
L’OSE ( Œuvre de Secours à l’Enfant ) n’a pas seulement pris en charge des enfants rescapés de la Shoah, elle a continué et continue encore aujourd’hui son action auprès des plus démunis, et des enfants en souffrance, quelque soit leur origine.
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J’ai travaillé plus de 20 ans dans le Département d’Audio-Phonologie pédiatrique de l’hôpital Trousseau dirigé par le Dr Lucien Moatti זייל.
Il m’a tout appris sur l’enfant sourd.
Bien avant les tests électrophysiologiques de dépistage auditif, appliqués aujourd’hui dans toutes les maternités, il se servait de jouets sonores pour tester les enfants.
C’était un grand clinicien qui ne s’est jamais trompé dans ses diagnostics.
C’était un homme sévère, austère, qui inspirait le respect.
À mon retour de Jérusalem, où je m’étais formé à l’hôpital Hadassah chez le Pr Haïm Sohmer à l’électrophysiologie cochléaire, il m’avait proposé de travailler avec lui.
Il ne m’a pas simplement appris comment prendre en charge un enfant sourd, il m’a appris ce qu’est l’humanité et l’empathie devant le handicap. La tendresse pour un enfant polyhandicapé.
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Le Dr Moatti était également vice-président de l’OSE.
Il avait organisé à La Sorbonne une exposition sur l’action de l’OSE en Tunisie, à laquelle il m’avait invité.
En parcourant les allées de l’exposition, j’ai reconnu ma mère sur une photo en noir et blanc.
Elle avait fait partie, dans les années 60, d’une équipe de pédiatres et d’infirmières qui avait mené une campagne de vaccinations dans le quartier juif pauvre de Tunis, la ‘Hara.
Je me suis arrêté, je n’avais jamais vu cette photo.
« C’est ma mère », j’ai murmuré.
« Je ne savais pas que ta mère avait travaillé pour l’OSE… Je vais lui envoyer une invitation pour l’exposition », m’a dit le Dr Moatti.
Ma mère a visité l’exposition, très émue par ces souvenirs.
Elle m’a appelé tout de suite après.
« Ton professeur, le Dr Moatti, a été très gentil avec moi. Il m’a dit qu’il était content de ton travail ! »
J’en ai déduit qu’elle avait dû l’interroger comme elle interrogeait mon institutrice sur mes progrès en orthographe.
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On dit que les mères juives sont très fières de leur fils médecin.
Moi je suis très fier de ma mère infirmière.
© Daniel Sarfati