Les relations de Mahomet avec les Juifs avaient bien commencé. Dans un ouvrage publié en 2001, l’imam Abdul Palazzi[1] cite des passages du Coran très positifs envers les Juifs. Par exemple :
Nous sauvâmes les Enfants d’Israël du châtiment avilissant de Pharaon qui était hautain et outrancier. A bon escient Nous les choisîmes parmi tous les peuples de l’univers (44, 30-32).
Mais lorsque Mahomet vit que peu de Juifs se convertissaient à sa nouvelle religion, il se retourna contre eux. Il massacra des tribus entières : à Médine en 624 et à Khaybar en 628.
Juifs et Chrétiens logés à la même enseigne
Depuis Mahomet, des Arabo-musulmane ont créé de vastes empires. Les règles pour gérer les populations conquises par le jihad ont été fixées par des légistes aux 8ème et 9ème siècles. Qui tuer de suite ? Qui enrôler dans l’armée ? Qui réduire en esclavage ? Comment financer la poursuite du jihad ? Qui taxer et exproprier ? Que faire des dhimmis, ces Juifs et ces Chrétiens sous contrôle de l’islam ?
Bat Ye’or[2] a décrit les conditions de vie des dhimmis : s’ils ont le droit de vivre sur leur terre, c’est en tant qu’êtres humains inférieurs, soumis, discriminés, exploités, humiliés. Les dhimmis vivent dans la peur : s’ils se révoltent, s’ils lèvent la main sur un Musulman, même un enfant qui leur jette des pierres, ils risquent la mort. Il y a eu de nombreux massacres de Juifs et de Chrétiens : par exemple, en 1915, les Turcs ont massacré 1,5 millions de dhimmis arméniens, soupçonnés de déloyauté.
L’inversion victimaire : Amin al-Husseini (1895-1974) et Sayyed Qutb (1906-1966)
Comme Hitler, qui avait accusé ses victimes juives de menacer l’Allemagne, le nazi al-Husseini et le frériste Qutb ont prétendu que les Juifs complotaient contre l’islam, voire contre chaque Musulman.
« Les Juifs… ont comploté contre la communauté musulmane dès le premier jour où elle est devenue une communauté. »« Cette guerre acharnée que les juifs ont lancée contre l’islam, … ne s’est pas éteinte, même un seul instant, depuis près de quatorze siècles. « La lutte entre l’islam et les Juifs continue en force et continuera donc, car les Juifs ne se contenteront que de la destruction de cette religion (l’islam). »[3]
Selon Matthias Küntzel,[4] « Qutb a révisé le Coran et réécrit l’histoire traditionnelle de l’Islam. Alors que les Juifs de Médine [massacrés en 624] n’avaient en réalité aucune chance contre Mahomet et ses compagnons, Qutb présente les Musulmans comme les victimes et les Juifs comme les agresseurs de l’Islam. »
L’analogie entre Hitler et les islamistes est parfaitement justifiée. Dès son arrivé au pouvoir en 1933, Hitler leur a accordé de larges financements, qui leur ont permis de se lancer dans une grande campagne de propagande antijuive et d’accroître leur audience. Bien souvent les Frères musulmans ont loué Hitler, ce grand homme qui a tué tellement de Juifs. Et comme les racistes n’ont pas besoin d’être cohérents, cela ne les empêche pas d’être négationnistes de temps en temps.
La jonction des antisémitismes chrétien et musulman
Pour les Chrétiens, les Juifs (en fait les Romains) ont tué le prophète, en la personne de Jésus, fils de Dieu. Ce sont des personnages potentiellement dangereux et maléfiques. Mais selon la tradition musulmane, c’est au contraire le prophète qui a tué les Juifs ; ce sont donc des gens faibles, ridicules, qu’on peut et doit humilier. Selon Kuntzel, Al-Husseini et Qutb ont fait la jonction entre les deux antijudaïsmes en parlant d’une Juive qui aurait tué Mahomet. C’est l’histoire de Zaynab bint Al-Harith, dont le mari, Sallam, mourut au combat à la tête de la résistance juive de Khaybar. Le père, l’oncle, les frères de Zayneb périrent également dans ce combat. Lorsqu’il n’y eut plus d’espoir, Zayneb empoisonna un repas de Mahomet. Le prophète échappa miraculeusement à ce poison violent ce jour-là, mais, selon al-Husseini, il en mourut … 3 ans plus tard :
« le peu de poison qui s’était introduit dans la langue de Mahomet continuait à se faire sentir, et certains historiens attribuent sa mort à cela… Les Musulmans doivent toujours garder à l’esprit le repas à Khaybar ».
