Israël n’a jamais pu se payer le luxe de tenir pour acquise sa survie, comme l’a encore prouvé le 7 octobre. Et pourtant, à travers les millénaires, ce sont ceux qui ont tenté de détruire les Juifs qui ont toujours disparu
Des membres des familles des soldats tombés au combat ou des amis sur leurs tombes lors de Yom HaZikaron au cimetière du mont Herzl à Jérusalem, le 13 mai 2024. (Crédit : AP Photo/Ohad Zwigenberg)
Il y a toujours quelque chose de gênant et de complexe lorsque Israël passe sans transition de la douleur du deuil – quand ses citoyens rendent hommage aux soldats tombés au combat pour la survie de la nation à Yom HaZikaron – aux festivités qui accompagnent le début d’une nouvelle année d’existence de l’État juif à l’occasion de Yom HaAtsmaout avec une transition qui s’effectue, selon certains, à une vitesse qui frôle l’indécence.
Et pourtant, ce n’est pas réellement le cas cette année.
La souffrance, le chagrin et la colère de cette première journée de Yom HaZikaron depuis le massacre commis par le Hamas sur le sol israélien, le 7 octobre, ont été si profonds, si écrasants, qu’il est impossible d’imaginer pouvoir, aujourd’hui – même de loin – s’abandonner sans réserve à des célébrations retentissantes à l’occasion du 76e anniversaire de notre indépendance.
Les événements qui ont marqué toute la journée de Yom HaZikaron ont souligné le cauchemar permanent dans lequel est plongé le pays. Doris Liber, représentante des familles des soldats portés-disparus, dont le fils, Guy Illouz, a été assassiné et dont la dépouille a été emmené à Gaza, a lancé un appel en direction du Premier ministre Benjamin Netanyahu lors de la cérémonie principale qui avait lieu sur le mont Herzl. Elle lui a demandé de garantir la remise en liberté des otages : « Je n’ai même pas de stèle sur laquelle me recueillir », a-t-elle dit, en pleurs.
La cérémonie officielle qui a marqué le début de Yom HaAtsmaout, lundi soir, n’a pas été en reste – avec la présence, pour allumer les torches traditionnelles, de certains des héros israéliens qui se sont distingués le 7 octobre et depuis, dont un grand nombre avaient sauvé des vies lors de l’attaque sanglante et d’autres qui ont fait face au deuil avec une noblesse sortant de l’ordinaire.
L’événement avait été préenregistré, en l’absence de public – ostensiblement pour des raisons de sécurité même si, comme cela a été largement suggéré, ce format a permis à Netanyahu de délivrer un messagesans risquer les huées que lui et ses ministres ont essuyées pendant toute la Journée de commémoration.
Des participants à une cérémonie alternative de Yom HaAtsmaout brandissent des pancartes sur lesquelles on peut lire « pas d’otages, pas d’indépendance » à Binyamina, le 14 mai 2024. (Crédit : Flash90)
Simultanément, de très nombreux Israéliens se sont rassemblés en solidarité avec les proches des captifs sur la Place des Otages, à Tel Aviv alors qu’à Binyamina, dans le nord du pays, une cérémonie « d’extinction des torches » a été organisée, un événement où les participants ont brandi des panneaux affirmant que « Pas d’otages, pas d’indépendance ».
L’Israël des temps modernes n’a jamais pu se payer le luxe de tenir pour acquise sa survie et la guerre en cours qui est combattue sur de multiples fronts depuis la catastrophe du 7 octobre montre qu’une fois encore, le pays ne doit pas baisser la garde et qu’il ne doit pas faire preuve de complaisance dans l’évaluation de ses ennemis et de leurs intentions, sous peine d’n subir les conséquences dévastatrices.
