
Avec David Guiraud, Danielle Obono, Aymeric Caron, élus de La France insoumise au sein du Nouveau Front Populaire, ce sont les pires des pires qui vont siéger à l’Assemblée nationale. Le lider maximo de LFI rejoue la mauvaise farce qu’il a commencée dès les élections européennes. Comment continuer à garder les yeux grands fermés sur le poison que cette formation a injecté dans la société française depuis de 7 octobre ?
Comment peut-on considérer que ce que ce Front Populaire, avec LFI comme partenaire, pourra produire quelque chose de bon pour la République, pour la vérité, pour la démocratie, pour la France ? Cette seule appellation relève de l’imposture et c’est Léon Blum qui doit se retourner dans sa tombe.
Comment peut-on intellectuellement continuer à dénoncer le RN pour ses positions passées, alors qu’on fermerait les yeux devant les positions actuelles de La France Insoumise ? Recourir à l’invocation ad vitam aeternam des mannes du RN, et considérer que ce parti porte dans son ADN des gènes nazis, relève de l’imposture intellectuelle. Il y a certainement des personnages cultivant les valeurs de ses origines, mais est-ce cela son actualité ? Pourquoi privilégier la dénonciation du passé et refuser de dénoncer les crapuleries du présent ? Seraient-elles moins dangereuses parce qu’elles seraient labellisées « de gauche » ?
Les centaines de milliers de citoyens qui ont voté pour le RN sont-ils des fascistes, des racistes ? Ce vote ne signifie-t-il pas plutôt un refus du déni de la réalité que ses électeurs vivent au quotidien et que les élites, toutes les élites, ont refusé de nommer ? N’est-ce pas plutôt parce que les « masses populaires » ont la nostalgie d’une France où il faisait bon vivre sans avoir le sentiment que ceci appartient à un passé révolu ? C’est bien cette « France périphérique » qui a voté RN parce qu’elle ne supporte plus de voir son pays se déliter sous ses yeux. Elle ne supporte plus le modèle mondialisé qui impose sans contrôle des cultures, des comportements, des tenues vestimentaires, des manières d’être qui lui disent qu’elle est devenue étrangère dans son propre pays. Est-ce d’extrême droite que de considérer que le voile islamique est d’abord un étendard conquérant ? C’est cette insécurité culturelle qui a favorisé la progression du RN.
Peut-on continuer à refuser de voir les sources des violences qui ont frappé la France depuis une vingtaine d’années ? Le terrorisme qui a tué à Toulouse, à Nice, qui a décapité Samuel Paty, qui a assassiné le colonel Beltrame, qui a assassiné les journalistes de « Charlie hebdo », qui a fait des centaines de morts au Bataclan et aux terrasses de Paris en 2015 n’avait pas comme moteur idéologique une pensée d’extrême droite, mais l’adhésion à un islam conquérant. Que reste-t-il du principe de laïcité quand il faut ajouter une loi destinée à lutter contre le « séparatisme » après celle contre les signes religieux pour qu’à l’école les élèves juifs ne soient pas « stigmatisés » ? Y en a-t-il encore dans les collèges du 9-3 ?
Faut-il encore rappeler ces faits dont personne n’a voulu tenir compte alors que les territoires perdus de la République se sont multipliés ?
Après que Jean-Luc Mélenchon eut fait de la Palestine la première urgence des élections européennes et après avoir fait la promotion Rima Hassan, la meilleure alliée du Hamas, La France Insoumise se garde bien de détailler son projet génocidaire pour installer une « Palestine allant du fleuve à la mer ». En qualifiant le Hamas de mouvement de « résistance » et en refusant de le qualifier de terroriste, LFI donne des gages aux pires régressions à l’œuvre au sein des communautés arabes et musulmanes. C’est bien la même idéologie qui a inspiré les tueurs islamistes du Bataclan comme ceux du 7 octobre 2023 en Israël.
Or voilà La France Insoumise installée au cœur du Nouveau Front Populaire. Peut-on faire comme si LFI, ce premier parti anti juif de France, n’avait pas sa responsabilité dans la montée des haines ? Sa haine obsessionnelle d’Israël, son antisémitisme « conjoncturel » serait moins toxique que l’antisémitisme « structurel » de l’extrême droite? On rêve devant cette analyse de Vincent Lemire et Arie Halimi que « Le Monde » s’est empressé de publier.
Le viol d’une petite fille juive à Courbevoie, parce qu’elle est juive, par trois gamins de son âge, après l’avoir martyrisée au nom de la Palestine, n’a-t-il rien à voir avec cet « antisémitisme d’atmosphère » qui s’est manifesté en France depuis le 7 octobre 2023 ? Qu’est-ce que ses agresseurs ont dans la tête ? Qui leur a mis ce poison en tête ?
En 1990 des centaines de milliers de personnes, le Président François Mitterrand en tête, étaient descendues dans la rue pour manifester contre la profanation du cimetière juif de Carpentras. Combien de personnes se sont-elles manifestées contre le crime commis contre la petite fille juive de Courbevoie?
L’air du temps pue et la bonne conscience affichée de certains « vigilants » de l’antifascisme porte une responsabilité majeure dans ce climat dont les Juifs, en première ligne, sont les victimes.
En France, depuis très longtemps déjà, c’est le rapport au « signe juif » qui est le marqueur de la santé politique du pays. Or ce marqueur, aujourd’hui, est malmené, instrumentalisé. Le signe juif serait-il de trop dans le paysage français ?
Pour ne pas comprendre sa charge symbolique, pour ne pas comprendre ce que signifie cet antisémitisme, son origine, son développement, cette gauche borgne ne sera pas moins menaçante que ce qu’elle prétend combattre au RN.
Elle sera son symétrique scélérat.
Que cette menace vienne aujourd’hui de la gauche radicale plutôt que de la droite extrême ne change rien à sa dangerosité.
Ce qui menace les Juifs menace la France.
© Jacques Tarnero
Jacques Tarnero est essayiste et auteur des documentaires « Autopsie d’un mensonge : le négationnisme » (2001) et « Décryptage » (2003).