Où s’arrêteront-ils ? Par David Banon

Chaque jour qui passe apporte avec lui son lot de nouvelles. C’est ainsi que Ronen Bar, le chef de la sécurité intérieure (shabaq), a donné l’ordre de libérer Mohamed Abou Salmiya, le directeur de l’hôpital Shifa de Gaza, lequel a servi de quartier général au Hamas, un hôpital où l’on a assassiné des Israéliens et des travailleurs étrangers Thaïlandais. Un hôpital qui servait d’arsenal aux terroristes psychopathes du Hamas.

La conseillère juridique du gouvernement, Gali Bahrav Myara, qui depuis sa nomination prend ses ordres auprès de la Haute Cour d’Injustice et n’hésite pas à s’élever contre les lois votées par l’autorité législative, en empêchant, par exemple, un ministre de limoger son directeur de la Police, un fonctionnaire, qui remplit ses fonctions à sa guise. 

Elle s’est inquiétée des conditions de détention (promiscuité de la prison de Sdeh Téman) des terroristes du Hamas qui se sont rendus aux soldats de Tsahal, mais aussi de leur santé. Elle a déclaré qu’on devait leur donner moins de saucisses et plus de fruits et de légumes, comme dans un centre de villégiature. Connais-t-elle ce proverbe populaire, plein de sagesse : ”Quiconque s’apitoie sur des criminels finira par avoir haïr les miséricordieux“ ? C’est ce qui arrive lorsque l’on veut se conduire en ‘humaniste’ avec des assassins sanguinaires ! 

Beaucoup de citoyens et d’élus réclament sa démission et œuvrent dans cette direction, car elle applique la loi selon une géométrie variable. Inflexible pour les citoyens de droite, laxiste pour les Kaplanistes. Ce qui a fait sauter les plombs du fou du village qui a menacé le gouvernement de sanctions parce qu’il met en danger la démocratie israélienne. Des menaces qu’il n’a pas les moyens de mettre en œuvre, sauf si cela se résume ”à se mettre au lit sans prendre son repas du soir“. 

Mais il convient de prendre très au sérieux les menaces proférées par Ayélèt Metzguer qui traite le premier ministre du gouvernement israélien, élu au suffrage universel, de “criminel de multitudes : rotséah’ hamoni” ; “nous sommes venus te pendre” vocifère-t-elle, en exhibant une corde comme dans les westerns où l’on pendait sans jugement, motivé par un arrêt de tribunal. Elle a été relayée par Shiqmah Bressler, celle qui abhorre les Juifs, qui a perturbé l’office de Kippour l’an dernier et qui prend un malin plaisir à ralentir la circulation aux portes de Kfar Saba pour, déclare-t-elle, énerver la populace… Elle est venue à la rescousse de sa compatriote, en éructant : “Netanyahou, l’histoire te jugera” ! A quel titre ? Au nom de la loi d’exception ou de celle de la lutte contre la terreur ? Sait-elle, cette docte ignorante, que “shélouh’é mitsvah einan nizoqin : les élus du peuple ne subissent pas de dommages !” (Pessah’im 8b). C’est ce qui permet à Netanyahou de continuer à gouverner en ignorant les vociférations de la soi-disant élite de la société. 

On a appris que la famille Yudlin, des Juifs orthodoxes, qui vient de perdre un de ses enfants engagé dans les combats contre le Hamas à Gaza, a voulu inscrire sur sa tombe les initiales הי”ד lesquelles signifient hachem yqom damo : que Dieu venge son sang. La famille a adressé une requête en ce sens au ministère de la défense qui a refusé de donner suite à sa demande.  La mère du défunt soldat a exprimé sa colère en ces termes : nous sommes dans un état juif et dans les cimetières juifs du monde entier on trouve cette inscription et ici on nous l’interdit. Est-ce ainsi qu’on entend résoudre les problèmes qui surviennent quant à l’engagement des h’arédim ? 

Ces événements ne sont que les épiphénomènes de la crise profonde, très profonde, que traverse la société israélienne. On a laissé traîner beaucoup trop de questions qui ont été balayées sous le tapis et on a feint qu’elles ont été résolues. La question gauche/droite : aujourd’hui encore on se rappelle de l’Altaléna et on demande des comptes.  De la division dati/h’iloni : religieux/laïcs, avec comme nœuds de tension l’évacuation de Goush Katif ; des différences de niveau de vie entre le centre opulent et la périphérie où l’on tire le diable par la queue pour finir les fins de mois.  De l’antagonisme ashkénazes/séfarades où, comme dit Haviva Pédaya, ceux-ci ont été éradiqués de l’histoire et orientés vers les frontières par ceux-là : hahadara min hasséfer véhanitouv el hasfar.  Et enfin, le conflit judéo-arabe… Tout cela a fait voler en éclats le statut quo fragile qui maintenait ensemble, tant bien que mal, les différentes pièces du puzzle.   

Si l’on veut perdurer, parallèlement à la guerre que mène cette génération de soldats responsables et courageux contre le Hamas et bientôt peut-être contre le Hezbollah, il faudra qu’une nouvelle génération d’hommes et de femmes responsables, réfléchissent à une nouvelle charte nationale afin qu’une minorité n’impose pas en beuglant “Démocratie, Démocratie” une dictature à la majorité.

                                                                                                                      David Banon, prof.   


David Banon est Professeur émérite à l’Université de Strasbourg et à l’Institut Universitaire de France (IUF), Prof invité à l’Université Bar-Ilan.


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