Renée Fregosi pour Tribune juive: Manuel Valls, une nouvelle alliance conduite par LFI appelée sans vergogne « Front populaire » vient d’être scellée avec notamment le PS, le PC, mais aussi Place publique de Raphaël Gluksmann et par ailleurs le NPA. Pensez-vous que ce « Front populaire » puisse être majoritaire aux législatives anticipées et si oui, quelles en seraient les conséquences pour le pays ? Notamment du point de vue économique.
Manuel Valls. Les Français décideront à qui ils donneront une majorité, mais je ne crois pas que le NFP puisse l’emporter. D’abord, on l’oublie souvent, la gauche a réalisé le 9 juin dernier un de ses plus mauvais scores depuis quelques années. À peine 30% toutes listes confondues. Mais surtout, même si la campagne est courte, les Français se rendront vite compte que les différents éléments de cette alliance ne sont d’accord sur rien, que c’est une alliance de circonstance pour permettre aux appareils des partis de préserver leurs places et sièges à l’Assemblée nationale.
Sur le plan économique, leur projet est d’une très grande démagogie et il est surtout dangereux pour la France. Le coût estimé des propositions est autour de 300 milliards d’euros, ce qui est quasiment l’équivalent de toutes les recettes fiscales annuelles de l’État, et si ce projet était appliqué, cela représenterait un choc fiscal jamais connu.
Ce programme ruinerait notre pays et appauvrirait nos compatriotes. Le blocage des prix conduirait à des pénuries généralisées. Quant au retour à la retraite à 60 ans, à rebours de tout ce qui se fait un peu partout en Europe, compte tenu notamment des évolutions démographiques et de l’allongement de l’espérance de vie, mais aussi de l’état de nos finances publiques, en dissonance par exemple avec les propositions de le CFDT, il obligerait à trouver plus de 50 milliards d’euros. La mise en œuvre des 32 heures mettrait à mal notre productivité, détruirait des emplois et elle est contraire à ce que j’appelle la valeur travail.
Enfin, il y a « un éléphant dans la pièce », qui est le nucléaire, pas du tout évoqué dans l’accord, alors que, fort heureusement, le président de la République a annoncé la construction d’un nouveau programme de centrales nucléaires. Cette énergie revient en force en Europe. Pour lutter contre le réchauffement climatique nous avons besoin de cette énergie propre. Par ailleurs cette filière représente plusieurs dizaines de milliers d’emplois et des investissements majeurs dans l’investissement et la recherche. Nous en avons besoin aussi pour la dissuasion et notre défense nationale, pour assurer la protection de nos intérêts vitaux et stratégiques. Cela ne semble pas intéresser la gauche alors que nous sommes menacés par la Russie.
Que vous le preniez par n’importe quel bout, ce programme économique, budgétaire et fiscal est un désastre. Il tourne le dos à l’idée même que la gauche pourrait gouverner, et c’est pourquoi je m’étonne que des socialistes, des sociaux-démocrates qui ont assumé l’exercice du pouvoir, puissent soutenir un tel projet.
Alors, vous venez d’ailleurs de l’évoquer, comment expliquez-vous que François Hollande, pour sa part, soutienne cet accord ?
Je peux comprendre d’une manière générale, la peur, l’angoisse qui saisissent bon nombre d’électeurs de gauche face aux risques sérieux d’une victoire du RN. Je connais depuis toujours l’aspiration à l’unité de la gauche. Souvent quand on n’a pas d’idée à gauche, on est pour l’union, c’est pavlovien… La mystique de l’union est sans doute l’une des plus puissantes qui soit dans l’imaginaire des forces de gauche. C’est une force prodigieuse dans les temps où la gauche est en phase avec les aspirations profondes du pays, car elle y puise la dynamique qui lui permet d’accéder au pouvoir, comme en 1936 ou 1981, d’agir et de transformer le réel ; mais c’est une faiblesse terrible lorsque, faute de travail et de remise en cause, elle se surimpose à la recherche de réponses aux attentes des Français et permet de faire bon ménage des incohérences. C’est pour cela que ma formule des gauches irréconciliables avait fait mouche car elle tapait exactement à l’endroit de cette faiblesse. Et donc aujourd’hui on foule allègrement une nouvelle fois tous les principes moraux au nom d’une alliance de circonstances.
