À l’issue des résultats des élections du Parlement européen, la France se dispose à renouveler la composition de l’hémicycle parlementaire. Il y a fort à parier que les électeurs qui se sont prononcés pour leur représentation européenne réitèrent tendanciellement leur choix à l’identique le moment venu de désigner les élus de la nation.
L’état de la France témoigne une fois de plus d’une crise de la vie politique, doublée d’une crise des institutions. Les massacres du 7 octobre 2023 perpétrés contre la population d’Israël ont eu des retombées jusqu’en Europe. Depuis cette même date la question palestinienne est devenue à un titre ou à un autre, explicitement ou incidemment, un thème significatif de campagne, un révélateur dans le plein sens du mot. Notamment parce qu’il a provoqué en France, mais aussi dans toute l’Europe occidentale, de nombreux débats sur la question sécuritaire.
Derrière le thème palestinien, les deux extrêmes du pays ont prospéré : La France Insoumise a définitivement fait ses choux gras d’un antisémitisme revisité aux couleurs de l’antisionisme, tandis que Le Rassemblement National a su exploiter, a contrario, toutes les hantises de la « question de l’immigration ». Ce parti, on s’en souvient, reçut naguère de F. Mitterrand une légitimité de repoussoir mécanique, à l’époque où il était encore dirigé par J.M. Le Pen sous le nom de Front National…
Il semble cependant que le scenario rétrogressif de « l’union sacrée face à la menace fasciste », et du geste correspondant consistant à agiter le chiffon rouge sous les yeux d’un électorat apeuré parce qu’émotionnellement suggéré, ce scenario disons-nous semble avoir perdu en efficacité. C’est qu’en l’espace d’au moins quatre décennies, l’affirmation nationaliste s’est puissamment étayée d’un projet anti-européen qui aura déçu en se détournant du projet principal d’une Europe sociale, et que la gauche s’est fracturée en montrant qu’elle était incapable de se maintenir au pouvoir sans se laisser emporter par les courants vifs du néo-libéralisme. Et lorsque la fraction de la gauche qui avait été utilisée comme force d’appoint disparaît de la scène de l’exécutif, elle montre son irrésistible propension à renouer avec son passé démagogue, populiste et antisémite.
Au soir même des élections européennes, les états major politiques ont été amenés à faire part de leurs analyses, mais ils ont surtout été amenés à esquisser les grandes lignes de leur stratégie en vue des élections législatives. Le parti présidentiel désavoué a quand même eu le réflexe consistant à appeler à l’unité nationale contre les extrêmes (entendez, surtout : l’ancien Front National) et la gauche séparatiste (entendez, notamment la France Insoumise), tandis que certains représentants du Parti socialiste ont appelé à une « nouvelle union de la gauche ». Bis repetita ? On voit bien que ce premier réflexe constitue un réflexe de survie. Mais les deux orientations entendent aussi exercer le pouvoir, à tout le moins ne pas en être complètement exclues. Or, il est manifeste que dans la conjoncture qui s’annonce, un gouvernement de cohabitation serait nécessairement formé, comme c’est la norme, à partir des rangs de la nouvelle majorité.
Si le principal enjeu était seulement celui de l’exercice momentané du pouvoir (entendez : jusqu’aux prochaines élections présidentielles), toutes les formations, qu’elles soient de droite ou de gauche, ont intérêt à réunir les conditions d’un rassemblement optimal sous l’égide de leur sensibilité. Si l’enjeu majeur à moyen terme est de recomposer un véritable équilibre dans la vie politique française, deux formations politiques ont tout intérêt à jouer dans l’immédiat la carte de l’intégrité, quitte à perdre aujourd’hui, en sachant que ce qu’elles perdront aujourd’hui sera le creuset probable d’une grande future victoire.
Le mérite de l’intégrité reviendrait ainsi, avec ses acquis et ses promesses, d’une part au parti de Raphaël Glucksmann (Place Publique), d’autre part au parti de François-Xavier Bellamy (Les Républicains). Le devenir et la force d’entraînement à venir de ces deux formations dépendront entièrement du choix politique que leur direction fera prévaloir dans la perspective des législatives. L’essentiel de leur crédibilité se jouera sur les alliances qu’ils consentiront ou répugneront à passer.
