
Paoloni Jeremy / Paoloni Jeremy/ABACA
TRIBUNE – Une centaine de personnalités, dont l’historien Georges Bensoussan, le philosophe Pierre-André Taguieff et l’universitaire Pascal Perrineau, appellent à faire «barrage» à l’union des gauches formée à l’occasion des élections législatives. LFI a fait de la haine antijuive une stratégie électorale, argumentent-ils.
Écœurés par la banalisation de l’antisémitisme, nous appelons à faire barrage au Nouveau Front populaire, coalition dont nous jugeons qu’elle constitue aujourd’hui la première menace pour les Français juifs et, plus largement, pour la France. Par où commencer ?
Rappelons, d’abord, qu’au sein du Nouveau Front populaire c’est La France insoumise qui sera – et de loin – le parti le plus représenté à l’Assemblée nationale. La France insoumise, ce parti qui a fait de la haine antijuive une stratégie électorale. Ce parti dont un député (David Guiraud) reconnaît avoir été biberonné aux vidéos d’Alain Soral, nie à demi-mot les atrocités du 7 octobre, accuse Israël de placer des bébés palestiniens dans des fours, s’autorise des références antisémites aux « dragons célestes » qui tireraient les ficelles de la société. Dont un autre (Aymeric Caron) affirme que les soutiens d’Israël n’appartiennent pas « à la même espèce » que lui, et estime que l’on a trop médiatisé le viol d’une petite fille juive à Courbevoie. Dont une autre (Ersilia Soudais) accueille triomphalement à Roissy Salah Hammouri, terroriste du FPLP condamné pour avoir projeté d’assassiner Ovadia Yossef, l’ancien grand rabbin d’Israël.
Dont une autre (Danièle Obono) qualifie le Hamas de « mouvement de résistance » . Dont un autre (Thomas Portes) accuse Israël d’avoir volontairement laissé massacrer ses citoyens le 7 octobre pour «justifier un génocide des Palestiniens ». Dont une autre (Clémence Guetté) reçoit en grande pompe l’intellectuel suédois Andreas Malm, qui raconte avoir vécu l’attaque du Hamas comme une « jubilation » et confie : « Je consomme ces vidéos (du pogrom, NDLR) comme une drogue. Je les injecte dans mes veines. » Dont une eurodéputée (Rima Hassan) accuse le Crif de dicter la politique étrangère de la France, qualifie Israël de « monstruosité » et écrit que l’État hébreu (qu’elle souhaite voir rayé de la carte, « de la rivière à la mer ») fait non seulement violer les prisonniers palestiniens par des chiens, mais vole leurs organes. Fake news antisémites qui, d’ailleurs, n’ont été condamnées par aucun membre du Nouveau Front populaire.
Apologie du terrorisme
La France insoumise, ce parti dont tous les membres cultivent une obsession nauséabonde pour la minuscule démocratie juive – plus petite que la Normandie – pourtant entourée de régimes autoritaires et islamistes. Ce parti, enfin, dont aucun membre n’a daigné se rendre à la grande marche contre l’antisémitisme du 12 novembre 2023 à Paris. Et dont le leader, Jean-Luc Mélenchon, insinue que l’attentat antisémite de Mohammed Merah pourrait être un complot (« Vous verrez que, dans la dernière semaine de la campagne présidentielle, nous aurons un grave incident ou un meurtre. Ça a été Merah en 2012 »), qualifie la communauté juive de « communauté agressive qui fait la leçon au reste du pays », attribue la défaite de Jeremy Corbyn au Royaume-Uni aux accusations d’antisémitisme portées par « le grand rabbin d’Angleterre et les divers réseaux d’influence du Likoud » et déplore les « oukases arrogants des communautaristes du Crif. »
Le Nouveau Front populaire n’est pas La France insoumise, répondront certains. C’est tout à fait vrai. Au NFP, il y a aussi le Nouveau Parti anticapitaliste, qui le 7 octobre a félicité le Hamas, rappelant « son soutien aux Palestiniens/nes et aux moyens de lutte qu’ils et elles ont choisi pour résister » et concluant son communiqué par « Intifada ! » (le NPA est actuellement poursuivi pour apologie du terrorisme). Son chef, Philippe Poutou, est qualifié au second tour des législatives, sous la bannière NFP. Au Nouveau Front populaire, il y a aussi la Jeune Garde, groupuscule violent mené notamment par le fiché S Raphaël Arnault, accusé d’agressions physiques sur des opposants politiques, qui le 7 octobre a témoigné de sa « solidarité » envers la « résistance palestinienne ».
