Liliane Messika. La famine à Gaza a été dissoute dans celle de l’Assemblée nationale

Ne laissons pas les faits s’interposer entre nous et notre idéologie ! 

« La famine est imminente car 1,1 million de personnes, soit la moitié de la population de Gaza, souffrent d’une insécurité alimentaire catastrophique[1] », affirmait la classification intégrée de la phase de sécurité alimentaire de l’ONU (IPC) dans une note spéciale publiée le 18 mars 2024.

En juin, ce même groupe avait conclu (avec regret) qu’il ne pouvait pas considérer la situation à Gaza comme une « famine ». Même dans le nord de Gaza[2].

Pour arriver à son résultat, le groupe onusien, qui instruisait à charge, avait dû ignorer de nombreuses données pertinentes et avait fait des « hypothèses et déductions » à côté de la plaque (de cuisson). Aux termes de ces élucubrations, les habitants de Gaza ne recevaient plus que 59 à 63 % de leurs besoins caloriques quotidiens. Parmi les données pertinentes « oubliées », il y avait 82% de ces besoins comblés, montrant que le total véritable excédait largement 100 %.

Cela n’a pas empêché nos médias de couvrir largement les rapports indiquant la famine certifiée conforme à BDS… et à partir à la pèche dans le Triangle des Bermudes quand la réalité s’est imposée sur le terrain. 

Sur le terrain, particulièrement sur les parkings de l’ONU, les provisions ne manquaient pas. Il était du ressort de l’ONU de leur faire parcourir « le dernier kilomètre », comme on dit communément dans les transports. Pour autant, si les marchés ont parfois manqué de clients, les denrées, elles, étaient disponibles. 

De l’importance des chiffres pour les lettres U.N.R.W.A.

Famine, Saison 9-Episode 1, 10 mai 2024 

Philippe Lazzarini est Directeur de l’UNRWA, l’œuvre de secours aux réfugiépalestiniens, en un seul mot pour  souligner leur originalité et le fait qu’ils sont les plus privilégiés de la planète. Interviewé par Melissa Fleming, Secrétaire Générale adjointe à la communication globale de l’ONU[3], Lazzarini joue son rôle de nécessiteux pour qu’on ajoute quelques millions à la fortune en milliards des dirigeants du Hamas et quelques miettes dans son budget : « nous sommes ici en train de voir se dérouler, sous nos yeux, l’une des famines imminentes qui évolue le plus rapidement, et qui a été complètement fabriquée. Elle a été créée par l’homme. Et qui peut facilement être inversée grâce à la volonté et à la décision politiques. C’est profondément frustrant, mais c’est scandaleux et cela me met très en colère[4]. »

Il y a d’autres choses qui devraient indigner cet homme compliqué, pour qui la solution est pourtant simple : « Si nous avons un cessez-le-feu et l’ouverture du point de passage, et que nous pouvons inonder la bande de Gaza d’aide, nous serons en mesure d’empêcher cette catastrophe ».  

Famine, Épisode 2, trois semaines plus tard, le 4 juin 2024 : un deuxième rapport, publié par une deuxième commission, trouve son prédécesseur peu plausible, vu « l’incertitude et les multiples couches d’hypothèses et d’inférences » de l’analyse. Par conséquent, le « FRC n’est pas en mesure de déterminer si les seuils de famine ont été franchis au cours du mois d’avril.[5] »

Coïncidence troublante, ce rapport a été publié le même jour qu’une étude israélienne qui, elle, concluait que le Hamas représentait la plus grande menace pour la sécurité alimentaire à Gaza : « si une famine devait survenir à Gaza, (…) les problèmes pourraient plutôt être liés à la manière dont l’aide alimentaire est distribuée, rendue accessible et utilisée par la population une fois qu’elle atteint Gaza. Plusieurs facteurs clés entravent les efforts visant à augmenter la quantité d’aide parvenant aux civils dans la bande de Gaza (…) du vol, du pillage et de la thésaurisation de la nourriture et d’autres fournitures, avec l’aide du Hamas ou d’autres acteurs, et des limites de la capacité d’Israël et des organisations internationales opérant à l’intérieur de la bande de Gaza à garantir l’accès à l’aide. » 

Hiérarchie des priorités

NGO Monitor est aux ONG ce que la Ligue des Droits de l’Homme devrait être aux individus : un organisme qui surveille les atteintes à la liberté et les dénonce pour pouvoir les faire disparaître. La Fédération Internationale des Droits Humains, FIDH pour les antisionistes, travaille à faire disparaître Israël par d’autres moyens que la guerre. 