Voilà pourquoi je ne m’explique pas les choix de François Hollande. J’ai du respect et de l’affection pour lui, j’ai été son premier ministre. Il s’engage sur le plan électoral et c’est tout à fait son droit, qui plus est dans le département qui a toujours été le sien, la Corrèze. Mais il aurait pu et dû le faire sans la bannière du Front populaire, en affichant ses valeurs et ses convictions. Il a été tout de même président de la République ! Comment peut-il cautionner de telles inepties…?
Il se retrouve aux côtés de gens qui n’ont cessé de remettre en cause son action et de briser son quinquennat , les frondeurs mais pas seulement, et à soutenir un programme qui est le contraire de ce qu’il pense.
Depuis quelques années, eu égard à la montée de l’antisémitisme, de plus en plus de Français juifs décident de quitter le pays. Les comprenez-vous ? En quoi la comparaison avec les années 30 vous paraîtrait-elle pertinente ? Quant à l’antisémitisme et à propos du péril fasciste notamment.
J’ai vu nombre de mes compatriotes juifs (dont certains sont revenus depuis) quitter notre pays dans les années 2000, après une multiplication des actes antisémites alors que les autorités publiques continuaient d’en nier l’augmentation et la gravité. Après les attentats de 2015, au contraire,les Français juifs ont considéré que leur sécurité, leur protection était une priorité assurée par mon gouvernement et que la lutte contre l’antisémitisme était érigée en cause nationale par le chef de l’Etat. Nous avons besoin de la part du judaïsme dans la France. C’est vital.
Aujourd’hui, je sens un immense désarroi à la fois chez les Israéliens qui ont le sentiment depuis le 7 octobre de ne plus être invulnérables, et dans le monde juif en France et ailleurs, face à cette vague, que je ne qualifierai pas d’antisémite parce que le mot fait désormais l’objet d’un détournement pervers (aujourd’hui tous les partis politiques proclament qu’ils luttent contre l’antisémitisme) , moi je parle de haine des Juifs. Haine des Juifs et d’Israël que l’on constate aux États-Unis notamment dans les campus universitaires, en Europe et donc en France.
Aujourd’hui, les Juifs ne se sentent en sécurité nulle part. Et c’est ce que beaucoup de responsables politiques n’ont pas compris. Lorsque le président de la République décide de ne pas participer à la grande manifestation du 12 novembre contre l’antisémitisme et pour la République, en justifiant son absence par sa volonté de ne pas diviser la nation, il n’a pas compris ce qui se passait : on rassemble au contraire la nation contre l’antisémitisme, contre la haine des Juifs. Et comme beaucoup de gouvernements notamment en Europe font preuve d’une certaine lâcheté quant au soutien à Israël, nos compatriotes juifs se sentent aujourd’hui abandonnés, seuls, pour reprendre le titre du beau livre de Bernard-Henri Lévy.
Vous n’avez jamais varié sur votre soutien à Israël. En quoi cette position vous paraît-elle plus indispensable aujourd’hui que jamais ?
Je pense que la meilleure façon de lutter contre la haine des Juifs et d’Israël, c’est le soutien à Israël. Évidemment on me rétorque « Mais Netanyahu, Netanyahu… »
Mais c’est aux Israéliens de choisir leurs dirigeants. Je les ai vu manifester pour des élections législatives anticipées là-bas, ils se chargent eux-mêmes de critiquer les autorités de leur pays mieux que quiconque, notamment pour l’absence d’anticipation pour ce qui s’est passé le 7 octobre. Gantz vient d’ailleurs de quitter le gouvernement, le cabinet militaire a été dissous et la crise politique couve au sein de la coalition, mais laissons la seule démocratie du Proche et du Moyen-Orient décider de son avenir.
