Après l’annonce de la mort du président iranien Ebrahim Raïssi, le régime de Téhéran a proclamé un deuil national de cinq jours. Gageons que cette obligation protocolaire augure la promesse d’un prochain deuil : celui de l’effondrement sans reste du pouvoir des Mollah. Trouvons dans ce fait divers plein de sens, le motif d’énoncer quelques vues aussi lucides que clivantes.
Au plan de l’irruption de l’évènement – la philosophie a beaucoup péroré sur ce thème- ce crash d’hélicoptère, qui emporte à son bord d’autres hauts dignitaires sanguinaires, a tout de l’intrigue métaphysique : hasard du aux circonstances pour les uns (le mauvais temps …), sanction de la providence pour les autres (il y aurait donc un Créateur des cieux et de la terre…), pour d’aucuns encore l’effet d’une intervention secrète (le bras du Mossad…). Selon la formule consacrée par tous les négociateurs du monde : “Toutes les options sont sur la table”, même si la simple trivialité peut suffire à bien faire les choses.
Ubi et orbi, les différents pôles diplomatiques n’auront pas manqué à leur devoir, en rendant les derniers hommages. En tête de liste la mal nommée UE, cette cohorte en lambeau, toujours affligée de son humanisme loqueteux, et de son éthique à géométrie variable, aura été pionnière en matière d’hypocrisie visible, en proposant à la République Islamique d’Iran de mettre ses moyens logistiques au service des secouristes de la haute montagne d’Azerbaïdjan (« par solidarité humanitaire », précise sa dépêche). Juste après, mais à l’unisson – témoignant de la communion aveugle des tyrannies- viennent d’abord les suffrages affligés de tous les membres du club universellement choyé des organisations terroristes, Hamas, Hezbollah, FPLP, qui saluent la perte d’un « grand ami de la résistance » (complétez : à Israël, ce qui est désormais inscrits dans toutes les têtes), et d’un même souffle, les condoléances de la Russie, celles de la Chine, de l’Arabie Saoudite (grande partenaire des Accords d’Abraham…), et pour faire bonne figure, de la Jordanie, créée en 1922 pour résoudre avant la lettre le problème des Arabes de Palestine (ce que tout le monde a voulu oublier).
Pour notre part, nous guettons avec anxiété les signes d’une manifestation des gauches européennes, dans les grandes villes d’Europe, mais aussi sur les campus de Science Po et des universités du “monde libre”, LFI en tête, pour témoigner leur solidarité tactique avec le peuple iranien. En France, pour l’heure, nous n’avons entendu ni D. Guiraud (« les bébés dans le four, c’est Israël »), ni le vaseux P. Bompard, ni A. Caron (idéologue cyclope qui voit la réalité seulement d’un œil), ni M. Panot ( doctrinaire qui préconise un Etat palestinien sans connaître sa géographie), ni L. Boyard (dont l’ignorance gouailleuse est une injure au drapeau tricolore), ni la fausse pythie R. Hassan, ni les autres hérauts et défenseurs des malheurs du Hamas, toquer à la porte des rédactions pour manifester leur compassion, fût-elle rétrospective, pour la multitude des victimes de celui qui restera dans la mémoire comme le « boucher de Téhéran ».
Pour ce qui est de nous autres, juifs, selon la sobre formule du regretté Arnold Mandel, z’l, il n’est pas dans nos mœurs de célébrer la mort de nos ennemis. Et l’on aura beau chercher, nulle part l’on ne verra, ni dans les rues de Tel-Aviv, ni dans les rues de Jérusalem, les fonctionnaires ni les gens du peuple danser à la ronde, en s’offrant des friandises, comme cela est l’habitude bien ancrée chaque fois qu’un Ben Israël est assassiné par un militant de « l’axe de la résistance ».
Cela ne doit pas nous empêcher de nous incliner bien bas devant ce coup du sort, pour le remercier d’avoir frappé celui qui fut le fidèle serviteur d’un régime d’oppression : dès sa jeunesse, un exécutant fanatique et zélé de la théocratie , le procureur du « tribunal de la mort », artisan de la campagne de liquidation sommaire des milliers d’opposants, moudjahidines du peuple, apostats, libéraux ; le commanditaire de la répression des femmes, la principale caution des exécutions de masse, perpétrées à l’encontre de la jeunesse, celui dont la signature létale actionne toutes les potences, jusqu’aux dernières qui ont ôté la vie à des adolescents et des femmes rétives à porter le voile de soumission.
Le coup du sort, disons-nous. Exit Raïssi avec sa clique rapprochée. Fin de partie en l’air – une fois ne dut pas être coutume- pour celui qui envoya 350 drones et missiles sur Israël, et qui déclarait encore, aux mois d’Avril 2024, qu’il fallait “suspendre le temps au-dessus d’Israël”.
Alors, vraiment : Allah hu hakbar ?
© Georges-Elia Sarfati
Georges-Elia Sarfati : Philosophe, linguiste, psychanalyste existentiel. Fondateur de l’Université Populaire de Jérusalem. Poète, lauréat du Prix Louise Labbé.
Excellent commentaire à quand les Azerbaïdjanais qui se moquent du maonde
excellente analyse, c ´est enrageant d ´ entendre ces voix pleines de compassion pour ce boucher . Voix que l ´on entendra plus longtemps qu´ après le 7 Octobre, et la tuerie , le massacre de tous ces innocents