Tribune Juive

« Le Nouveau Front populaire constitue la première menace pour les Français juifs »

Jean-Luc Mélenchon s’exprime devant des manifestants, place de la République, à Paris, au premier tour des élections législatives anticipées, le 30 juin
Paoloni Jeremy / Paoloni Jeremy/ABACA

TRIBUNE – Une centaine de personnalités, dont l’historien Georges Bensoussan, le philosophe Pierre-André Taguieff et l’universitaire Pascal Perrineau, appellent à faire «barrage» à l’union des gauches formée à l’occasion des élections législatives. LFI a fait de la haine antijuive une stratégie électorale, argumentent-ils.

Écœurés par la banalisation de l’antisémitisme, nous appelons à faire barrage au Nouveau Front populaire, coalition dont nous jugeons qu’elle constitue aujourd’hui la première menace pour les Français juifs et, plus largement, pour la France. Par où commencer ?

Rappelons, d’abord, qu’au sein du Nouveau Front populaire c’est La France insoumise qui sera – et de loin – le parti le plus représenté à l’Assemblée nationale. La France insoumise, ce parti qui a fait de la haine antijuive une stratégie électorale. Ce parti dont un député (David Guiraud) reconnaît avoir été biberonné aux vidéos d’Alain Soral, nie à demi-mot les atrocités du 7 octobre, accuse Israël de placer des bébés palestiniens dans des fours, s’autorise des références antisémites aux « dragons célestes » qui tireraient les ficelles de la société. Dont un autre (Aymeric Caron) affirme que les soutiens d’Israël n’appartiennent pas « à la même espèce » que lui, et estime que l’on a trop médiatisé le viol d’une petite fille juive à Courbevoie. Dont une autre (Ersilia Soudais) accueille triomphalement à Roissy Salah Hammouri, terroriste du FPLP condamné pour avoir projeté d’assassiner Ovadia Yossef, l’ancien grand rabbin d’Israël.

Dont une autre (Danièle Obono) qualifie le Hamas de « mouvement de résistance » Dont un autre (Thomas Portes) accuse Israël d’avoir volontairement laissé massacrer ses citoyens le 7 octobre pour «justifier un génocide des Palestiniens ». Dont une autre (Clémence Guetté) reçoit en grande pompe l’intellectuel suédois Andreas Malm, qui raconte avoir vécu l’attaque du Hamas comme une « jubilation » et confie : « Je consomme ces vidéos (du pogrom, NDLR) comme une drogue. Je les injecte dans mes veines. » Dont une eurodéputée (Rima Hassan) accuse le Crif de dicter la politique étrangère de la France, qualifie Israël de « monstruosité » et écrit que l’État hébreu (qu’elle souhaite voir rayé de la carte, « de la rivière à la mer ») fait non seulement violer les prisonniers palestiniens par des chiens, mais vole leurs organes. Fake news antisémites qui, d’ailleurs, n’ont été condamnées par aucun membre du Nouveau Front populaire.

Apologie du terrorisme

La France insoumise, ce parti dont tous les membres cultivent une obsession nauséabonde pour la minuscule démocratie juive – plus petite que la Normandie – pourtant entourée de régimes autoritaires et islamistes. Ce parti, enfin, dont aucun membre n’a daigné se rendre à la grande marche contre l’antisémitisme du 12 novembre 2023 à Paris. Et dont le leader, Jean-Luc Mélenchon, insinue que l’attentat antisémite de Mohammed Merah pourrait être un complot  Vous verrez que, dans la dernière semaine de la campagne présidentielle, nous aurons un grave incident ou un meurtre. Ça a été Merah en 2012 »), qualifie la communauté juive de « communauté agressive qui fait la leçon au reste du pays », attribue la défaite de Jeremy Corbyn au Royaume-Uni aux accusations d’antisémitisme portées par « le grand rabbin d’Angleterre et les divers réseaux d’influence du Likoud » et déplore les « oukases arrogants des communautaristes du Crif. »