Certains responsables politiques ne comprennent pas que ce qui se passe en Israël nous concerne directement et pas seulement parce que quarante de nos compatriotes ont été assassinés par le Hamas. Les Français, eux, ont parfaitement compris que les attaques contre les kibboutz ou la fête dans le Néguev sont la réplique ce qui s’est passé à Paris en 2015, au Bataclan ou sur les terrasses de Paris : on attaquait des modes de vie, une culture, une civilisation. Israël est en première ligne face à l’islamisme.
Donc moi, mon engagement il est total. Nous savons que pour gagner contre l’islamisme, nous avons besoin de la victoire d’Israël contre le Hamas. Appeler au cessez-le-feu, exiger la reconnaissance immédiate d’un État palestinien, criminaliser Israël c’est donner le gain au Hamas, ce qui est absurde d’ailleurs par rapport à l’avenir des Palestiniens, et c’est donner un signe aux islamistes partout dans le monde, une nouvelle fois de notre faiblesse. C’est pourquoi je fustige, pardon d’y revenir, dans l’accord du nouveau Front populaire, ce qui représente un véritable lâchage d’Israël. C’est un accord sur le dos des juifs français. Les passages consacrés au Proche-Orient sont évidemment tout à fait indignes. Et la manière dont est traitée la lutte contre la prétendue « islamophobie », qui reprend les mots dénoncés par Charb et par la rédaction de « Charlie Hebdo » qui l’a payé de sa vie , est une faillite morale de ceux qui acceptent de se compromettre avec les idées, l’idéologie et les méthodes de la France Insoumise et du NPA .
121 otages (vivants ou morts pour certains ?) sont toujours aux mains des djihadistes du Hamas et/ou d’autres groupes terroristes palestiniens. Ceux qui appellent au cessez-le-feu immédiat semblent l’avoir oublié. Comment envisagez-vous la fin du conflit à Gaza ?
C’est une question difficile et évidement l’exigence c’est la libération des otages (parmi lesquels deux Français sont encore retenus). Et depuis des semaines et mois nous faisons face à une hypocrisie totale : le Hamas ne peut pas libérer les otages qu’il utilise comme bouclier humain. Les dirigeants du Hamas utilisent les Palestiniens, les Gazaoui, et aussi les otages pour se protéger. La guerre pourrait cesser immédiatement si ces terroristes rendaient les otages et s’ils quittaient Gaza.
Or personne ne l’exige aussi clairement que ça en dehors d’Israël et je m’étonne que la pression internationale ne porte que sur les dirigeants israéliens.
La guerre ne se terminera donc que par le retour des otages, et nous craignons tous qu’il y ait beaucoup de morts parmi eux. Chaque nouvelle information à leur sujet indique qu’une partie a été disséminée, pris en otage par la population, que des journalistes d’Al Jeezira, que des fonctionnaires de l’UNRWA ont joué un rôle non seulement dans les attaques mais aussi dans le rôle de gardiens des otages.
Et rappelons que les milliards déversés sur Gaza ont permis au Hamas de construire des centaines de km de tunnels pour entreposer leurs armes de mort et pour se protéger. Donc la guerre ne cessera que par le retour des otages et la destruction de l’organisation terroriste. Et bien sûr il faut envisager la suite qui sera longue et difficile et oblige non seulement à l’implication de la communauté internationale, mais aussi des pays arabes, notamment ceux qui ont signé les accords d’Abraham.
Il semble que Joseph Borrell, le ministre des affaires étrangères de l’Union européenne, a consacré l’essentiel de ses publications sur X (anciennement Twitter) à Israël (127 je crois, depuis le mois de mars) essentiellement pour condamner la guerre contre le Hamas et réclamer un cessez-le-feu. Il a également posté deux messages à propos de la libération par Tsahal de quatre otages détenus à Nusseirat dans la Bande de Gaza, pour qualifier l’opération de « nouveau massacre commis par les Israéliens » et de « bain de sang ». Comment expliquer cette obsession anti-israélienne de la part d’un ancien responsable socialiste espagnol ?
