Jeux olympiques et paralympiques de Paris.

Par Collectif *

Alors que la France est critiquée de toutes parts, y compris par des représentants des Nations unies et des ONG de défense des droits de l’homme, pour interdire le port du voile islamique dans sa délégation aux Jeux olympiques et paralympiques, osons rappeler haut et fort que la France ne fait en cela qu’appliquer une règle fondamentale de la Charte olympique, la neutralité politique et religieuse du sport : « Aucune sorte de démonstration ou de propagande politique, religieuse ou raciale n’est autorisée dans un lieu, site ou autre emplacement olympique » (article 50.2).

Cette règle, qui s’inspire de l’idéal de la « trêve olympique », impose aux athlètes de laisser au vestiaire leurs convictions politiques, religieuses ou raciales afin que seule l’excellence de leurs performances les distingue les uns des autres. C’est à cette condition que le sport peut être un instrument de paix et de rapprochement entre les nations.

Au principe de neutralité s’ajoute le principe, non moins fondamental, d’égalité : « La pratique du sport est un droit de l’homme […] La jouissance des droits et libertés reconnus dans la présente Charte olympique doit être assurée sans discrimination d’aucune sorte, notamment en raison de la race, la couleur, le sexe, l’orientation sexuelle, la langue, la religion, les opinions politiques ou autres, l’origine nationale ou sociale, la fortune, la naissance ou toute autre situation » (Principes fondamentaux de l’olympisme).

Un système d’apartheid sexuel à l’encontre des femmes

Pourtant depuis 1996, aux Jeux d’Atlanta, le Comité international olympique (CIO) a accepté les conditions posées par la République islamique d’Iran à l’envoi de femmes dans sa délégation : qu’elles soient voilées de la tête aux pieds et ne participent qu’à des disciplines non mixtes et « Coran-compatibles ». Autrement dit, qu’elles se soumettent à un système d’apartheid sexuel, y compris dans le stade olympique. Les fédérations sportives internationales ont cédé les unes après les autres aux injonctions des théocraties islamistes au nom de l’inclusivité, une notion qui bat en brèche l’objectif d’universalité voulu par la Charte olympique.

Pour justifier le non-respect de sa propre charte, le CIO affiche sa volonté de se montrer « inclusif », l’important serait que toutes les femmes puissent faire du sport, quelles que soient les conditions discriminatoires qui leur sont imposées.

Comme en écho à cette position du CIO, Amnesty International dénonce l’interdiction du port du foulard faite aux athlètes françaises, considérant que « dans un contexte général de discrimination contre les musulmans, et de violences à l’égard des femmes, ces interdictions viennent s’ajouter à la longue liste des interdictions vestimentaires imposées aux femmes musulmanes en France, participant du contrôle de leurs corps ». Étonnante inversion de la réalité, car c’est bien le voile qui est le symbole du contrôle du corps des femmes.

Décidée à faire connaître cette position, dans la perspective des Jeux olympiques et paralympiques de Paris, l’ONG Amnesty International annonce la publication le 16 juillet d’un rapport « mettant en lumière l’impact de ces interdictions sur les droits des femmes et des filles musulmanes en France ». À travers ce type d’analyse, c’est en fait la notion même d’universalisme qui est remise en cause au profit du relativisme culturel.

Face à ces attaques, une action symbolique

Elle a eu lieu à la Bastille, le 23 juin, Journée internationale de l’Olympisme, sous la forme d’un parcours de flamme symbolique, avec la participation d’athlètes originaires d’Afghanistan et d’Iran, portant des tee-shirts exigeant une stricte application de la Charte olympique et notamment de la règle 50.2.

Les signataires de la présente tribune apportent leur total soutien au Collectif Paris 2024 organisateur de cette action.

C’est maintenant vers les Nations unies qu’il convient de se tourner pour obtenir une extension au cas de l’apartheid fondé sur le sexe des conventions internationales criminalisant l’apartheid racial (1973) et interdisant l’apartheid racial dans les sports (1985).

Daniel Salvatore Schiffer, philosophe et écrivain
Frédéric Thiriez, avocat auprès du Conseil d’État, ancien président de la Ligue professionnelle de football

* Premiers signataires, par ordre alphabétique :