En refusant de s’allier avec Le Rassemblement National, Les Républicains marqueraient définitivement la distance incomblable entre l’héritage gaulliste, de sensibilité européenne, avec une droite nationale issue du pétainisme, et le néo-socialisme réformateur de Place Publique gagnerait en force de conviction en refusant tout rapprochement avec les autres formations de gauche, à commencer par LFI. De même, Les Républicains fortifieraient leur prétention politique en ne s’alliant pas au parti présidentiel, autant que Place publique sortirait grandie de refuser tout rapprochement avec La France Insoumise. Mais comme en matière de calcul politique il n’est pas raisonnable de ne pas faire de calcul, y compris parmi les plus contradictoires, il n’est pas exclu que nous soyons prochainement pris à témoins du scellement d’alliances contre-nature. La question est seulement de savoir laquelle de ces deux formations – Les Républicains ou Place Publique– sera la première à provoquer un tour d’écrou qui maintiendra la vie politique française dans un état de crise constant ?
Il est d’ores et déjà possible de formuler ce que sera la tendance immédiate, et le profil de la future cohabitation. Le tropisme de gauche est trop marqué en France pour ne pas exploiter une fois encore le motif révolutionnaire de la « patrie en danger ». Le PS résiduel, avec une partie de l’électorat de Place Publique, sera porté au compromis, tout en souhaitant se garder de toute compromission. Déjà l’horizon d’un « front populaire » a ses émules, en dépit de criantes antinomies. Mais sa reformation, d’abord rhétorique, demeure inévitable. Cela évitera au pays une cohabitation centre/extrême droite. Mais quel seront les orientations de ce Front Populaire ? Nous ne sommes pas en 1936, et les menaces d’aujourd’hui ne sont pas identiques à celles d’avant-hier. Il s’agira sans doute d’abord de faire valoir un mythe mobilisateur, mais les tensions demeureront entières entre deux gauches ouvertement incompatibles : la gauche adepte du séparatisme, de la provocation de principe et du coup de force, et la gauche authentiquement parlementaire désireuse de promouvoir une politique sociale et une harmonisation de l’Europe pour le plus grand nombre.
Restent les micro-formations politiques, créditées de peu de voix : une bonne partie s’agrègera au nouveau « Front populaire ». Les formations de droite plus classique auront encore du chemin à faire, pour répondre à des défis auxquels les extrêmes ne sauraient apporter que des réponses extrêmes.
La défense de la vie démocratique demeure assurément le principal enjeu de cette suite électorale : pour l’Europe, pour chaque nation qui la compose. Mais que dans un premier temps, la France soit l’otage des extrêmes, semble inévitable, les mentalités y sont préparées depuis plusieurs décennies. Et nous allons vraisemblablement vers des temps troubles, au cours desquels la démocratie sera menacée par ses caricatures populistes, de droite comme de gauche. Telle est désormais la nouvelle figure de la « patrie en danger ».
© Georges-Elia Sarfati
Georges-Elia Sarfati : Philosophe, linguiste, psychanalyste existentiel. Fondateur de l’Université Populaire de Jérusalem. Poète, lauréat du Prix Louise Labbé.
Que certains puissent condamner ou prétendre condamner l’islamisme et l’antisémitisme et EN MÊME TEMPS soutenir Macron alors que celui-ci est factuellement leur allié prouve qu’aucune leçon n’a été tirée des événements post 7 octobre. Il est pourtant impossible de nier la nature intrinsèquement fasciste du Macronisme qui en donne des preuves chaque jour.
Il ne se passe pas un jour sans que le pouvoir français et européen ne prouve son allégeance totale à l’idéologie islamiste et indigéniste. Car combattre l’islamisme et l’antisémitisme sans combattre l’indigénisme et le racisme inversé n’a AUCUN SENS.