Al Husseini et Qutb ont fait de Zayneb un symbole du complot des Juifs contre l’islam, …complot qu’ils ont inventé. Bien entendu, lorsque cette histoire est relatée aux enfants sur les TV arabes, on parle de “la Juive”, perverse comme ‘les’ Juifs, sans évoquer les sentiments qui bouleversaient la jeune femme.[5]
L’appel à la destruction d’Israël avant-même l’indépendance d’Israël en 1948
Pendant 6 ans, de 1939 à 1945, Al Husseini a martelé cette propagande sur Radio Berlin en arabe. Ainsi, en juillet 1942, quand les nazis approchaient du Caire, il appelait les Arabes au meurtre des Juifs :
« Arabes de Syrie, d’Irak et de Palestine, qu’attendez-vous ? Les Juifs prévoient de violer vos femmes, de tuer vos enfants et de vous détruire. Selon la religion musulmane, la défense de votre vie est un devoir qui ne peut être rempli qu’en anéantissant les Juifs…. Tuez les Juifs, brûlez leurs biens, détruisez leurs magasins, anéantissez ces vils partisans de l’impérialisme britannique. Votre seul espoir de salut est dans l’anéantissement des Juifs avant qu’ils ne vous anéantissent »[6]
Ces appels aux massacres, lancés avant même l’indépendance d’Israël, ont résonné le 7 octobre 2023.
Inversion du sens des mots et inversion victimaire
Dans sa charte, le Hamas utilise des mots du langage des défenseurs des droits humains, mais qu’il emploie dans un sens différent. Ainsi, le mot ”colonialisme“. Récemment, en parlant de « Gaza » devant une classe de la région parisienne, une enseignante disait que « Les Juifs sont en Palestine depuis 3000 ans. Les Arabes sont arrivés récemment. On ne peut donc pas dire que les Juifs sont des “colons”.
Elle aurait pu ajouter que la Palestine a été “colonisée” par des empires arabo-musulmans pendant 14 siècles et que l’immigration arabe récente a été plus importante que l’immigration juive.
Mais selon le Hamas, ce sont les Juifs qui “colonisent” la Palestine. Pour le Hamas, c’est au nom de la loi islamique : une terre comme la Palestine, qui a été conquise “de vive force” par le jihad doit rester “une terre islamique waqf pour toutes les générations de musulmans jusqu’au jour de la résurrection” (Article 11 de sa charte). Les indigènes (les Juifs) qui veulent recouvrer leur indépendance sont qualifiés de “colonialistes”. Le mot “colonialiste” employé par le Hamas, par BDS, par SJP (Students for Justice in Palestine)… signifie l’inverse du sens entendu par la gauche européenne.
Cette inversion du sens du mot “colonie” masque en fait une inversion victimaire !
Conclusion
Ce n’est pas une “résistance” à Israël ou au colonialisme qui a suscité le massacre du 7 octobre, mais l’antisionisme et l’antisémitisme diffusés dans le monde arabe depuis 80 ans par les Frères musulmans, une organisation suprémaciste islamique.[7] Leur racisme s’est cumulé avec les lois moyenâgeuses de la dhimmitude. Par l’intimidation, par les assassinats de Musulmans antiracistes, les islamistes ont imposé leur vision dans le monde arabe. Ils tentent maintenant de l’imposer dans les pays démocratiques. Grâce à un double discours ambigu, ils font illusion auprès des opinions publiques et des universitaires [8] !
Notes
[1] Abdul Palazzi : antisionisme et antisémitisme dans le monde islamique contemporain, dans ‘Nouveaux Visages de l’antisémitisme’, NM7 2001
[2] Bat Ye’or, Parler du jihad et de la dhimmitude ou les occulter ? Colloque de Dhimmi Watch, ‘’La France après le 7 octobre’, 11/4/2024
[3] Matthias Küntzel: ‘Nazis, Islamic Antisemitism and the Middle East: The 1948 Arab War against Israel and the Aftershocks of World War II, Routledge 2023; Chapitre ‘Sayyid Qutb: “Our Struggle with the Jews”’
[4] Matthias Kuntzel, ouvrage cité, chapitre : ‘our struggle with the Jews’. Le nom du chapitre est celui du livre de Qutb. En allemand, ce titre est « unser Kampf mit den Juden », qui évoque le « Mein Kampf » de Hitler.
[5] Voir MEMRI, No. 1184 – Egyptian Cleric Sheik Muhammad Sharaf Al-Din on a Children Show). Voir aussi les articles https://en.wikipedia.org/wiki/Zaynab_bint_Al-Harith et https://en.wikipedia.org/wiki/Sallam_ibn_Mishkam.
[6] Matthias Küntzel, ouvrage cite, chapitre ‘The Call to Pogrom’
[7] P-A Taguieff : « Les trois sources de l’islamo-palestinisme jihadiste (Haj Amin al-Husseini, Hassan al-Banna, Sayyid Qutb) et le massacre du 7 octobre 2023 », Colloque de Dhimmi Watch, La France après le 7 octobre, 11 avril 2024
[8] Dhimmi Watch, 26/5/2024 : Oui, c’est bien de l’antisémitisme ! https://dhimmi.watch/2024/05/23/oui-cest-bien-de-lantisemitisme/
Article qui ne traite pas le fond du sujet qui est théologique. Tant que cet aspect sera ignoré ou traité en surface, on ne comprendra pas plus l’antisémitisme musulman que l’antisémitisme chrétien.