Israël souffle sa 76e bougie au moment où la guerre dont l’objectif est de démanteler le Hamas est quasiment dans l’impasse ; au moment où notre allié vital, les États-Unis, s’inquiètent de manière croissante de la stratégie de Netanyahu – ou plutôt de son absence de stratégie. Israël fête cet anniversaire au moment où 128 des otages qui ont été kidnappés le 7 octobre se trouvent encore dans les geôles du groupe terroriste à Gaza et au moment où le Hamas a reconnu avoir présenté un document de cessez-le-feu qui, en fin de compte, s’avère être un cadre habilement construit qui offrirait la fin de la guerre et la libération d’un grand nombre de terroristes meurtriers dans une Cisjordanie au bord de l’explosion, en échange de la remise en liberté d’un très petit nombre de captifs.
Une visiteuse se recueille devant un mémorial en hommage aux Israéliens qui ont été tués ou kidnappés pendant l’attaque commise contre le Hamas au festival de musique électronique Supernova, le 7 octobre, sur le site du festival, aux abords du kibboutz Reim, dans le sud d’Israël, le 13 mai 2024. (Crédit : JACK GUEZ / AFP)
La frontière nord reste une région fantôme d’où des dizaines de milliers de résidents israéliens restent exilés. L’Iran, qui cherche ouvertement à détruire Israël, a récemment attaqué le territoire à l’aide de centaines de drones et de missiles (presque tous ont été interceptés) et elle se rapproche de la bombe atomique, au désespoir visible du chef du groupe de veille du nucléaire, au sein des Nations unies.
Incompétent chronique sur « le deuxième champ de bataille » – avec une Administration nationale de la diplomatie publique, placée sous l’égide du Bureau du Premier ministre, qui n’a jamais eu la priorité et qui est dépassée et avec un ministère des Affaires étrangères repoussé à la marge – Israël a à peine tenté, de manière officielle, d’expliquer le contexte de la guerre et le cynisme affiché par un Hamas qui se bat en se cachant derrière et sous les Gazaouis, les plaçant en première ligne. Mais même si une diplomatie publique efficace était parvenue à retourner la communauté internationale ne serait-ce qu’un peu en faveur d’Israël, l’État juif a dû faire face, presque immédiatement après le 7 octobre, à une intolérance croissante concernant son droit à l’auto-défense – intolérance savamment orchestrée qui se transforme de plus en plus en antisémitisme ordinaire.
Des Israéliens allument les torches lors de la cérémonie pré-enregistrée qui a lieu la veille de Yom Haatzmaout, le 13 mai 2024. Au centre, Iris Haim, dont le fils Yotam, pris en otage par le Hamas le 7 octobre, a été accidentellement tué par l’armée, le 15 décembre dernier aux côtés d’Alon Shamriz et de Samar Talalka, après qu’ils ont échappé à leurs ravisseurs. (Capture d’écran : GPO)
Fracturé en son sein, isolé dans le monde, il n’y a que peu de réconfort offert à l’État juif pour son anniversaire.
A l’exception peut-être, cela dit, de la résilience extraordinaire de la nation juive – à travers ses 76 années d’existence moderne et pendant tous les millénaires qui ont précédé. Il y a toujours eu des tentatives visant à détruire le peuple juif. Ceux qui s’y sont essayés ont disparu dans les poubelles de l’Histoire et les Juifs, eux, sont restés.
Le judaïsme, dans son essence a quelque chose de divin à offrir à l’Humanité – un code de vie dont nous devons nous assurer que nous en sommes l’exemple. Une éthique, ancrée dans une foi, qui valorise l’empathie et le respect d’autrui, qui sanctifie la vie. Cela a très certainement été déterminant dans la survie du peuple juif à travers les âges. Et une fois encore, tant que nous y resterons fidèle, ce code de vie a en lui le potentiel de faire continuer à vivre notre État assiégé.
© David Horovitz
Source: TOI
« Cette résilience extraordinaire de la nation juive » est déjà en soi un chose à célébrer. Israël n’est pas seulement l’unique démocratie du Moyen-Orient. C’est l’une des seules démocraties tout court et rarement (voire jamais) un pays aussi digne d’être aimé n’a suscité autant de haine.
Quand tant d’entre elles sombrent dans le chaos et dans l’indignité, Israël est un exemple pour toutes les nations. Un exemple de courage, de dignité, de résilience et de détermination.