« Pepe » Borrell que j’ai bien connu et pour qui j’avais de la sympathie, qui s’était engagé de façon très claire contre le séparatisme catalan, avait des liens très fort avec Israël. Je m’explique donc d’autant moins ses prises de positions actuelles que je trouve déplorables. Je vois un lien entre son attitude et celle, insupportable du gouvernement espagnol dont plusieurs ministres socialistes parlent d’un génocide à Gaza, et qui s’est engagé dans le reconnaissance immédiate d’un État palestinien, ce qui ne règle aucun problème et donne un point au Hamas. Cela fait apparaître le Hamas comme le leader de la cause palestinienne et affaiblit l’Autorité palestinienne déjà en piteux état à cause de l’attitude de ses dirigeants, de leur corruption et de leur incapacité à proposer les termes d’une issue.
Il y a par ailleurs un certain nombre de dirigeants européens, en Irlande, en Slovénie, en Norvège, en Belgique évidemment, qui ont une lecture du monde qui me paraît périlleuse et qui confine par faiblesse et lâcheté à une alliance avec le wokisme et l’islamisme, en croyant privilégier le grand nombre. Je crois qu’ils se trompent et cette erreur est funeste.
On est dans un moment où il faut du courage, il faut lutter contre cette lâcheté. J’attends de toutes les Chancelleries européennes un engagement clair.
Au fond, les Européens ne comprennent pas la part tragique de l’Histoire. Nous avons la guerre en Ukraine. Il y a la guerre au Proche et au Moyen-Orient et cette guerre nous concerne. Les islamistes, les Frères musulmans visent à se rallier les communautés musulmanes en Europe et toute faiblesse à cet égard est une erreur funeste.
La gauche porte aujourd’hui encore une responsabilité importante dans la conduite des politiques en Europe notamment. Quels sont pour vous les principaux échecs de la gauche au pouvoir ? Et quelles en sont les causes ? Vous-même, qui avez été ministre de l’intérieur puis premier ministre sous la présidence de François Hollande, quelles auraient été vos erreurs dans les décisions politiques que vous avez prises ou accepté de prendre ? Ne regrettez-vous par exemple cette mesure concernant la dépénalisation du séjour irrégulier sur notre sol ?
Évidemment, nous en France, nous avons commis des erreurs. La principale est due au fait que nous avons gagné en 2012 (parce que je ne remonterais pas plus loin ici) après 10 ans où l’anti-Sarkozisme a été privilégié. Cela certes nous a permis de remporter de nombreuses victoires locales, mais nous n’étions pas préparés, il y avait trop de divisions, trop de divergences au sein de la gauche et au sein du Parti socialiste. Le choc avec la réalité du pouvoir, une croissance zéro, un chômage de masse, une crise de la zone euro, les questions migratoires, évidemment les attaques terroristes révélant la question cruciale de l’islam dans notre société, nous ont rompus en miettes. D’où les « frondeurs », d’où les difficultés à gérer le pays, même si nous avons tenu, notamment face aux vagues terroristes.
La gauche était totalement dispersée et c’est pour cela que j’ai théorisé « les gauches irréconciliables ».
Sans doute nous n’avons pas répondu à l’angoisse qu’éprouvaient (qu’éprouvent encore) beaucoup de nos compatriotes, des classes moyennes notamment et des couches populaires, ce sentiment de déclassement, d’éloignement territorial et social.
Autant sur les questions de sécurité et de lutte contre le terrorisme je pense que j’ai incarné l’autorité républicaine nécessaire, mais sur la laïcité, nous étions divisés, on l’a vu dans mon combat contre Dieudonné, dans les débats sur le burqini ou le voile à l’université. Et sur la politique de l’immigration, j’ai évité « un grand soir » sur ces questions, mais dans notre programme de 2012, il y avait toujours cet étendard toujours proclamé jamais applicable, du droit de vote pour les résidents étranger aux élections locales.
Nous pensions que les Français d’origine arabo-musulmane votaient à gauche, mais on s’est bien aperçu que sur les questions scolaires, sur le rapport à la République, sur la qualification de l’attentat contre « Charlie Hebdo », il y avait des divisions profondes, des doutes. Au fond, comme le disait le regretté Laurent Bouvet ou comme l’écrit toujours Renée Fregosi, la gauche est passée à côté de la question identitaire et culturelle. La gauche n’a pas compris que le 21ème siècle s’ouvrait sur le 11 septembre 2001. Je reconnais que sur ces questions-là je me suis trouvé isolé, je n’ai pas réussi à faire assumer suffisamment ces enjeux, ces défis, et je me suis retrouvé souvent marginalisé.
