Le culot, l’arme secrète d’Israël. Par Raphaël Jerusalmy

Certains soldats du Palmach, force armée d’avant la création de l’État d’Israël, tenaient des manches à balai sur l’épaule pour faire croire à l’ennemi qu’ils portaient des fusils. En guise de bombardement, les premiers pilotes de combat israéliens jetaient des grenades à main du haut de leurs biplaces. Ils manquaient d’armement, mais pas de toupet. En 1948, 1967 et 1973, Israël dut faire face à toutes les armées du monde arabe simultanément, le long de toutes ses frontières, alors que Tsahal était de beaucoup inférieur en nombre à ses adversaires, n’avait pas suffisamment d’armes et de munitions et que l’économie du pays était bien plus précaire qu’elle ne l’est aujourd’hui. Il y a trois raisons pour lesquelles Israël a triomphé de ses ennemis malgré ces désavantages et pénuries.

La première est que tous ces conflits posent une menace existentielle à l’État hébreu. Alors que ce n’est aucunement le cas pour l’adversaire. 

D’où la seconde raison, la motivation des troupes. Les combattants israéliens défendent leur patrie, leur famille. Qu’ils soient juifs, musulmans ou chrétiens, tous se battent pour les valeurs de la liberté et de la démocratie que prône leur nation. Alors que les soldats arabes ou iraniens sont forcés d’abandonner leurs foyers et envoyés au feu sur les ordres de dictateurs qui dirigent leurs pays d’une main de fer. 

La troisième raison est l’arme secrète qui assure à Tsahal sa supériorité militaire, indépendamment des forces en présence, des conditions sur le terrain, des écarts en quantité et qualité des soldats ou du matériel. Cette arme n’a besoin ni de hangar pour l’entreposer, ni de combustible pour l’activer. Nul besoin des États-Unis pour nous en livrer et aucun embargo ne peut en empêcher le fonctionnement. Impossible à localiser, indestructible, elle a maintes fois fait ses preuves. Son nom de code est : chutzpah. Mot hébreu signifiant ‘culot’, ‘toupet’, ‘audace’.

Dans une lutte contre le terrorisme et les forces de l’obscurantisme, il n’y a aucune règle du jeu à respecter, aucune parole à tenir. Acceptons dès demain un cessez-le-feu à Gaza en échange de tous les otages. Signons solennellement l’accord. Et reprenons les combats aussitôt le dernier otage revenu à la maison. Utilisons les filières de la contrebande d’armes pour fournir à bas prix des mitrailleuses qui s’enrayent et des grenades qui vous explosent dans les mains. Annonçons officiellement et sur les médias que Sinwar, le bourreau de Gaza, est mort. Pour l’obliger à prouver qu’il ne l’est pas. Une vidéo avec le journal du jour ne lui suffira pas puisque montable aujourd’hui avec les outils de l’Intelligence Artificielle. Nous négocions la libération des otages avec un fantôme, sans savoir si les réponses que nous donne le Hamas viennent véritablement de leur chef.

Et surtout, taisons-nous ! L’une des faiblesses majeures de notre stratégie actuelle est la communication. Non pas tant parce que nous communiquons mal, que parce que nous communiquons trop. Beaucoup trop. Tout est dit, déclaré, annoncé, discuté. La recette des plus beaux coups de Tsahal et du Mossad a le silence pour ingrédient essentiel. Ruser, duper, et ne rien dire, même après. Or de nos jours, tout le monde a son mot à dire sur tout, y compris les généraux et les anciens chefs du Mossad. C’est saboter notre meilleur atout, celui qui nous a tant de fois assuré l’imprévisibilité auprès de l’adversaire. Israël a désappris à se taire.

Israël s’expose au point d’avoir accepté de comparaître devant un tribunal dont l’appellation même de ‘cour internationale’ est une insulte à la justice. Heureusement, l’opération du 8 juin dernier, lors de laquelle quatre otages israéliens ont été libérés des griffes du Hamas, nous a ramenés d’un coup à l’époque de l’audace, de la témérité, des coups préparés avec discrétion. Et une bonne dose de “chutzpah”.

© Raphaël Jerusalmy

https://www.i24news.tv/fr/actu/analyses/artc-s

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1 Comment

  1. Brillant. Y compris sur le dernier point. Il aurait sans doute fallu dire à cette prétendue cour internationale qu’elle n’a aucune légitimité morale et politique ou tout simplement juridique. L’ONU encore moins. Ces institutions internationales étant aux mains des ennemis d’Israël, il ne faut pas entrer dans leur jeu : les règles sont faussées. Dans un tel contexte planétaire et historique, Israël doit absolument agir selon ses propres règles.

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