Le Nouveau Front populaire n’est pas La France insoumise, répondront certains. C’est tout à fait vrai. Au NFP, il y a aussi le Nouveau Parti anticapitaliste, qui le 7 octobre a félicité le Hamas, rappelant « son soutien aux Palestiniens/nes et aux moyens de lutte qu’ils et elles ont choisi pour résister » et concluant son communiqué par « Intifada ! » (le NPA est actuellement poursuivi pour apologie du terrorisme). Son chef, Philippe Poutou, est qualifié au second tour des législatives, sous la bannière NFP. Au Nouveau Front populaire, il y a aussi la Jeune Garde, groupuscule violent mené notamment par le fiché S Raphaël Arnault, accusé d’agressions physiques sur des opposants politiques, qui le 7 octobre a témoigné de sa « solidarité » envers la « résistance palestinienne ».

Lui aussi est qualifié au second tour des législatives, soutenu par le NFP. (Huit membres de la Jeune Garde sont même mis en examen pour l’agression violente d’un adolescent juif dans le métro parisien, le 27 mai dernier. ) Au Nouveau Front populaire, il y a aussi le Parti communiste, qui appelle sans relâche à la libération de Marwan Barghouti, terroriste palestinien purgeant une peine de prison à vie pour le meurtre de sang-froid de cinq Israéliens. Quant aux partis de la coalition supposés plus modérés, comme le Parti socialiste et les Verts, ils ont prouvé, par cette alliance, que l’antisémitisme est pour eux un point de détail.

L’accélération des flux migratoires

Ajoutons, pour conclure, que la complaisance du NFP pour l’islamisme pose question. Le programme commun – sur lequel sont tombés d’accord l’ensemble des partis composant la coalition – prévoit notamment l’abrogation des lois d’Emmanuel Macron permettant de mieux lutter contre le séparatisme religieux, mais aussi la lutte contre l’« islamophobie » (l’emploi du mot entretenant sciemment une confusion entre la critique d’une doctrine et la haine des personnes) et l’accélération significative des flux migratoires, pari risqué à l’heure où la machine à assimiler s’est enrayée. Rappelons que 56 % des Français juifs jugent que l’islamisme représente la plus grande menace pour leur sécurité. L’islamisme, qui a pris la vie de 273 Français depuis 2012, et met en péril nos valeurs républicaines, n’est évidemment pas une menace que pour les Juifs.

Nous appelons donc à faire barrage au Nouveau Front populaire, coalition dont le succès électoral nous fait craindre le pire. Il n’y a aucun mérite à condamner l’antisémitisme du passé si l’on ne se montre pas implacable vis-à-vis de celui du présent, aucun mérite à constituer un front républicain avec des formations hostiles aux valeurs républicaines.



Les signataires :