Le directeur du département francophone de NGO Monitor, Vincent Chebat, considère que la FIDH a un rôle fondamental dans la campagne qui vise à délégitimer l’État juif et notamment à le faire qualifier de « génocidaire » : « La différence entre la FIDH et d’autres organisations comme Amnesty c’est que la FIDH reçoit des subventions très importantes de la commission européenne et de la France et ce alors qu’elle accuse très vite Israël de génocide et de famine dans Gaza ![6] »

Au Liban, l’horreur qui a soulevé une indignation générale n’est pas la famine supposée des Palestiniens. D’abord, au Liban, ceux-ci subissent un apartheid véritable : pas d’accès à la naturalisation, à la propriété foncière ou aux prestations sociales, interdiction de pratiquer une quarantaine de métiers, etc. Autant dire que le sort des Palestiniens chez le voisin juif ne leur fait ni chaud ni froid. Mais quand ils ont chaud, ils boivent du Pepsi et nous arrivons là au nœud du problème : le nouveau bouchon des bouteilles de ce breuvage évoque le drapeau israélien aux judéophobes monomaniaques, qui sont aussi nombreux que les palestinophobes au pays du Cèdre.

En effet, ils considèrent le nouveau design bleu et blanc des capsules comme de la propagande israélienne et appellent au boycott du concurrent de Coca Cola[7].

L’avocat libanais Ziad Jaafil a déposé une notification auprès du ministère public de Beyrouth, demandant que la Lebanese Modern Company for Trade, l’embouteilleur de PepsiCo au Liban, cesse d’utiliser ce logo en raison de sa similitude avec le drapeau israélien en ce qui concerne les couleurs et la disposition.

La chose étant particulièrement grave, les habitants du Sud et du Nord-Liban et de la Bekaa ont tenté d’interdire aux camions de distribution de Pepsi d’entrer dans leur région. « Nous annonçons l’interdiction des véhicules de distribution de Pepsi d’entrer dans nos régions en solidarité avec notre peuple en Palestine, en Cisjordanie et à Gaza, et en réponse à la publicité de Pepsi et à son soutien financier à l’ennemi israélien. »

Ben quoi ? Ce n’est pas contradictoire avec l’apartheid qu’ils font subir aux Palestiniens chez eux : les Libanais sont solidaires avec les Palestiniens de Cisjordanie et de Gaza et ils détestent ceux qui vivent au Liban, c’est facile à comprendre ! 

La Lebanese Modern Company for Trade a évidemment nié le moindre philosémitisme et a réfuté les « accusations infondées » de soutien à Israël dont elle est victime.

En France, Macron s’est tiré plusieurs balles dans le pied, dont celle qui a éteint la famine à Gaza, ne laissant plus de place dans les médias tricolores que pour la dissolution 

© Liliane Messika


Notes

[1] www.unicef.fr/article/a-gaza-la-famine-est-imminente/

[2] https://news.un.org/fr/story/2024/06/1146576#:

[3] Eh oui, bonnes gens, payée par vos impôts !

[4] www.un.org/en/awake-at-night/S9-human-cost-of-war-philippe-lazzarini-head-of-unrwa

[5] www.jewishpress.com/news/global/un/un-no-supporting-evidence-of-famine-in-northern-gaza/2024/06/18/

[6] https://lphinfo.com/la-fidh-est-a-lorigine-des-accusations-de-genocide-par-israel-entretien-avec-vincent-chebat-directeur-a-ngo-monitor

[7] https://today.lorientlejour.com/article/1417924/pepsi-franchise-denounces-baseless-accusations-as-lebanese-people-call-for-a-boycott.html


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