Ici, Yotam Haim mort en essayant de se libérer des geôles du Hamas. De l’autre côté de la Méditerranée, des étudiants de son âge, déguisés en terroristes islamistes qui jouent à la révolution dans les beaux quartiers parisiens.
Yotam, le résistant
Une longue semaine de tournage pour « Looking for Yotam », le documentaire de Caroline Bongrand que je co-réalise avec elle et que je produis. Un portrait de Yotam Haim ( זייל ) 28 ans, l’un des trois otages israéliens qui avaient réussi à s’évader et qui ont tragiquement été atteints par des tirs amis de soldats de Tsahal. Nous avons sillonné le Sud, de Re’im à Kfar Aza, d’Or Haner à Sde Nitsan, de Sderot à Gvulot. Au loin, à quelques kilomètres Gaza dont nous parvient le bruit sourd d’explosions auquel on se surprend s’habituer.
À la rencontre donc de Yotam à travers ceux qui ont passionnément aimé cet être hors du commun. « Mort comme un ange », nous dira un des soldats qui a assisté au drame du haut d’un immeuble. Son âme sœur, Noga telle Harry et Sally-, Eyal son ami du Kibboutz Gvulot , Yossi, Lidor et Dani les musiciens de Persephore, son groupe, et beaucoup d’autres. Nous avons surtout passé de longues heures avec la famille de Yotam, Tuval entièrement dévoué à la mémoire de son frère, Noya sa petite sœur que toujours il encourageait à se dépasser, Raviv, son père dont le témoignage a atteint toute notre équipe. Et bien sûr, peut-être une des personnes les plus inspirantes qui m’ait été donnée de rencontrer, Iris, la mère de Yotam, devenue une icône en Israël pour ses appels à l’unité du pays, pour avoir déclaré qu’elle n’en voulait pas aux soldats impliqués dans la mort de son fils car pour elle le vrai responsable était le Hamas.
Si jeunes et déjà soumis
Au bout de cette semaine émotionnellement intense, rattrapage sabbatique sur mon autre «front ». Alors, je vais aux nouvelles de la France. Une partie de moi, même en régression, pour ne pas dire en dépression, le réclame. Là-bas mais tellement loin, un monde qu’on ne reconnaît plus, qui vous oblige à un réajustement optique, tant les infos me tombent des yeux. Ici, Yotam Haim mort en essayant de se libérer des geôles du Hamas. De l’autre côté de la Méditerranée, des étudiants de son âge, déguisés en terroristes islamistes qui jouent à la révolution dans les beaux quartiers parisiens.
L’affrontement que nous pressentons depuis des années, sur lequel nous sommes plusieurs à avoir alerté, se met en place. Même si, pour ma part, je ne le voyais pas venir du sommet mais de la base. Identifier et accepter ses biais pour reconnaître les vrais dangers.
Revue d’effectifs. Rima Hassan nouvelle égérie de Jean-Luc Mélenchon -Chikirou fais gaffe- qui dans une autre vie, il y a un mois, appelait à l’expulsion des juifs du territoire d’Israel from the river (la Seine ?) to the Sea, donc à la destruction de l’Etat et pour ne pas paraître trop antisémite, proposait à la communauté européenne de répartir les juifs ainsi chassés « dans leurs pays d’origine».
Les LFIstes diront qu’elle a changé, comme il y a peu le baffeur Quatennens, ou l’hypnotiseur Miller. Et nous sommes sommés de les croire sous peine d’être projetés à l’extrême droite. Même Bompard, qui quand je l’interviewais il y a 5 ans à Toulouse, s’affichait farouchement intolérant à l’antisémitisme, a fait tomber le voile de la Taqîa aux couleurs trostkistes, et reprend à son compte tous les éléments de langage -génocide, massacres…- qu’en chœur tous ces islamo-clientélistes font raisonner de plateaux en meetings.
Venez tous et toutes à @sciencespo l’heure est au soulèvement 🇵🇸❤️.
— Rima Hassan (@RimaHas) April 26, 2024
L’appel de la sulfureuse agent de liaison (du Hamas ? de la Syrie ? où elle se rend régulièrement) à la prise de Sciences Po, dans un remake du 14 juillet 1789 version 7/10, est ni plus ni moins un appel à l’insurrection. Un degré supplémentaire dans la stratégie du chaos, de la terre brûlée, développée par Mélenchon et ses sbires.