1. Roland Aboucaya

2. Albert Aidan, PDG Albert Aidan SAS

3. Franck Belaich, directeur ISG Luxury Geneva

4. Jean-Pierre Bensimon, retraité de l’Education Nationale

5. Georges Bensoussan, historien

6. Florence Bergeaud-Blackler, anthropologue, chercheuse au CNRS

7. Maurice Berger, médecin

8. Geneviève Berger, psychologue

9. Frédéric Joseph Bianchi, Président de l’Association TERRA ERETZ Corsica Israël

10. Guy Boutros, producteur

11. Rémi Brague, philosophe et historien

12. Jean-François Braunstein, philosophe

13. Claire Brière-Blanchet, essayiste

14. Philippe Bultez Adams, directeur éditorial, FYP Editions

15. Sylvie Carat, Économiste à la Banque Centrale

16. Gloria Castillo, avocat

17. Sarah Cattan, directrice de Tribune Juive

18. Élie Chouraqui, cinéaste

19. Philippe De Lara, maître de conférences honoraire à l’université Paris Panthéon Assas

20. Philippe Delaroche, journaliste

21. Antoine Desjardins, enseignant, éditorialiste

22. Florence Devesa, éditrice, FYP Editions

23. David di Nota, romancier

24. Anna Véronique El Baze, écrivain et scénariste

25. Amine El Khatmi, essayiste

26. Catherine Erman, professeur agrégé Université Paris 4

27. Jacqueline Eustache Brinio, Sénatrice du Val-d’Oise

28. Samuel Fitoussi, essayiste

29. Renée Fregosi, philosophe et politologue

30. André Gerin, ancien député PCF

31. Gilles-William Goldnadel, avocat

32. Yana Grinshpun, linguiste

33. Philippe Gumplowicz, professeur des universités, musicologue

34. Noémie Halioua, essayiste

35. Hubert Heckmann, maître de conférences

36. Sandra Hegedüs Mulliez, collectionneuse d’art contemporain et mécène, Fondatrice du SAM Art Projects

37. Olivier Hutman, pianiste, compositeur

38. Viana Hutman, écrivain

39. Marie Myriam Ibn Arabi, Chef d’établissement

40. Sandra Ifrah, porte-parole de Women United For Peace

41. Jean-Pierre Jackson

42. Danielle Khayat, Magistrat en retraite

43. Fabien Khayat, avocat honoraire

44. Daniel Knoll

45. Jean-Pierre Krief, Cinéaste documentariste

46. Catherine Ksas Holzer

47. Richard Landormy, médecin

48. Bernard de La Villardière, journaliste et producteur

49. Barbara Lefebvre, enseignante et essayiste

50. Geneviève W. Leloup, Tour operator

51. Damien Le Guay, philosophe

52. Didier Lemaire, professeur

53. Erwan Le Noan, essayiste

54. Noëlle Lenoir, ancienne ministre et membre honoraire du Conseil constitutionnel

55. Yves Le Ray Monteur Vidéo

56. Bérénice Levet, philosophe

57. Sofian M., citoyen engagé contre l’antisémitisme et militant universaliste

58. Karim Maloum, journaliste

59. Yves Mamou, journaliste

60. Fadila Maaroufi, Observatoire Européen des Fondamentalismes

61. Aurélien Marq, haut fonctionnaire

62. Céline Masson, psychanalyste

63. Isabelle de Mecquenem, professeur de philosophie

64. Sabrina Medjebeur, Essayiste

65. Olivier Meyer, directeur de théâtre

66. Françoise Mouraille, présidente de l’association Défense des serviteurs de la République

67. Simon Moos, chroniqueur

68. Laurent Nassi, commandant honoraire de police

69. Anne-Sophie Nogaret

70. Rémi Notter, président de l’association France-Israël Antibes

71. Leonardo Orlando, chercheur

72. Karine Papillaud, journaliste

73. Sylvie Perez, auteur

74. Pascal Perrineau, professeur des universités

75. Céline Pina, essayiste

76. Emmanuel Razavi, grand reporter

77. Jacques Robert, professeur émérite de cancérologie, université de Bordeaux

78. Daniel Salvatore Schiffer, philosophe, écrivain, directeur de l’ouvrage collectif “L’humain au centre du monde – Pour un humanisme des temps présents et à venir” (Editions du Cerf)

79. Boualem Sansal, écrivain

80. George Sauveur, avocat, membre du CNB, ancien MCO

81. Josiane Sberro, chef d’établissement Éducation nationale à la retraite

82. Damien Serieyx, éditeur

83. Gérald Sibleyras, auteur dramatique

84. Wiktor Stoczkowski, anthropologue, directeur d’études à l’EHESS

85. Jean Szlamowicz, linguiste

86. Pierre-André Taguieff, philosophe, chercheur au CNRS

87. Véronique Taquin, écrivain

88. Jacques Tarnero, chercheur

89. Pierre-Henri Tavoillot, philosophe

90. Vincent Tournier, maître de conférences de sciences politiques, IEP de Grenoble

91. Michèle Tribalat, démographe

92. Henri Vacquin, sociologue

93. Caroline Valentin, avocat

94. Pia Valentin, étudiante en histoire et philosophie

95. Monette Vacquin, psychanalyste

96. Pierre Valentin, essayiste

97. Marie Vignal, assistante sociale

98. Christophe de Voogd, historien

99. Aude Weill-Raynal, avocat

100. Association Jeunesse Française Juive


Source: Le Figaro

https://www.lefigaro.fr/vox/politique/le-nouv

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