De joies en deuils, de réjouissances en moments de tristesse, le peuple juif est lui-même le fruit d’une moisson, fauchée puis renaissante. Toujours renaissante
Cette année, à l’occasion de la fête juive de Chavouot, le peuple d’Israël achèvera le décompte traditionnel des sept semaines qui se sont écoulées depuis la fête de Pessah ainsi que celui des huit mois de guerre qui ont fait suite aux massacres du 7 octobre. Cette fête célèbre une double récolte, celle de la moisson du blé et celle du don de la Torah sur le mont Sinaï. Elle devrait donc être commémorée dans la joie.
Dans la tradition rabbinique, cette période de sept semaines possède un caractère affligeant de par les évènements tragiques qui s’y sont produits au cours de l’histoire juive, dont les persécutions de la première croisade. Cette année-ci, une double croisade est menée contre le peuple juif : celle du djihad islamiste, et celle des antisionistes niant tout autant le droit d’Israël à exister, mais aussi à se défendre.
Bien avant cela, les Maccabées interrompirent les combats qu’ils menaient pour observer ce jour sacré. En cette fête de Chavouot, Israël envisage de même un cessez-le-feu dans l’espoir de libérer les otages israéliens détenus à Gaza par le Hamas. La valeur sacrée que la nation juive accorde à la vie provient en voie directe de la Torah qu’elle reçut au mont Sinaï.
Pour Rabbi Akiva, la période précédant Chavouot est une période passée dans l’angoisse quant au sort des récoltes. Et dans la littérature deutérocanonique (Livre de Tobit), Chavouot apparaît comme un jour de joie devenu jour de peine. Mais pour Maïmonide, la fête donne lieu à une double réjouissance car on y célèbre non seulement une bonne récolte, mais aussi la première récolte émanant de la terre promise que le peuple juif recouvre au terme de l’Exode.
Rabbi Yohanan ben Nouri en conclut que cette réjouissance de Chavouot devrait se doubler d’une crainte révérencieuse. Cette année, malgré la guerre, la récolte a été bonne, même dans les exploitations bordant Gaza, au sud, et le sud-Liban, au nord. Et l’économie israélienne demeure solide en dépit des coûts exorbitants du conflit. Nous avons libéré quatre otages, la semaine dernière. Aujourd’hui, quatre combattants de Givati ont péri dans le feu de l’action. De joies en deuils, de réjouissances en moments de tristesse, le peuple juif est lui-même le fruit d’une moisson, fauchée puis renaissante. Toujours renaissante. La moisson de la vie et de la résilience envers et contre tout. Hag Sameah !
© Raphaël Jerusalmy
Raphaël Jerusalmy, ancien officier du renseignement militaire israélien, auteur d'”Evacuation” chez Acte Sud, est analyste politique sur i24News.
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