L’antisioniste acharné Aymeric Caron, autre nuisible inutile, a bien sûr déplacé son brushing pour braver l’adversité et lever héroïquement son porte voix en soutien aux étudiants de la délite académique française. Même pas sûr qu’ils votent dans le 18eme les bonobos de Sciences-Po. À quand les Brigades Internationales pour Gaza comme en 1936 en Espagne ? Ça aurait de la gueule de voir, les LFIstes et les Sciences Pro Hamas se battre pour la cause. Et ne pas revenir. Caron-Malraux, Panot-Hemingway, même combat ? De son côté, Jean Bassères, le nouveau directeur de cette institution devenue vénérienne a signé sa soumission aux Islamistes, en acceptant l’exigence des étudiants Hamas compatibles, de discuter du réexamen des relations entre Sciences Po et les universités israéliennes.
C’est dans ces situations, que les lâches et opportunistes rallient leurs extrêmes de peur de passer pour ce qu’ils sont. Olivier Faure, au charisme d’escargot cherchant toujours sa maison, enlise le PS dans la vase vert-brune- de la NUPES en se solidarisant avec les étudiants pro-Hamas contre la police nationale.
Et son bras gauche, Jérôme Guedj, qui a peur d’avoir laissé quelques plumes pour Evry dans son escarmouche lilloise avec Mélenchon, nous fait son Macron nain.
« Je veux pouvoir condamner le Hamas, dire qu’il est l’adversaire des Palestiniens et dire que la riposte israélienne est insupportable », déclare @JeromeGuedj #LaGrandeITW #Europe1 pic.twitter.com/md0I65nUTm
— Europe 1 (@Europe1) April 25, 2024
Pas gentil le Hamas avec les otages mais encore moins gentil Israël à Gaza. Il l’a bien mérité son siège le député d’Evry, commune dans laquelle le corps d’Ilan HALIMI a été retrouvé en mars 2006, près d’une voie de chemin de fer. Ce rappel est conscient.
En regardant d’ici ce spectacle dégradant, je sais avoir souvent pensé et dit, quand on s’imaginait devoir un jour combattre l’extrême droite, qu’à un certain moment, ma famille (la gauche, vous l’avez compris) me ferait faux bond parce que devenu trop encombrant et me noierait au milieu du gué comme le scorpion de Monsieur Arkadin piqua la grenouille. Par nature.
Je me rappelle aussi, qu’il y a deux semaines, le soir de l’attaque Iranienne, comme s’il était urgent de faire un bilan, au cas où, la seule pensée qui chassa la peur fut de me demander si je ne m’étais pas trompé, avoir accepté comme vérité les bons sentiments affichés par tant d’amis alors que ce n’étaient trop souvent que fausses apparences et belle conscience. M’être trompé en fait d’avoir pensé et aimé une gauche qui n’est pas, plus. Une gauche, mais pas que, qui nous en veut de n’être plus victime. Une gauche qui sombre mais aussi une technocratie européenne libérale qui tend à dissoudre les identités des peuples qu’elle devrait servir, qui ne peuvent accepter qu’Israël s’assume comme une nation souveraine. Ça mériterait un vrai développement, mais ça sera pour la prochaine fois.
© Georges Benayoun
https://frblogs.timesofisrael.com/ecrit-sur-les-nerfs/
À PROPOS DE L’AUTEUR
Georges Benayoun est un producteur français de cinéma et de télévision. Il a notamment produit « Mina Tanenbaum « , « Les roseaux sauvages » et « L’ appartement ». Il est également auteur et réalisateur de documentaires pour France Télévisions, parmi lesquels « L’ assassinat d’Ilan Halimi » (2014), « Profs en territoires perdus de la République ? » (2015), « Complotisme: les alibis de la terreur » (2018) avec Rudy Reichstadt , « Chronique d’un antisémitisme nouveau » (2019) et « Prisonniers de son corps ».
Il réalise en Israël actuellement avec Caroline Bongrand, un documentaire sur Yotam Haim.
Quel beau texte… La déception… C’est difficile de l’exprimer. Mais ici, il y a une noblesse de sentiments, même dans la déception…