Rien que le titre à de quoi surprendre en ces temps troublés que nous vivons, où l’exception française, si souvent revendiquée, est devenue le malaise français.
C’est le titre d’une pièce qui se joue au théâtre des Amandiers à Nanterre, à quelques minutes de la Défense, pour ceux qui ne connaissent pas encore.
Cette pièce est l’œuvre de Margaux ESKENASI dont la carrière dejà longue témoigne de son implication dans la création théâtrale, la mise en scène, la conception de spectacles. Elle a porté la conception de cette pièce de deux heures trente en une seule traite, depuis des années, pour enfin se lancer dans sa réalisation il y a un an.
Les répétitions avec la belle troupe des Amandiers ont débuté le 16 octobre 2023 et le pièce présentée au public mardi 18 juin.
Margaux Eskenasi a redonné vie à l’œuvre de l’écrivain hongrois Imre Kertesz déporté à Auschwitz à l’âge de 14 ans et qui, à son retour du camp de la mort, trouva la force d’écrire plusieurs ouvrages pour témoigner et transmettre et sans doute aussi pour se délivrer lui-même de ce poids insupportable.
Elle s’est notamment inspirée de trois d’entre eux :
Kaddish pour l’enfant qui ne naitra pas, Être sans destin, le Refus, dossier K.
Elle a trouvé les ressources théâtrales et poétiques pour faire vivre sur scène les douze acteurs de la troupe, les divers personnages et Kertesz lui-même.
Contrairement à certains procédés cinéma qui consistent à utiliser des flash-back sur écran, Margaux Eskenasi, par son travail avec les acteurs, a réalisé cette appropriation et mobilité des divers personnages dans des situations parfois tragi-comiques, au point de réciter le Kaddish eux-mêmes.
L’auteure aura donc réussi à convoquer notre mémoire, nous obliger à nous souvenir, car sans racines du passé nous ne sommes rien. Elle a exercé pleinement ce devoir de mémoire pour elle et pour nous. Elle est devenue passeur mémoriel.
Francis Moritz a longtemps écrit sous le pseudonyme « Bazak », en raison d’activités qui nécessitaient une grande discrétion. Ancien cadre supérieur et directeur de sociétés au sein de grands groupes français et étrangers, Francis Moritz a eu plusieurs vies professionnelles depuis l’âge de 17 ans, qui l’ont amené à parcourir et connaître en profondeur de nombreux pays, avec à la clef la pratique de plusieurs langues, au contact des populations d’Europe de l’Est, d’Allemagne, d’Italie, d’Afrique et d’Asie. Il en a tiré des enseignements précieux qui lui donnent une certaine légitimité et une connaissance politique fine. Fils d’immigrés juifs, il a su très tôt le sens à donner aux expressions exil, adaptation et intégration. © Temps & Contretemps
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