La décision de la France de reconnaître en principe la validité juridique des décisions de la Cour Pénale Internationale de La Haye, est gravissime et lourde de conséquences graves pour les Juifs de France. Si la Cour instruit formellement le procès du premier ministre israélien et de son ministre de la défense (je laisse de côté les chefs du Hamas qu’elle implique), elle rejaillit objectivement, dans l’antisémitisme d’atmosphère qui sévit actuellement, sur l’ensemble des Juifs du monde occidental et impacte leur statut même de citoyens et leur salut comme hommes tout court. Elle rend tout lien avec Israël criminel, comme ont déjà commencé à le prétendre des députés LFL au Parlement.
Cette décision fait peser sur le président Macron une très lourde responsabilité sur ce qui peut arriver, sur ce qui arrivera. La ritournelle du “en même temps” pour rendre compte de cette décision incompréhensible sur le plan de la morale et de la justice ne marche pas ici. Elle ouvre un fossé entre les déclarations de soutien, les cérémonies du souvenir et le comportement sur le terrain du Quai d’Orsay et donc de l’État, à preuve cette décision politique gravissime sur plan de la politique intérieure qui expose les Juifs français à la pire des adversités. Désormais tout peut arriver. Elle fait du Juif un paria mondial, hors sol, exposé, de toutes parts et sans raison spécifique, à la haine et à la violence.
La décision de La Haye – sous la houlette d’un procureur pakistanais, rappelons-le, ce qui donne du sens à la décision “juridique” – met au banc les Juifs en attente d’être “jugés”, les ravalant au rang de terroristes criminels (cf. la compagnie des chefs du Hamas). Elle invite à les poursuivre par soupçon de collusion et les expose à subir la violence de l’environnement le plus large qui soit car ils se retrouvent sortis de toute légalité, coupables de principe tant qu’ils ne sont pas “jugés” : mis au banc de l’humanité.
Cet état de fait rappelle irrésistiblement les analyses du philosophe italien Giogio Agamben sur un dispositif du droit romain antique, le statut juridique de l’”homo sacer”. Ce statut concerne un homme mis au ban de la société parce qu’il est coupable d’une faute grave et qu’il a perdu le statut de citoyen mais qu’on ne peut punir par les voies habituelles et donc que l’on pourrait tuer sans se rendre coupable d’homicide.
Agamben joue sur un paradoxe : c’est en vertu d’une décision juridique (ici, la CPI) que la société fait de l’homo sacer un homme banni, c’est dire un “exilé” à domicile échappant à toutes les catégories du droit, voué à une condition sauvage. Il remarque que les Juifs, avant d’être déportés, ont été déchus de leur citoyenneté.
Avec la procédure ignominieuse de la CPI, la légalité et la légitimité des Juifs d’Occident sont devenues questionnables, en principe douteuses (mise en rapport avec des référents comme l’apartheid et le crime contre l’humanité…). Elle est une invitation au passage à l’acte. C’est pourquoi nous devons résolument la combattre.
© Shmuel Trigano
Professeur émérite des Universités, Shmuel Trigano vient de publier « Le chemin de Jérusalem, théologie politique » (Les Provinciales).
Merci Mr Trigano pour votre analyse
Vous ne donnez aucune solution , lutter oui mais comment ?
Devons-nous nous armer ou attendre qu’ils frappent à notre porte?
Vous souvenez-vous de ce qu’a dit le pasteur Niemoller “quand ils sont venus me chercher”
Le catastrophisme constitue le fond de commerce du très présent Trigano. Un mode de pensée linéaire. Il est contre productif, ses excès ne nous font pas de bien. Peut être vit il dans son monde, il ne sait pas où ne veut pas savoir que nous avons tellement d’amis. La belle intervention du sénateur Karoutchi a été tant applaudie. Ne soyons surtout pas naïf ni crédule mais nous ne sommes en aucun cas seuls ni parias.
@Jo Le Sec Je ne suis pas juif mais je partage le constat de S. Trigano. Bien sûr que vous n’êtes pas seuls dans la mesure où une partie de la population mondiale soutient Israël et les Juifs. Heureusement qu’il n’y a pas que des nazis et des collabos…Mais ces derniers sont tout de même extrêmement
nombreux (il suffit de jeter un coup d’œil sur les forums…) et surtout ils sont AU POUVOIR.
A la fois dans de nombreux États (Hexagone y compris), à l’UE ou à l’ONU.
Le constat de S.Trigano me semble lucide et objectif : j’avais fait le même bien avant de lire son article.
Okay
Mais encore ?
Du professeur Avner Ziv, de l’Université de Tel Aviv : “…l’humour juif est né en Europe orientale comme un mécanisme de défense. Les Juifs y vivaient dans des petits shtetls entourés par une immense majorité de chrétiens qui les détestaient et qui ont plusieurs fois essayé de les détruire. Aujourd’hui, tout a changé… Les Juifs vivent dans un petit état entouré par une immense majorité d’Arabes qui les détestent et qui ont essayé plusieurs fois de les détruire. Alors pas d’inquiétude… Nous avons encore besoin de l’humour juif pour survivre… “
Sylvain, merci de vous pencher sur nos problèmes. Peut etre pratiquez vous la politique de l’autruche et qu’en considérant la situation d’une manière réaliste vous êtes possiblement plus seul que nous.
“Peut-être pratiquez-vous la pratique de l’autruche et qu’en considérant la situation d’une manière réaliste” : Cette formulation ne veut rien dire (contre-sens)
“Vous êtes possiblement plus seul que
nous” (?) : Jo Le Sec, merci de vous préoccuper de mes problèmes
Joe Le Sec, merci de vous pencher sur mes problèmes…Mais la phrase qui suit ne veut absolument rien dire…