Chaque jour que dieu fait, les Juifs sont forcés de se poser une question : sont-ils redevenus des étrangers sur la terre ?
Tout converge, tout fait système, de l’ONU à la Cour Pénale Internationale, du Quai d’Orsay, de l’Union européenne et de son ministre des Affaires étrangères, de Sciences-Po à Paris, des campus américains, tous pointent d’un doigt accusateur l’État juif comme le principal responsable des malheurs du monde. Au conseil de sécurité de l’ONU, ses membres observent une minute de silence et arborent le visage peiné de la compassion à l’annonce du décès accidentel du président iranien alors qu’à Téhéran ce sont des feux d’artifice qui ont été tirés pour se réjouir de la disparition du chef des tortionnaires. La terre continue de tourner à l’envers quand le procureur de la Cour pénale internationale se propose d’inculper le premier ministre d’Israël pour crimes contre l’humanité, tandis que le Quai d’Orsay, jamais en retard dès qu’il s’agit d’accabler Israël, ne trouve rien à y redire.
Il existe en France un nouveau parti antijuif. Après Drumont, après Maurras, après Poujade, après Jean Marie Le Pen, Dieudonné et son compère Soral avaient déjà compris que cette grosse ficelle attirait les suffrages des frustrés. Aujourd’hui portant en bandoulière les bons sentiments au service de la cause des causes, Mélenchon renouvelle ce très vieil ouvrage. La « Palestine du fleuve à la mer » est devenue le slogan rassemblant toutes les misères du monde commises par l’homme blanc contre les humiliés et les offensés de tous temps et de tous lieux. Le décolonialisme, l’indigénisme aidés par la pensée woke renouvellent le genre cette fois-ci au nom du Bien. Déjà en 2009 à l’occasion des élections européennes, une liste antisioniste avait réuni autour de Dieudonné un beau panel d’obsédés par leur haine d’Israël. Le sinistre comique peut voir son triomphe post partum : il est planétaire.
Il y a ceux qui détestent Israël , il y a ceux qui haïssent Israël parce qu’il combat ses ennemis, il y a ceux qui haïssent Israël parce que cet État a survécu à tous ceux qui voulaient le faire disparaître. Il y a ceux qui haïssent Israël parce qu’Israël se nomme Israël. Il y a ceux qui haïssent Israël parce que ce pays est habité (entre autres) par des Juifs. Il y a ceux qui haïssent Israël parce qu’ils ne comprennent pas pourquoi et comment ce pays est plus intelligent qu’eux. Il y a ceux qui haïssent Israël parce qu’ils le jalousent. Il y a ceux qui jalousent Israël pour son imagination, pour son énergie, pour sa créativité. Il y a ceux qui haïssent Israël parce qu’il les renvoie à leur propre incurie. Il y a ceux qui haïssent Israël parce qu’Israël incarne tout ce dont ils sont dépourvus. Il y a ceux qui haïssent Israël parce qu’Israël incarne la liberté. Il y a ceux qui haïssent Israël parce que son peuple les renvoie à leur propre misère psychique.
Mais il y a pire: il y a ceux qui haïssent Israël parce que cette haine les fait jouir. Cette haine des juifs les fait jouir. Cette haine est exceptionnelle, cet amour de la haine d’Israël est leur raison d’être. Cette plus longue haine dans l’histoire humaine reste une énigme. L’amour de la haine des Juifs est une manière de positiver cette incurable maladie de l’âme. L’amour dont les haineux, les jaloux, les frustrés sont justement dépourvus est ce qui fait qu’Israël est Israël. De quoi ces haineux sont-ils privés ? Quel est ce signe qu’ils jalousent tellement qu’ils veulent l’effacer, le détruire, l’anéantir. Ce projet n’est pas une nouveauté dans l’histoire de l’humanité. Des Philistins aux Perses, des Perses aux Romains, des Romains à l’Inquisition, de l’Inquisition aux nazis, des nazis aux staliniens et des staliniens au Hamas, tous ont cru pouvoir vaincre cet objet rétif à toute soumission. Le 7 octobre 2023 marque une date symbolique noire dans ce retour de cette même appétence pour la pulsion de mort. En hébreu, pour porter un toast en levant son verre, on dit « le haïm ! », « à la vie », et ceci marque une rupture avec ce que, de tous temps, l’ordre de l’inhumanité a voulu imposer.