Lui aussi est qualifié au second tour des législatives, soutenu par le NFP. (Huit membres de la Jeune Garde sont même mis en examen pour l’agression violente d’un adolescent juif dans le métro parisien, le 27 mai dernier. ) Au Nouveau Front populaire, il y a aussi le Parti communiste, qui appelle sans relâche à la libération de Marwan Barghouti, terroriste palestinien purgeant une peine de prison à vie pour le meurtre de sang-froid de cinq Israéliens. Quant aux partis de la coalition supposés plus modérés, comme le Parti socialiste et les Verts, ils ont prouvé, par cette alliance, que l’antisémitisme est pour eux un point de détail.
L’accélération des flux migratoires
Ajoutons, pour conclure, que la complaisance du NFP pour l’islamisme pose question. Le programme commun – sur lequel sont tombés d’accord l’ensemble des partis composant la coalition – prévoit notamment l’abrogation des lois d’Emmanuel Macron permettant de mieux lutter contre le séparatisme religieux, mais aussi la lutte contre l’« islamophobie » (l’emploi du mot entretenant sciemment une confusion entre la critique d’une doctrine et la haine des personnes) et l’accélération significative des flux migratoires, pari risqué à l’heure où la machine à assimiler s’est enrayée. Rappelons que 56 % des Français juifs jugent que l’islamisme représente la plus grande menace pour leur sécurité. L’islamisme, qui a pris la vie de 273 Français depuis 2012, et met en péril nos valeurs républicaines, n’est évidemment pas une menace que pour les Juifs.
Nous appelons donc à faire barrage au Nouveau Front populaire, coalition dont le succès électoral nous fait craindre le pire. Il n’y a aucun mérite à condamner l’antisémitisme du passé si l’on ne se montre pas implacable vis-à-vis de celui du présent, aucun mérite à constituer un front républicain avec des formations hostiles aux valeurs républicaines.
Les signataires :
1. Roland Aboucaya
2. Albert Aidan, PDG Albert Aidan SAS
3. Franck Belaich, directeur ISG Luxury Geneva
4. Jean-Pierre Bensimon, retraité de l’Education Nationale
5. Georges Bensoussan, historien
6. Florence Bergeaud-Blackler, anthropologue, chercheuse au CNRS
7. Maurice Berger, médecin
8. Geneviève Berger, psychologue
9. Frédéric Joseph Bianchi, Président de l’Association TERRA ERETZ Corsica Israël
10. Guy Boutros, producteur
11. Rémi Brague, philosophe et historien
12. Jean-François Braunstein, philosophe
13. Claire Brière-Blanchet, essayiste
14. Philippe Bultez Adams, directeur éditorial, FYP Editions
15. Sylvie Carat, Économiste à la Banque Centrale
16. Gloria Castillo, avocat
17. Sarah Cattan, directrice de Tribune Juive
18. Élie Chouraqui, cinéaste
19. Philippe De Lara, maître de conférences honoraire à l’université Paris Panthéon Assas
20. Philippe Delaroche, journaliste
21. Antoine Desjardins, enseignant, éditorialiste
22. Florence Devesa, éditrice, FYP Editions
23. David di Nota, romancier
24. Anna Véronique El Baze, écrivain et scénariste
25. Amine El Khatmi, essayiste
26. Catherine Erman, professeur agrégé Université Paris 4
27. Jacqueline Eustache Brinio, Sénatrice du Val-d’Oise
28. Samuel Fitoussi, essayiste
29. Renée Fregosi, philosophe et politologue
