L’Unité du Cabinet de guerre compromise: Gantz et Netanyahou posent leurs divergences et se répondent via des discours

Le Premier ministre Benyamin Netanyahou et le ministre Benny Gantz, à Tel Aviv le 28 octobre 2023. - Abir Sultan/AP / SIPA

Gantz fustige l’indécision de Netanyahu, fixe 6 objectifs et menace de quitter le cabinet de guerre au 8 juin s’il n’est pas entendu

Le ministre de la guerre Benny Gantz tenant une conférence de presse, à Ramat Gan, le 18 mai 2024. Crédit : Miriam Alster/Flash90

“Il y a quelque chose de profondément brisé dans la façon dont les dirigeants israéliens gèrent la guerre.  Récemment, quelque chose n’a pas fonctionné, même si je salue l’unité qui a permis à l’armée israélienne de remporter des succès sur le champ de bataille et de ramener plus d’une centaine d’otages à la maison.

Mais des décisions cruciales n’ont pas été prises. Les actions de leadership nécessaires pour garantir la victoire n’ont pas été accomplies. 

Une petite minorité s’est emparée du pont du navire israélien et le dirige vers un mur de rochers.

Je demande au Premier ministre Netanyahu de s’engager sur une vision commune du conflit de Gaza qui stipulerait “qui” pourrait gouverner l’enclave une fois la guerre contre le groupe terroriste palestinien achevée.

Je souhaite que le cabinet de guerre élabore d’ici le 8 juin un plan en six points concernant la bande de Gaza, le retour des otages, le nord d’Israël, les efforts de normalisation avec les États arabes et bien d’autres points encore.

Si ces attentes ne sont pas satisfaites, je retirerai mon parti centriste, HaMahane HaMamlahti, du gouvernement d’urgence du Premier ministre.

J’appelle à un changement urgent de la direction de la guerre qui a dérivé en raison de la lâcheté de certains dirigeants israéliens. Alors que les soldats israéliens font preuve d’une incroyable bravoure sur le front, certains de ceux qui les ont envoyés au combat agissent avec lâcheté et un manque de responsabilité.

Alors que dans les sombres tunnels de Gaza, les otages subissent les affres de l’enfer, certains sont engagés dans des activités absurdes. Certains hommes politiques ne pensent qu’à eux-mêmes. Dans le saint des saints de la sécurité israélienne, des considérations personnelles et politiques ont commencé à pénétrer.

Or, une guerre ne se gagne qu’avec une boussole stratégique claire et réaliste. Une guerre n’est gagnée que lorsque tous les Israéliens font leur part et participent à l’effort de guerre.Les guerres ne peuvent être gagnées par des querelles intestines.

Le changement est nécessaire ici et maintenant, et mon parti, HaMahane HaMamlahti, fera tout ce qui est possible pour changer de cap, pour empêcher une collision avec le mur et pour s’assurer qu’Israël navigue en toute sécurité vers une véritable victoire.

L’unité doit être réelle, et non pas une façade qui dissimule l’impasse dans laquelle se trouve la direction de la guerre. Le blocage doit cesser.

J’appelle donc à un changement stratégique radical, à l’abandon de la fuite en avant, au profit de décisions courageuses et de processus décisifs.

À ce moment critique, les dirigeants doivent avoir une vue d’ensemble, repérer les dangers, identifier les opportunités et créer une stratégie nationale actualisée.

Le cabinet de guerre doit formuler et mettre en place un plan d’action d’ici le 8 juin afin d’atteindre  six objectifs stratégiques :

1. «Ramener les otages à la maison. 

2. Renverser le pouvoir du Hamas, démilitariser la bande de Gaza et obtenir le contrôle de la sécurité israélienne de Gaza.

3. Parallèlement à ce contrôle sécuritaire israélien, créer un mécanisme international de gouvernance civile pour Gaza, comprenant des éléments américains, européens, arabes et palestiniens – qui servira également de base à une future alternative qui ne soit ni le Hamas ni [le président de l’Autorité palestinienne] Abbas .

4. Faire revenir les habitants du nord dans leurs maisons d’ici le 1er septembre, et réhabiliter le Néguev occidental [adjacent à Gaza, pris pour cible par le Hamas le 7 octobre.

5. Faire progresser la normalisation avec l’Arabie saoudite dans le cadre d’un processus global visant à créer une alliance avec le monde libre et l’Occident contre l’Iran et ses alliés.

6. Adopter un cadre pour le service militaire/national dans lequel tous les Israéliens serviront l’État et contribueront à l’effort national.

Ce ne sera pas facile, mais ce n’est qu’en définissant les objectifs de manière claire et audacieuse que nous pourrons choisir le long chemin qui mène au sommet. Mes entretiens avec les dirigeants mondiaux et arabes me permettent de savoir que que l’objectif stratégique est réalisable.

