Tribune Juive

Antoine Hillel. Quand Georges Malbrunot livre une version « caviardée » d’un article de la charte du Hamas

Georges Malbrunot vient de publier dans Le Figaro un article passionnant sur l’infrastructure du Hamas. Après avoir rappelé que la première version de la charte du mouvement islamiste adoptée en 1988 appelle à la destruction de l’Etat d’Israël, un court paragraphe précise ceci : « L’article 20 d’un document amendé en 2017 affirme que le Hamas considère la création d’un État palestinien entièrement souverain et indépendant, avec Jérusalem comme capitale, selon les limites du 4 juin 1967, avec le retour des réfugiés et des déplacés vers les maisons d’où ils ont été expulsés, comme une formule de consensus national. Il s’agit d’une reconnaissance implicite d’Israël. Mais jusqu’à aujourd’hui, le Hamas n’est pas prêt à reconnaître explicitement l’État hébreu.[1] »

En réalité l’article 20 de la charte de 2017 est cité mais amputé de sa première partie.

Voici l’article 20 dans son intégralité : 

« Le Hamas estime qu’aucune partie de la terre de Palestine ne devra faire l’objet de compromis ou de concessions, indépendamment des raisons, des circonstances et des pressions, et peu importe la durée de l’occupation. Le Hamas rejette toute alternative à la libération complète et achevée de la Palestine, du fleuve à la mer. Cependant, sans revenir sur son rejet de l’entité sioniste et sans renoncer à aucun droit palestinien, le Hamas considère la création d’un État palestinien entièrement souverain et indépendant, avec Jérusalem comme capitale, selon les limites du 4 juin 1967, avec le retour des réfugiés et des déplacés vers les maisons d’où ils ont été expulsés, comme une formule de consensus national.[2] » Pour être encore plus clair, l’article 21 précise : « Le Hamas affirme que les Accords d’Oslo et leurs additifs contreviennent au droit international en ce sens qu’ils génèrent des engagements qui violent les droits inaliénables du peuple palestinien. Par conséquent, le Mouvement rejette ces accords et tout ce qui en découle » Si un doute pouvait encore subsister quant aux intentions du Hamas, le mieux est de se reporter à l’article 18 de la charte de 2017 : « Les éléments suivants sont considérés comme nuls et non avenus : la Déclaration de Balfour, le document du mandat britannique, la résolution des Nations Unies sur la partition de la Palestine, et toutes les résolutions et les mesures qui en découlent ou s’y apparentent. La création d’”Israël” est entièrement illégale et contrevient aux droits inaliénables du peuple palestinien et va contre sa volonté et la volonté de la Oumma; elle viole également les Droits de l’homme garantis par les conventions internationales, avec en première place le droit à l’autodétermination. » 

On comprend en creux que le droit à l’autodétermination n’a de sens que pour la partie arabe palestinienne. Pour la partie juive, elle relève du colonialisme le plus ordinaire. Dont acte. Le Hamas n’a jamais reconnu implicitement l’existence d’Israël, sinon pour la déplorer et la rejeter avec vigueur. On peut même dire que sa charte, la version de 2017 en l’occurrence, est parfaitement explicite sur ce point.

© Antoine Hillel


Notes

[1] Qui sont les responsables du Hamas et comment sont-ils organisés ? (lefigaro.fr) 4 avril 2024

[2] La Charte du mouvement Hamas : version française (chroniquepalestine.com)


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