30. André Gerin, ancien député PCF
31. Gilles-William Goldnadel, avocat
32. Yana Grinshpun, linguiste
33. Philippe Gumplowicz, professeur des universités, musicologue
34. Noémie Halioua, essayiste
35. Hubert Heckmann, maître de conférences
36. Sandra Hegedüs Mulliez, collectionneuse d’art contemporain et mécène, Fondatrice du SAM Art Projects
37. Olivier Hutman, pianiste, compositeur
38. Viana Hutman, écrivain
39. Marie Myriam Ibn Arabi, Chef d’établissement
40. Sandra Ifrah, porte-parole de Women United For Peace
41. Jean-Pierre Jackson
42. Danielle Khayat, Magistrat en retraite
43. Fabien Khayat, avocat honoraire
44. Daniel Knoll
45. Jean-Pierre Krief, Cinéaste documentariste
46. Catherine Ksas Holzer
47. Richard Landormy, médecin
48. Bernard de La Villardière, journaliste et producteur
49. Barbara Lefebvre, enseignante et essayiste
50. Geneviève W. Leloup, Tour operator
51. Damien Le Guay, philosophe
52. Didier Lemaire, professeur
53. Erwan Le Noan, essayiste
54. Noëlle Lenoir, ancienne ministre et membre honoraire du Conseil constitutionnel
55. Yves Le Ray Monteur Vidéo
56. Bérénice Levet, philosophe
57. Sofian M., citoyen engagé contre l’antisémitisme et militant universaliste
58. Karim Maloum, journaliste
59. Yves Mamou, journaliste
60. Fadila Maaroufi, Observatoire Européen des Fondamentalismes
61. Aurélien Marq, haut fonctionnaire
62. Céline Masson, psychanalyste
63. Isabelle de Mecquenem, professeur de philosophie
64. Sabrina Medjebeur, Essayiste
65. Olivier Meyer, directeur de théâtre
66. Françoise Mouraille, présidente de l’association Défense des serviteurs de la République
67. Simon Moos, chroniqueur
68. Laurent Nassi, commandant honoraire de police
69. Anne-Sophie Nogaret
70. Rémi Notter, président de l’association France-Israël Antibes
71. Leonardo Orlando, chercheur
72. Karine Papillaud, journaliste
73. Sylvie Perez, auteur
74. Pascal Perrineau, professeur des universités
75. Céline Pina, essayiste
76. Emmanuel Razavi, grand reporter
77. Jacques Robert, professeur émérite de cancérologie, université de Bordeaux
78. Daniel Salvatore Schiffer, philosophe, écrivain, directeur de l’ouvrage collectif “L’humain au centre du monde – Pour un humanisme des temps présents et à venir” (Editions du Cerf)
79. Boualem Sansal, écrivain
80. George Sauveur, avocat, membre du CNB, ancien MCO
81. Josiane Sberro, chef d’établissement Éducation nationale à la retraite
82. Damien Serieyx, éditeur
83. Gérald Sibleyras, auteur dramatique
84. Wiktor Stoczkowski, anthropologue, directeur d’études à l’EHESS
85. Jean Szlamowicz, linguiste
86. Pierre-André Taguieff, philosophe, chercheur au CNRS
87. Véronique Taquin, écrivain
88. Jacques Tarnero, chercheur
89. Pierre-Henri Tavoillot, philosophe
90. Vincent Tournier, maître de conférences de sciences politiques, IEP de Grenoble
91. Michèle Tribalat, démographe
92. Henri Vacquin, sociologue
93. Caroline Valentin, avocat
94. Pia Valentin, étudiante en histoire et philosophie
95. Monette Vacquin, psychanalyste
96. Pierre Valentin, essayiste
97. Marie Vignal, assistante sociale
98. Christophe de Voogd, historien
99. Aude Weill-Raynal, avocat
100. Association Jeunesse Française Juive