Luc-Olivier d’Algange, écrivain, essayiste
Marc Alpozzo, philosophe, essayiste
Élisabeth Badinter, philosophe
Dominique Baqué, philosophe, critique d’art
Florence Bergeaud-Blackler, anthropologue, Centre national de la recherche scientifique (CNRS)
Marie-Joseph Biache, professeure des universités retraitée
Marie-Jo Bonnet, historienne
Ali Boroumand, avocat au barreau de Paris
Frédérique Bredin, ancienne ministre de la Jeunesse et des Sports
Jean-Marie Brohm, sociologue, professeur des universités émérite
Pascal Bruckner, philosophe
Belinda Cannone, écrivaine
Sarah Cattan, journaliste, directrice de 
Tribune juive
Alain Chevalérias, journaliste, écrivain
Patricia Costantini, présidente fondatrice d’Égal Sport, ancienne conseillère technique nationale du ministère des Sports
Hirbod Dehghani Azar, avocat au barreau de Paris
Nadine Dewit, artiste peintre
Jean-Philippe Domecq, écrivain
Emmanuel Dupuy, président de l’Institut Prospective et Sécurité en Europe (IPSE)
Jacqueline Eustache-Brinio, sénatrice, rapporteuse de la commission d’enquête du Sénat sur les réponses apportées par les pouvoirs publics au développement de la radicalisation islamiste et les moyens de la combattre
Luc Ferry, philosophe, ancien ministre français de l’Éducation nationale et de la Jeunesse
Renée Fregosi, philosophe, politologue
Shoukria Haidar, ancienne membre du Comité national olympique d’Afghanistan, présidente fondatrice de l’association Negar-Soutien aux femmes d’Afghanistan
Stéphane Heas, sociologue, université Rennes-2
Nathalie Heinich, sociologue
Liliane Kandel, sociologue, a codirigé le Centre d’études et de recherches féministes de l’université Paris-7 (Denis-Diderot)
Xavier-Jean Keita, avocat au barreau de Paris, ancien conseil principal à la Cour pénale internationale
Chérifa Kheddar, Association Djazairouna des familles victimes du terrorisme islamiste
Catherine Kintzler, philosophe, spécialiste de l’esthétique et de la laïcité
Bernard Kouchner, fondateur de Médecins du monde et de Médecins sans frontières, ancien ministre français des Affaires étrangères
Nathalie Krikorian-Duronsoy, historienne et philosophe politique
Catherine Louveau, professeure des universités émérite, sociologue
Mahmoud Masaeli, professeur des études de droits humains (Iran Academia, La Haye, Pays Bas), président fondateur de APGC (Alternative Perspectives and Global Concerns)
Mahyar Monshipour Kermani, champion du monde de boxe professionnelle (2003-2006), conseiller technique sportif du ministère de la Jeunesse et des Sports
Bruno Moysan, musicologue
Éric Naulleau, écrivain, essayiste
Lilas Pakzad, historienne d’art
Michelle Perrot, historienne
Robert Redeker, philosophe
Friba Rezayee, judokate afghane, une des deux premières athlètes féminines afghane à avoir participé aux Jeux olympiques (Athènes 2004)
Pierre-Yves Rougeyron, essayiste, président du Cercle Aristote, directeur des éditions et de la revue 
Perspectives libres
Stéphane Rozès, politologue, président de CAP
Lailuma Sadid, présidente de NADOE (Network of Afghan Diaspora Organisations in Europe) et assistante chercheuse ULB (Université Libre de Bruxelles)
Boualem Sansal, écrivain
Dominique Schnapper, sociologue, membre honoraire du Conseil constitutionnel (France)
Alice Schwarzer, fondatrice et rédactrice en cheffe du magazine féministe 
EMMA
Mahnaz Shirali, sociologue/politiste, spécialiste de l’Iran
Guy Sorman, président de la Maison française de New York University
Pierre-André Taguieff, philosophe, historien des idées, CNRS
Patrick Vassort, sociologue
Parya Vatankhah, artiste plasticienne, docteure en esthétique, sciences et technologies des arts
Gilles Vieille-Marchiset, professeur des universités
Georges Vigarello, historien, philosophe, directeur d’études à l’École des hautes études en sciences sociales
Olivier Weber, écrivain, grand reporter, ancien ambassadeur de France pour la lutte contre la traite des êtres humains et l’esclavage
Jean-Claude Zylberstein, avocat, éditeur, écrivain

Source: Le Point

https://www.lepoint.fr/debats/jo-de-paris-2024-l-iran-et-l-afghanistan-hors-jeux-11-07-2024-2565326_2.php

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1 Comment

  1. Dans la mesure où la France est elle-même une dictature islamiste, cela fait drôle de lire cela.
    Je n’ai jamais cru que le sport était un « instrument de rapprochement et de paix entre les nations ». J’y vois au contraire une manière d’abrutir les peuples afin de les rendre encore plus dociles et manipulables : « Du pain et des jeux »…

    Hidalgo a beau avoir nettoyé (d’après ce qu’on m’a dit) les rues de Paris, la capitale n’en restera pas moins un coupe-gorges et un endroit on ne peut plus malsain. En cas d’émeutes ou d’attentats dans cette…ville pendant les JO, le syndrome de Paris risque de devenir le traumatisme de Paris pour les touristes…
    Pour les Français : c’est la routine.

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