C’est bien l’esprit pervers, c’est-à-dire le contraire de la Loi, le contraire de l’idée de la Loi, qui semble vainqueur. Grâce à cette ruse des mots qui a su transformer le Mal en Bien et le malin en sage, ce renversement s’épanouit tous les jours et toutes les tentatives de maintenir un ordre collectivement partagé, reposant sur les principes imaginés dans les déclarations des droits de l’homme, fussent-ils universels, se sont avérées vaines. Après la SDN, l’ONU, après des fleuves de sang versé au nom de l’avenir radieux, voilà que l’épanouissement promis, la paix promise, s’effacent devant la croyance fanatique des Uns contre les Autres. Après la domination du Nord contre le Sud, c’est le Sud qui réclame vengeance dans des termes symétriques, semblables à ceux que le Nord avait employés pour le dominer. C’est un présent nauséeux qui s’est installé.
À l’origine il y a eu, bien sûr, ces dix paroles destinées à sortir les humains de leur inhumanité. Ces dix paroles ont tenté d’émanciper l’espèce humaine du « tohu-bohu » dans lequel elle se trouvait. Elles ont réussi à lui donner une raison autre que celle des pulsions mais cela n’a pas plu aux amoureux de la force, de la conquête, de l’esclavage, de la soumission, de l’idolâtrie. Cette victoire du « jouir sans entraves » par le massacre jubilatoire des Juifs trouve sa source dans le projet d’effacement de ce que le judaïsme a, le premier, inventé contre l’état de barbarie. Les dix paroles ont su graver dans la pierre l’énoncé d’une Loi permettant de s’affranchir du Mal. Le trop fameux « Il est interdit d’interdire » fut considéré, il y a quelques temps pas si lointains, comme une formule supposée émancipatrice de l’ordre établi. Elle fut au contraire ravageuse. En voulant s’émanciper de la Loi, c’est le chaos spirituel qui est advenu et nous payons aujourd’hui collectivement le terrible prix de cette confusion.
Le malaise des civilisations conduit tout droit au choc de ces mêmes civilisations. Pour que l’Histoire ait une fin autre que chaleur et lumière dans un affrontement atomique annoncé, il faudrait que ceux qui ont encore quelques neurones actifs ouvrent enfin les yeux. Rien n’est moins sûr tant le désir d’en finir avec les Dix paroles semble plus fort que celui de continuer l’aventure humaine.
© Jacques Tarnero
Le Sud (les razzias et la traite arabo-musulmane) avait déjà envahi Le Nord (l’Europe) bien avant que l’inverse ne se produise.
On assiste ni plus ni moins au retour du nazisme, hormis que le racisme inversé est aujourd’hui le racisme dominant et que le phénomène est désormais quasi mondial. Quand j’énonce cette évidence, beaucoup trouvent que j’exagère…Tout en sachant au fond d’eux que c’est la réalité : Péguy disait que le plus difficile ce n’est pas de dire ce qu’on voit mais de « voir ce qu’on voit ».
Texte d’une grande justesse et d’une grande profondeur.
Merci pour cette réflexion remarquable, qui met très justement en avant la Loi et son refus actuel, en insistant sur le renversement des valeurs et l’omniprésence de la jalousie et du ressentiment de la part de gens qui n’ont pas le moindre recul critique vis-à-vis d’eux-mêmes. Le présent est sombre et augure mal de l’avenir…
Un seul mot suffit pour résumer toutes les raisons de haine que vous décrivez c’est STUPIDITE.
Albert Einstein disait: « Il n’existe que deux choses infinies, l’univers et la sottise humaine….. mais pour l’univers je n’ai pas de certitude absolue ».