
Je suis de ces Français Juifs qui, depuis années, ont pressenti le danger qui nous guettait. Un danger que certains minimisaient, dont d’autres refusaient tout simplement d’admettre l’existence.
Je suis de ces canaris dans la mine qui, très tôt, ont perçu que le coup de grisou se rapprochait inexorablement de nous, et au-delà de nous, de notre démocratie française, autrefois montrée en exemple à travers le monde.
Je suis de ces gens nés à gauche, qui ont pleuré de joie le 10 mai 1981 et ne comprenaient pas vraiment à cette époque pourquoi la liesse n’était pas partagée bien au-delà de la gauche socialiste.
Je suis de ces Français, canaris, Juifs et de gauche qui ont définitivement quitté la gauche socialiste quand elle est devenue pleutre et folle. Une folie qui n’en finit pas de la faire descendre aux enfers, on le constate avec évidence depuis quelques jours…
Pour autant je n’ai pas vraiment basculé dans un autre camp politique, par fidélité pour mes idées, par fidélité aussi pour mes prédécesseurs qui avaient combattu pour des idéaux de partage, et de liberté. Et ce, sans jamais avoir été militant ni encarté…
Immunisé contre l’extrême-droite et sa takhiah habile consécutive à des années d’injures et d’agressivité du gros borgne blond, tout autant que contre l’extrême-gauche et le marxisme/léninisme/maoïsme/trotskysme/stalinisme et tant de « isme » encore dont toutes les expériences de par le monde se sont soldées par des boucheries sans nom et par une oppression à tous les étages, j’ai découvert effaré le pont diabolique jeté entre cette gauche-là et les terrorismes puis les islamismes…
Encore des « ismes » comme dans nazisme, mouvement qui ne s’est pas éteint en 1945 et que tous ceux dont je parle, aux deux extrêmes, ont suivi, sinon les idées au moins les méthodes…
Habilement ou plus grossièrement, nous avons été, nous sommes, nous serons pour toujours leur cible idéale !
Quant au Macronisme, sans jamais au fond y croire vraiment, j’ai pu penser un temps qu’il pouvait représenter une solution transitoire mais séduisante (c’était en 2017) pour combattre les intolérances dont moi, canari français juif de gauche, je voyais l’inexorable progression…
Je pensais aussi qu’un jeune et fringant président serait une force après des années de présidents défaillants…
J’avais cependant dit et écrit alors que le droit à l’échec de Macron était nul. Que de cet échec ne pourrait advenir qu’un risque ultime pour la République et la démocratie en France…
Nous y sommes.
Au lendemain d’une dissolution à mon avis bien trop rapide pour être « pensée » (comme celle de Chirac quelques années plus tôt), moi le canari qui prédit les coups de grisou au fond de la mine, je dois bien admettre qu’il y a bien des malchances que tout cela débouche sur une catastrophe mortelle pour la France et au-delà pour l’Europe, entre un RN sûr de lui et dominateur (ils devraient accueillir cette expression gaullienne à notre égard avec dégoût) et une gauche Front Populaire 2.0 qui a tout d’une vaste plaisanterie par rapport à la version de 1936, porteuse de tant d’espoirs (mais conduisit paradoxalement à la guerre).
A la vérité, l’orphelin désemparé que je suis aujourd’hui ne sait plus ce qu’il doit faire entre une droite devenue irréductible et une gauche folle, avec au milieu le ventre-mou du Macronisme dont la théorie du « en même temps » s’est échouée sur l’incapacité du Président, et de son orchestre, à se remettre en question. A contrario sur sa capacité à porter contre vents et marées des « réformes » impopulaires car inadaptées à la psyché d’un peuple pour qui les mots de liberté, d’égalité et de fraternité ont été démonétisés…
Des gilets jaunes au COVID, en passant par l’injuste réforme des retraites et l’inflation non contrôlée (faute d’être totalement contrôlable), avant la guerre en Ukraine puis celle entre Israël et le Hamas, tout s’est agrégé pour faire la démonstration de l’inconsistance frisant l’inconscience et l’incompétence d’un pouvoir très tôt aux abois et continuant cependant de faire passer des lois aux forceps (le 49.3).
L’orphelin désemparé que je suis sait à coup sûr pour qui il ne votera pas le 30 juin…
Mais il ne sait pas pour qui il pourrait voter, étant entendu que la bagarre manichéenne qu’on nous impose ne correspond à rien pour moi.
Et si je m’abstiens d’aller voter ce sera double peine: l’arrivée quasi-certaine du RN aux manettes avec un fort contre-pouvoir violent face à lui.
Alors que faire ? Partir ?
Beaucoup me le conseillent, mais bien peu de ceux-là savent à quel point ce serait pour moi faire le deuil de presque 60 ans d’amour éperdu de la France ! L’amour d’un orphelin désemparé…
GEKA