Hamid Enayat. Élection présidentielle iranienne

Hamid Enayat

Après le décès d’un président, selon l’article 131 de la Constitution, les élections présidentielles doivent avoir lieu dans un délai de 50 jours. Après la mort d’Ebrahim Raeesi dans un accident d’hélicoptère, l’élection présidentielle est prévue pour le 28 juin. 

Selon le calendrier annoncé par le ministère de l’Intérieur de la République islamique d’Iran, du vendredi 30 mai jusqu’au lundi 3 juin en fin de journée, les candidats devaient s’inscrire au ministère de l’Intérieur. Ensuite, le Conseil des gardiens examinera les qualifications des candidats et annoncera les noms définitifs des candidats le 11 juin. Après cela, les campagnes électorales se poursuivront jusqu’à la fin du 6 juillet, et l’élection présidentielle aura lieu le 28 juin.

Inscription des candidats jusqu’à présent :

Selon le ministère de l’Intérieur, à ce jour, le nombre total de candidats éligibles pour la quatorzième élection présidentielle s’élève à 46 personnes. 

Parmi les candidats, quatre se distinguent particulièrement :

  1. Saeed Jalili : ancien Secrétaire du Conseil de sécurité nationale de 2007 à 2013.
  2. Ali Larijani : ancien Président du parlement pendant trois mandats consécutifs de 2008 à 2020.
  3. Seyyed Vahid Haqqanian : Adjoint exécutif de la maison de direction et conseiller exécutif d’Ali Khamenei. Il est souvent vu en arrière-plan sur de nombreuses photos avec Khamenei. il a joué un rôle dans la répression des manifestations après les élections de 2008 et de janvier 2017 et est connu comme l’un des principaux piliers du leadership.
  4. Mahmoud Ahmadinejad a été président de 2005 à 2013 pour deux mandats. Durant son mandat, le projet nucléaire iranien a connu une grande expansion, avec des dépenses astronomiques. Il a pris en main la gestion du programme nucléaire à une époque où seuls cinq centrifugeuses étaient en activité dans l’usine nucléaire, et il n’y avait pratiquement aucune activité. Sous le gouvernement d’Ahmadinejad, ce nombre est passé à 3 000 centrifugeuses. En raison des fraudes électorales et des divisions au sommet du gouvernement, son mandat a conduit à un soulèvement populaire qui a été violemment réprimé par le régime iranien. Ahmad Alirezabeigi, député de Tabriz et ancien gouverneur de l’Azerbaïdjan oriental sous le gouvernement d’Ahmadinejad, a déclaré le 26 mai : « Si Mahmoud Ahmadinejad se présente à l’élection présidentielle, … Il faut assurer à Ahmadinejad qu’il sera approuvé par le Conseil des gardiens, car s’il se présente et est disqualifié, cela aurait des conséquences désastreuses. »

Deux pôles aux élections présidentielles: 

Selon les médias d’états iraniens, Ali Larijani et Saeed Jalili sont les deux principaux pôles des élections de 1403. Ces deux candidats ont un parcours similaire au Conseil suprême de sécurité nationale, mais ils représentent deux approches différentes pour préserver le régime.

  • Ali Larijani : Il estime que la préservation du régime dépend des interactions internationales et des moyens de subsistance économiques. En se concentrant sur la levée des sanctions, il a l’expérience de travailler avec les gouvernements de Hashemi Rafsandjani et Hassan Rohani.
  • Saeed Jalili : Ayant participé aux négociations nucléaires, il est considéré comme le successeur du gouvernement de Ebrahim Raissi et appartient à la même école de pensée que Guide Supreme Ali Khamenei, qui estime qu’il est nécessaire de protéger le régime par une répression absolue à l’intérieur sous divers prétextes tels que le hijab obligatoire.
  • Si Ali Khamenei accepte  l’ancien président, Mahmoud Ahmadinejad comme nouveau président, cela provoquera certainement de nombreuses fissures au sommet du système qui entraînera évidemment, comme en 2008, des soulèvements massifs à la base. Cela pourrait mettre fin à la dictature d’Ali Khamenei. 

Pour remplacer le président disparu, le Guide suprême iranien Ali Khamenei, peut avoir deux options :  

Option #1 : Ali Khamenei pourrait continuer à purger le régime pour le consolider davantage avec des radicaux et résister aux vagues de soulèvements populaires. Les partisans de cette idée, comme le Guide suprême lui-même estiment qu’ils pourront ainsi mieux maintenir le régime des mollahs au pouvoir.Dans ce cas, il cherchera un Raïssi-bis pour exercer pleinement son hégémonie. C’est le postulat de toute dictature. Il pense qu’une scission au sommet du régime équivaut à un soulèvement à la base comme l’année 2008.  

Option #2 : le Guide suprême envisagerait de remplacer Ebrahim Raïssi par une figure respectée sur la scène internationale, telle qu’Ali Larijani (il a présidé le Parlement pendant trois mandats consécutifs et a été vu aux côtés du Guide suprême de la révolution de l’Iran lors de la cérémonie commémorative de Ebrahim Raïssi). Ce dernier et bien d’autres au sein du régime pensent que pour maintenir ce régime au pouvoir, il est nécessaire d’interagir avec l’occident afin d’empêcher les soulèvements populaires. Le régime ne devrait pas être durs avec les gens sur la question du hijab etc., mais Les partisans de cette idée ne peuvent cependant pas répondre à la question de savoir comment renoncer à l’oppression du peuple même partielle, tout en préservant le Guide suprême qui est le pilier du soutien à ce régime.

© Hamid Enayat

Hamid Enayat est Politologue, spécialiste de l’Iran et militant pour les droits de l’homme


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