Je l’ai éprouvé dans les années 2000, lorsqu’il a fallu soutenir la crèche Babilou avec par exemple Caroline Fourest ou Richard Malka. Nous avons été peu nombreux à avoir voté la proposition de Copé et de Gerin (un UMP et un communiste) sur l’interdiction du voile intégral dans l’espace public. La plupart des socialistes se sont abstenus.
Donc nos contradictions nous ont fait imploser dans l’exercice du pouvoir et les Français l’ont vu, ce qui fait que la gauche chez nous et un peu partout se soit trouvée en très grande difficulté.
Comment alors s’allier aujourd’hui ceux qui ont pactisé avec les Indigénistes, qui considèrent que le 7 octobre est un acte de résistance, qui foulent au pied la laïcité, qui nous accusent d’être des laïcards d’extrême droite, qui nous considèrent comme des fascistes pour nous exclure du champ politique.
C’est cette bataille-là culturelle, identitaire que nous avons perdue, mais pour ma part, je suis fier d’avoir toujours tenu bon et de continuer à incarner cette gauche républicaine et laïque dont on a tant besoin.
En effet aujourd’hui, vous êtes la seule personnalité de premier plan susceptible de prendre la tête d’un nouveau mouvement résolument républicain, social et anti-islamiste crédible. Certains l’espèrent. Mais combien sont-ils, c’est difficile à estimer. Ils se sentent souvent bien seuls. Que leur dites-vous ? Reconstruire à moyen terme une alternative de type social-démocrate adaptée au stade actuel de la mondialisation, non seulement en France mais à l’échelle européenne, cela vous paraît-il possible ?
Il faut avoir la force de s’engager à nouveau, mais d’une certaine manière les circonstances nous l’imposent. D’abord il faut faire une bonne analyse de ce qui est train de se passer et des évolutions électorales. Ceux qui votent pour le rassemblement national ne le font pas uniquement par colère, il y a aussi une forme d’adhésion, il y a une forte attente d’autorité. Il est invraisemblable que le RN ait réussi à incarner la laïcité, la nation, la République. Par ailleurs parler de social-démocratie en France a toujours été une difficulté étant donnés les rapports entre le PS et les syndicats, et la social-démocratie est partout en faiblesse parce qu’elle a épousé les évolutions du capitalisme financier que la crise de 2008 a mis en relief avec le choc pour le pouvoir d’achat des classes moyennes.
Mais je suis convaincu qu’il y a une immense majorité de Français qui sont favorables à la République laïque et sociale, c’est l’ADN de notre pays. Eh bien d’une manière ou d’une autre, en surmontant parfois les clivages avec ceux qui se situent à droite mais n’acceptent pas de courir après le rassemblement national, il y a une union républicaine, laïque et sociale qui est possible. En tracer les contours est encore compliqué et l’échéance si proche des élections législatives ne facilite pas les choses, mais il existe, cet espace républicain, laïque et social, je pense par exemple à Jean-Michel Blanquer qui travaille aussi ces questions. Il faut que chacun d’entre nous y contribue.
Mais à très court terme, quel est votre positionnement par rapport au vote des 30 juin et 7 juillet prochain ? Une alliance électorale était-elle encore possible pour stopper l’ascension du RN et dénoncer l’imposture dudit Front populaire ? Appeler à voter Renaissance sans condition me semble difficile étant donnée l’ampleur de la déception à l’égard d’Emmanuel Macron même chez ses soutiens à l’origine.
Il faut dire les choses clairement et d’une certaine manière nous n’avons pas le choix. C’est : ni RN ni LFI. Donc il faut que dans chaque circonscription, les Français puissent choisir, il faut les aider pour cela, celui ou celle qui est le mieux placé d’abord pour être au second tour, et ensuite, battre un RN ou un LFI. Pour qu’il y ait un maximum de députés qui incarnent cette certaine idée de la France et de la République qui va de l’Europe à la laïcité, de la justice sociale à la lutte contre la haine des Juifs et d’Israël, et qui ont conscience du péril qu’est l’islamisme.
