
Ami sympathisant du NFP, j’entends ces jours-ci une petite musique sur le thème de « l’instrumentalisation » de l’antisémitisme, une petite musique qui vise à faire oublier le déferlement de haine anti-juive orchestré par LFI ces dernières semaines, ce pour pouvoir régénérer le crédit moral de la gauche et le « combat antifasciste ».
Tu t’offusques quand on te parle d’antisémitisme, renvoyant celui-ci à l’extrême-droite, car tu te penses comme un chevalier blanc de l’humanisme, le castor de l’antiracisme. En un sens, tu as raison. La gauche a d’ailleurs toujours élé le camp des bons sentiments. Mais elle a également toujours été celui de l’aveuglement idéologique savamment entretenu. Aussi n’est-ce pas ton antisémitisme que je mets en cause aujourd’hui, mais ton négationnisme. Tu ne veux plus entendre parler des 1000% d’augmentation des actes antisémites en 2023 ni de tous les autres faits dont l’évocation viennent souligner combien tu as dévoyé et trahi tes anciens idéaux.
Plus généralement, ami sympathisant du NFP, et c’est la raison de ton échec programmé, tu t’es convaincu de la nécessité de rester aveugle et muet eu égard à la plus grande tragédie politique que le pays a connu depuis la guerre d’Algérie, à savoir l’irruption du terrorisme islamiste sur le sol français.
Tu t’abrites derrière un rideau de fumée, la confusion créée par l’usage du terme « antisémitisme », lequel entretient une fausse continuité entre le passé et le présent. Jean-Luc Mélenchon a involontairement énoncé une vérité historique : l’antisémitisme, si on entend par là l’antisémitisme de souche européenne, est bien devenu résiduel en France. Les agressions dites « antisémites » sont en réalité l’expression de l’antisionisme islamiste, et ce depuis fort longtemps. La seconde intifada avait provoqué une première vague d’agressions au début des années 2000, ce qui avait d’ailleurs conduit à la loi sur les signes religieux à l’école, que tu as bien entendu combattue. Le phénomène a depuis pris de l’ampleur. L’impressionnante vague de haine antijuive qui déferle depuis le 7 octobre ne vient pas de la gauche. Elle vient bien en un sens de l’extrême droite, du fascisme, mais de ce fascisme – le fascisme islamiste – à l’égard duquel tu montres la plus grande complaisance et qui pourtant ferait passer un militant du RN pour un doux agneau social-démocrate.
Pour nier ce fait historique majeur et justifier l’abandon de tes compatriotes juifs face au péril islamiste, tu uses de multiples artifices rhétoriques. Première grosse ficelle, la plus abjecte: celle qui consiste à présenter les agressions antijuives et les actes terroristes comme des « faits divers », un « point de détail » dans l’histoire de la France contemporaine. Jean-Luc Mélenchon, le 6 juin 2021, a ainsi dit tout haut ce que beaucoup à gauche pensent tout bas en comparant le massacre de l’école juive de Toulouse par Mohamed Merah avec l’affaire « Papy Voise ». Deuxième grosse ficelle, à peine moins abjecte: la diversion. C’est le procédé qu’a récemment utilisé le soit-disant modéré Yannik Jadot qui, pour « relativiser » le viol antisioniste de la jeune fille de Courbevoie n’a rien trouvé de mieux que d’évoquer l’antisémitisme des fondateurs du FN.
Plus problématique, car tu entres par là dans la complicité objective avec l’ennemi islamiste, tu as pris l’habitude de dénoncer « l’islamophobie » de ceux qui ont l’audace de vouloir défendre l’idéal républicain contre les manifestations agressives de l’islam. La notion d’islamophobie est inscrite dans le programme du NFP : « Lutter contre toutes les formes de racisme, contre l’antisémitisme et l’islamophobie. Au moment où l’extrême droite menace, nous rappelons que la parole et les actes racistes, antisémites et islamophobes se propagent dans toute la société et connaissent une explosion inquiétante, sans précédent. » L’amalgame entre un antisémitisme dont on dissimule ainsi la véritable nature et l’islamophobie est indispensable au dispositif négationniste mis en place par l’union de la gauche et de l’extreme gauche.
Catherine Kintzler rappelle en outre opportunément que cette notion d’islamophobie, que le NFP emprunte aux islamistes et qui fait l’amalgame entre dénigrement des personnes et dénigrement d’une doctrine, vise en réalité à promouvoir le délit de blasphème : « Quand on écrit « islamophobie » dans un programme politique au lieu d’écrire « haine envers les musulmans », écrit à raison Kintzler, c’est qu’on veut rétablir le délit de blasphème, qui est une variante du délit d’opinion. C’est exactement et délibérément ce que fait le programme du prétendu « Nouveau Front populaire ». »
Versant positif de cette dénonciation de l’islamophobie, ton islamophilie te conduit à ne rien voir des dérives de cet islam qui selon toi « n’a rien à voir » avec la haine des juifs, des homosexuels, de l’esprit critique, de la science, de la laïcité, des chrétiens, des libre-penseurs, des athées et des apostats, et qui contribue même, crois-tu ou feins-tu de croire, au progrès de l’émancipation des femmes en voilant celles-ci.
Oubliant le sionisme de Blum et le socialisme des sionistes, tu as fait tienne la cause palestinienne, occultant au passage, c’est l’un des aspects majeurs de ton négationnisme, la proximité de celle-ci avec le nazisme. Le premier grand leader de l’antisionisme islamiste, le mufti de Jerusalem al-Husseini, recommandait à ses amis nazis de préférer la solution finale à la solution sioniste pour se débarasser des Juifs. Il battait la campagne pour alerter le monde musulman sur le danger que constituait la présence juive en Palestine pour les lieux saints de l’Islam : « Tuez les Juifs partout où vous les trouvez. Cela plaît à Dieu, à l’histoire et à la foi. » Les Palestiniens s’inspirent encore aujourd’hui de cet idéal exterminationniste, qui est la véritable cause du pogrom du 7 octobre. Et tu fais aujourd’hui bon accueil, ami sympathisant du NFP, au sein du nid douillet et chaleureux de l’antiracisme de Gôche, aux idiots utiles de cet exterminationnisme islamiste.
Je sais bien, ami sympathisant du NFP, que tu n’es pas antisémite au sens ordinaire du terme et que ton humanisme n’est pas en cause. Je constate cependant que le NFP a fait le choix de la complaisance à l’égard de l’islamisme, complaisance active de LFI et de l’extrême gauche, complaisance passive des autres composantes. Tu as choisi de nier la réalité de la haine antijuive et de la menace terroriste liées à la présence de l’islamisme en France. Par conviction, par intérêt, par lâcheté ou par aveuglement ? Je ne sais et c’est ton affaire. Mais ce négationnisme est précisément la raison pour laquelle jamais, au grand jamais, je ne glisserai un bulletin NFP dans l’urne, fut-ce pour « faire barrage » au RN.
Eric Deschavanne