Même la politique étrangère de Macron et Von der Leyen s’inscrit dans une logique fasciste. C’est une manifestation du Nihilisme le plus destructeur : la Guerre et le culte de la Mort est leur ivresse.
Le basculement dans le nazisme du monde occidental (Europe de l’ouest et Amérique du Nord) est déjà une réalité irréversible.
La majorité des gens sont tellement habitués au Fascisme et à la Barbarie que pour eux c’est devenu la normalité. Songez pourtant à Sarah Halimi, à Lola et à toutes les innombrables victimes de cette barbarie dont le pouvoir est complice. Songez à la menace réelle d’une 3eme guerre mondiale _ par votre faute.
Un macroniste n’est rien d’autre qu’un mélenchoniste qui s’ignore. Et ce Front mélenchoniste en construction est la plus grande formation politique néo hitlérienne de l’Europe moderne.
Cher Georges Elia Sarfati,
J’apprécie toujours la finesse de vos analyses, y compris celle que vous venez de nous proposer. Je partage vos espoirs, soit une remontée en force du Centre (Centre droit / Centre gauche), je partage vos espoirs mais sans illusion. Et déjà parce que le Parti Socialiste (dont Place publique est plus ou moins l’héritier) a été lessivé par François Mitterrand. De fait, le dernier socialiste français digne de ce nom est Pierre Mendès France. Je sais qu’il est toujours hasardeux de rapprocher ainsi deux temps de l’histoire mais sous la poussée des événements, Raphaël Glucksmann, a priori modéré, pourrait être tenté par une fuite en avant, soit une alliance avec l’extrême-gauche dont LFI. Son parcours pourrait alors avoir un peu à voir avec le modéré Francisco Largo Caballero devenu toujours plus radical sous la poussée des événements, au cours de la IIème République espagnole, juste avant la guerre civile de 1936-1939, une radicalisation qui est l’une des (nombreuses) causes de cette guerre. En France le centre-gauche a été lessivé, le centre droit l’a été plus récemment (en partie grâce à Emmanuel Macron). Que dire à présent sinon : « Vogue la galère ! » et « Qui vivra verra ».
L’une des plus grandes mystifications entretenues par les beaux esprits est la « modération » et la rationalité inhérentes au centre social-démocrate. Macron ne sait que diviser et provoquer. La France vit littéralement une situation de guerre en période de paix. Quant à Glucksmann, ses positions va-t-en-guerre permanentes, ses collusions avec les régimes pourris d’Ukraine et de Géorgie sa soumission aveugle aux États-Unis, son pro-immigrationisme délirant en font un danger pourla paix en Europe. La montée des extrêmes n’est que la conséquence du dégoût que leur politique inspire au peuple qui les subit.
Les positions va-t-en guerre permanentes et son mépris de classe (il reconnaît lui-même ne rien connaître aux classes populaires !!!) montrent qu’il est aussi à gauche que je suis pape ou cosmonaute. Il est infiniment plus proche de Margaret Thatcher que de Jean Jaurès. Quant à la racaille de la FI, c’est la peste brune dans tout son horreur.
Le Macronisme étant en quelque sorte la fusion entre les deux.
La culture politique des Français est un mythe. Leurs dirigeants modernes ont cette particularité unique au monde d’agir toujours Contre l’intérêt de leur population : c’est l’exception française ! Ce qui fait d’eux (à 1 ou 2 exceptions près comme Chirac) les pires dirigeants élus au monde.
Je ne vais pas perdre mon temps à rappeler les horreurs qui se passent en France : d’autres commentateurs l’ont fait. Tout Juif et même tout Blanc peut légitimement s’y sentir en danger. Mais même dans le domaine économique, Macron est le plus nul des dirigeants européens : la France est au bord de la faillite. Sur le plan diplomatique, il a réussi à monter tout le monde contre lui. Si les Africains se débarrassent de la France c’est à cause de lui et non pas à cause des Russes ou des Chinois comme les idiots macronistes (pléonasme) essaient de le faire croire. On a les dirigeants qu’on mérite.
Les positions va-t-en guerre et le mépris de classe de R. Glucksmann (ligne 1)