Je sais que c’est compliqué, que c’est difficile surtout dans ce bruit, dans cette fureur, dans cette précipitation, après la décision que l’on puisse dire pour le moins étonnante du président de la république, mais nous avons besoin qu’un maximum de députés incarnent cela et puisse former une nouvelle majorité. La majorité macroniste c’est terminé. Il faut incarner une nouvelle majorité qui sera dans un premier temps une majorité de projet, de reconstruction. Je ne vois pas d’autre solution. Il n’y aura pas de majorité issue du macronisme, il ne peut pas y avoir de majorité du Front populaire qui représenterait une catastrophe pour notre pays, il faut empêcher la majorité du Rassemblement national. Même si encore une fois, ce sont les Français qui décideront: nous sommes en démocratie.
Dans cette période-là, je veux essayer d’indiquer dans chaque circonscription quel est le choix pour faire en sorte qu’il y ait moins de députés RN ou LFI et que la République vive.
Entretien mené par Renée Fregosi pour Tribune juive
Valls a donc cessé la danse du ventre aupres de son ami macron ? Excellent choix car il semble que les rats commencent a quitter le titanic macronien avec autant de courage et de conviction que lors de leur ralliement .
Nous apprecions , par ailleurs l engagement de Valls aupres d Israel , nous aurions aimé qu il ne contribue pas lourdement a la perte de la France lors de son in-action aupres du gros nul a scooter .
Merci Mr Valls pour votre constat
Cependant, vous ne proposez aucun plan concret qui puisse battre les extrêmes
Pourquoi n’avez-vous pas songé à bâtir une alliance avec ceux qui ont les mêmes idées ?
Dommage vous dressez un constat mais sans perspectives et surtout sans solution..
MR Valls a toujours défendu Israël qui est le seul pays démocratique au milieu de pays arabes mais aujourd’hui il n’a plus de rôle politique en France et c’est dommage
Non. Cette union n’est pas possible : il s’agit d’une manière de noyer le poisson. L’Etat français est (tout comme la Grande-Bretagne ou l’Afrique du sud) un régime fasciste ayant institué un racisme inversé et un antisémitisme d’Etat : idéologie raciste véhiculée par presse et universités, impunité totale des prêcheurs de haine, banalisation totale des crimes et agressions racistes presque systématiquement étouffés, destruction progressive de toute forme de liberté d’expression etc…
Ces logorrhées sur la République (ayant depuis longtemps cessé d’exister) sont aussi ineptes qu’indecentes au regard de ce qui se passe réellement dans ce pays et des agissements criminels de l’Etat français.
Manuel Valls (et son parcours politique est…éloquent) fait partie du Mal qu’il prétend dénoncer.
Tout comme la Grande-Bretagne, les USA, la Belgique, l’Afrique du Sud ou les dictatures islamistes
Enfin ! Peut on espérer voir venir un horizon de gauche tel que M. Valls le décrit? Cela demandera du temps, des analyses circonstanciées et beaucoup de courage politique !
J’aime beaucoup Manuel Valls, son courage, sa pugnacité et sa lucidité. Mais la gauche s’est définitivement décrédibilisée avec son déni permanent du péril islamiste et son alliance avec les seuls vrais fascistes de France. Le RN est le seul parti qui s’engage à lutter contre le plus gros danger de la France, n’a jamais eu un mot contre Israël et les juifs. Je vote pour lui sans hésiter.
Il me semble qu’il subsiste encore des gens raisonnables à partir desquels peut se constituer une majorité républicaine quelles que soient leurs accointances politiques en dehors des extrémistes. Pas sûr que les français avides de changement et surtout du « moi d’abord ! » en soient conscients : le résultat nous le dira d’ici quelques jours.
Je ne comprends pas que R. Glucksmann pour qui j’ai voté avec confiance se soit associé à ce foutoir de gauche. Du coup il est tombé de plusieurs crans dans mon estime.
Glucksmann a parlé du carnage commis à Gaza par tsahal. Quel est le mot le plus fort ? Génocide ou carnage ?