Pour être clair, nous poursuivrons le Hamas et tous nos ennemis dans toutes les situations, partout et à tout moment. Israël restera seul responsable de sa propre sécurité. Nous ne permettrons à aucune puissance extérieure, amie ou hostile, de nous imposer un État palestinien. 

Netanyahou, je vous regarde dans les yeux ce soir et je vous dis que le choix est entre vos mains. Après vous avoir parlé à maintes reprises, le moment de vérité est arrivé. L’heure de la décision est arrivée. Je vous connais depuis des années comme “un leader et un patriote israélien, qui sait parfaitement ce qu’il faut faire”. Le Netanyahu d’il y a dix ans l’aurait fait. Pouvez-vous faire ce qu’il faut et ce qui est patriotique aujourd’hui ? Pouvez-vous choisir entre le sionisme et le cynisme, entre l’unité et la division, entre la responsabilité et la négligence, et entre la victoire et le désastre, auquel cas mon parti serait partenaire si vous choisissiez l’intérêt national plutôt que l’intérêt personnel , les traces de Théodore Herzl, David Ben Gurion, Menachem Begin et Yitzhak Rabin.

Mais si vous choisissez la voie des fanatiques et conduisez l’État tout entier dans l’abîme, nous serons contraints de quitter le gouvernement. Nous nous tournerons vers le peuple et formerons un gouvernement qui gagnera sa confiance. 

Nous sommes confrontés à des défis que nous n’avons pas connus depuis la Guerre d’Indépendance. Nous sommes une nation forte. Ceux qui ont survécu au Pharaon, à Titus et à Hitler survivront à [Yahya] Sinwar, [Hassan] Nasrallah et [Ali] Khamenei. Et pour le 100e anniversaire de l’indépendance d’Israël, l’histoire qui sera racontée sera celle d’une renaissance nationale”. 

La réponse de Netanyahu : “L’ultimatum de Gantz abandonne les otages, laisse le Hamas au pouvoir et mène à un État palestinien”

Benyamin Netanyahou. © Ronen Zvulun / AP

Après que le ministre du cabinet de guerre Benny Gantz a publié la critique cinglante de sa direction de guerre, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a accusé son partenaire de coalition et ancien rival politique de “lancer un ultimatum au Premier ministre au lieu de lancer un ultimatum au groupe terroriste palestinien du Hamas”.

Le bureau de Netanyahu a déclaré dans un communiqué que les exigences de Gantz signifieraient “la fin de la guerre et la défaite d’Israël, l’abandon de la majorité des otages, le maintien du Hamas au pouvoir et la création d’un État palestinien”.

“Si Gantz donne vraiment la priorité à l’intérêt national et non au renversement du gouvernement, il doit répondre à trois questions :

  • Gantz veut-il mener l’opération à Rafah jusqu’à son terme et, dans ce cas, pourquoi menace-t-il de renverser le gouvernement d’union pendant l’opération de l’armée israélienne ?
  • S’oppose-t-il au pouvoir de l’Autorité palestinienne (AP) à Gaza, même si Mahmoud Abbas n’est pas impliqué ?
  • Soutiendrait-il un État palestinien dans le cadre d’un processus de normalisation avec l’Arabie saoudite ?

Je suis déterminé à éliminer les bataillons du Hamas. Je m’oppose à l’introduction de l’Autorité palestinienne à Gaza et à l’établissement d’un État palestinien qui sera inévitablement un État terroriste.

J’estime que le gouvernement d’unité est essentiel pour atteindre les objectifs de la guerre, et j’attends de Gantz qu’il expose clairement au public ses positions sur ces questions.

Réponse de Gantz à Netanyahou

“Si le Premier ministre avait écouté Gantz, nous serions entrés à Rafah il y a plusieurs mois et aurions terminé la mission. Nous devons la terminer et créer les conditions nécessaires pour cela.

Non, l’AP ne doit pas diriger Gaza, mais d’autres Palestiniens pourront le faire, avec le soutien des États arabes et des États-Unis. Le Premier ministre devrait s’occuper de cette question et ne pas torpiller ces efforts”.

Répondant à la question de Netanyahu de savoir s’il soutiendrait la création d’un État palestinien dans le cadre d’un accord de normalisation avec les Saoudiens, Gantz a déclaré qu’il ne s’agissait même pas d’une demande saoudienne et qu’il n’avait pas l’intention de soutenir la création d’un tel État. Gantz a également attaqué Netanyahu pour avoir soutenu un État palestinien dans le passé.

“Si Netanyahu accorde de l’importance au gouvernement d’union, il doit prendre les décisions nécessaires, et ne pas traîner les pieds par peur des extrémistes de son gouvernement”.

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1 Comment

  1. Y a qu’à ! Faut qu’on ! Le faucon Gantz s’imagine t’il que ses propositions se réaliseront d’un claquement de bec ? Le moment est mal choisi pour vous tirer dans les pattes. De la part d’un observateur attentif et éloigné non israélien.

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