Mosaïque. Journal de la guerre. Par Richard Elkaïm


Lundi 20 mai 2024, 12 Iyar 5784
« Glaives de fer », 227ème jour de guerre…

La soirée d’aujourd’hui lundi 20 mai au Centre Begin s’annonçait passionnante, présentée ainsi :
« Un historien, une anthropologue, un islamologue, et pas « n’importe lesquels », débattront le 20 mai 2024 en Israël autour du thème « Israël, Occident, Islam », au cours d’une soirée initiée par le Centre Begin et la chaîne  » Mosaïque  » et présentée par le journaliste Antoine Mercier.
« Repenser le monde après le 7 octobre »

Tout un programme déjà.
Et lourd. Et dense.
Qui promettait.


L’extraordinaire chef d’orchestre Antoine Mercier aime à jongler divinement avec ses questions si pertinentes, menant une folle cadence, marquant le tempo, tel le grand maestro qu’il est. Et les instruments des musiciens Georges Bensoussan, Éphraïm Errera et de l’anthropologue Florence Bergeaud-Blackler étaient tellement bien accordés que la longue soirée fut magistrale.
Il avait promis une surprise, le chef d’orchestre Antoine Mercier.
Et qu’elle fut belle cette surprise !

La surprise du Chef, à l’évidence.

Assise au premier rang à droite de Florence et Georges, une jeune femme. Un visage fin, lisse. Des cheveux noirs, frisés. Ébouriffés. Une esquisse de sourire dessinée sur ses lèvres. Qui est-elle ? Son visage me dit quelque chose, mais quoi ? Un visage vu, quelquefois, comme ça, je ne sais où. Est-ce à Jérusalem ? en Israël ou ailleurs? Je ne sais pas.
Et puis Antoine s’approche du pupitre et annonce « la » surprise. En la personne de cette jeune femme. Il l’invite au micro, elle tremble un peu, un instant, le temps de s’ébrouer, de frotter ses ailes, de mettre le ton qu’il faut à sa voix. Et puis la voici qui se lance. Une voix douce, un timbre mélodieux, le ton posé de celle qui a l’assurance des gens qui savent, dont l’intelligence brille avec éclat.
Et soudain c’est La Callas qui chante à la Scala de Milan, c’est Khatia Buniatishvili qui fait danser ses doigts sur le clavier de son piano…
Le Centre Begin est littéralement envoûté par cette femme.
Voilà Fadila Maaroufi. 48 ans ce mardi. Avec sa collègue Florence Bergeaud-Blackler, elle a foulé le sol hébreu hier pour la première fois. Le temps de 48 heures seulement. Le temps de venir nous parler. Le temps, ce matin, de faire un tour, rapide, du vieux Jérusalem, le temps de se recueillir devant le Kotel, le temps d’apprécier notre capitale, le temps de tomber folle amoureuse de Yerouchalaïm, avant de revenir toutes deux. Pour plus longtemps. C’est promis. Et c’est certain. Elle porte un petit haut noir, une veste noire, un jeans bleu, des tennis en daim marron. Surtout, surtout, autour de son cou, le collier et la médaille des otages « Bring Them Home Now 7.10.23 », « Ramenez-les à la maison », et puis au revers de sa veste le pin’s métallique ruban jaune des otages.
Fadila est née à Bruxelles. Elle est doctorante à la Faculté de philosophie et sciences sociales à l’Université Libre de Bruxelles et stagiaire à l’Institut de Recherches et d’Etudes sur les Mondes Arabes et Musulmans (IREMAM) à Aix Marseille Université. Elle est titulaire d’un master en anthropologie de l’Université Catholique de Louvain-la-Neuve (UCL). Elle est une anthropologue et militante laïque belgo-marocaine.
Elle était travailleuse sociale depuis 2000, et son travail de fin d’étude porta sur « l’endoctrinement islamiste des femmes musulmanes à Bruxelles ». Comme Florence, elle est menacée de mort par les siens en Belgique, elle a dix frères et sœurs, certains islamistes, certains proches de Daech. Elle présente des séminaires et conférences sur la radicalisation et l’endoctrinement des femmes musulmanes. Elle est directrice de l’Observatoire des fondamentalismes à Bruxelles, En 2020, elle est cofondatrice et directrice de l’Observatoire des Fondamentalismes à Bruxelles et en 2022, cofondatrice du Café Laïque Bruxelles.
Elle nous prévient : Bruxelles serait en passe de devenir la capitale européenne de l’Islam politique. Londres, Paris aussi.
Et puis.
Et puis la voilà qui demande à toute la salle de se lever et d’entamer avec elle la Hatikva. L’Espoir. Elle sort de sa poche les paroles de l’hymne d’Israël qu’elle ne connait pas.
Enfin pas encore.
Et toute la salle, debout, qui chante notre Hatikva.
Et qui applaudissent à tout rompre.
Je suis sûr que les deux anthropologues vont apprendre les paroles demain dans l’avion du retour.

Une soirée rare. Extraordinaire. Merci Antoine. Merci aux vieux de la vieille, Georges Bensoussan et Éphraïm Errera.
Cette soirée fut belle.

Richard Elkaïm
Yerouchalaïm

Am Israël Haï

Suivez-nous et partagez

RSS
Twitter
Visit Us
Follow Me

2 Comments

Poster un Commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*