Un jury d’étudiants a distingué un article saluant la mémoire de journalistes tués à Gaza. Beaucoup travaillaient pour des médias du Hamas ou du Hezbollah.
Les étudiants ont choisi. C’est “Journalistes à Gaza : les visages du carnage”, publié le 11 février dernier sur le site de Mediapart qui a remporté cette année le prix “Enquête et reportage” récompensant un article consacré au métier et à sa pratique, durant les “Assises du Journalisme”, organisées fin mars à Tours.
Dans cet article en forme de mémorial, les auteurs rendent hommage à 84 confrères décédés à Gaza sous les bombardements israéliens depuis le 7 octobre 2023.
Problème : plus de 30% d’entre eux travaillaient pour des médias affiliés au Hamas, au Hezbollah et même au Jihad islamique.
L’appartenance des personnes décédées aux voix officielles d’organisations terroristes est systématiquement mentionnée par Mediapart, sans commentaire ni jugement de valeur.
Les membres du jury ne pouvaient donc pas l’ignorer.
Ils sont étudiants, représentant les 14 écoles de journalisme reconnues par la profession ( CFJ, ESJ-Lille, Celsa, Sciences-Po Paris, IUT de Tours, etc…)
Journalistes ou propagandistes ?
Michel Denisot, président des Assises 2024, précise au Point ne pas avoir voté et n’avoir joué aucun rôle dans leurs choix “Les étudiants songeaient à proposer 2 prix pour la catégorie ‘Enquête et reportage’, car ils hésitaient entre 2 choix je leur ai juste conseillé de ne nommer qu’un seul lauréat”, précise-t-il. Jérôme Bouvier, Cofondateur et organisateur de l’événement, n’a pas répondu à nos sollicitations.
L’article de Mediapart est construit comme une série de portraits. On découvre par exemple Ahmed Bdeir, présenté comme “un féru de théâtre”, journaliste pour plusieurs médias parmi lesquels Al-Hadaf, journal affilié au Front populaire de libération de la Palestine, organisation considérée comme terroriste par l’Union européenne.
Adel Zorob, quant à lui, était journaliste à la radio du Hamas, Al-Aqsa Voice. Comme lui, 26 des journalistes honorés travaillaient pour Al-Aqsa. Ce groupe de presse écrite, de TV et de radio, n’a pas de réelle indépendance éditoriale par rapport au mouvement politique. Il est considéré comme un canal de recrutement de l’organisation islamiste et comme vecteur d’incitation à la haine par le ministère de la défense israélien, mais aussi par l’Autorité palestinienne.
Hamas, Hezbollah, FPLP et Al-Aqsa
Dès 2009, le ministre de l’Information palestinien avait demandé à Al-Aqsa de suspendre la diffusion d’un programme pour enfants appelé “Les Pionniers de demain” ( “Ruwad al-Ghad”), en raison de sa promotion inconsidérée de la violence. Certains des tueurs du 7 octobre ont probablement regardé cette émission diffusée de 2007 à 2014 lorsqu’ils étaient plus jeunes.
On retrouve aussi au sein des profils Ahmad Jamal al-Madhoun, Directeur adjoint du journal local Et de l’agence de presse gouvernementale du Hamas, “Al-Rai”. Farah Omar, pour sa part, était correspondante pour la chaîne Al Mayadeen, affiliée au Hezbollah. Elle a été tuée avec son caméraman par une frappe israélienne. Le plus stupéfiant reste la présence de Jamal al-Faqaawi. Il travaillait pour la fondation Mithad Media, affiliée au djihad islamique palestinien, mouvement terroriste d’inspiration iranienne.
En comparaison, la situation des nombreux journalistes tués qui collaboraient pour Al-Jazira semble presque anodine. La chaîne qatarie a un parti pris pro-palestinien assumé, elle a été accusée par les Israéliens de relayer de fausses informations, une loi autorisant sa suspension provisoire en Israël a été votée le 3 avril, mais elle n’est pas l’émanation d’un mouvement terroriste.
Gaza, Liberté de la presse inexistante
Un article publié par “Le Journal de l’Orne” raconte l’expérience d’un membre du jury de ces “Assises du journalisme”. Il explique qu’ils ont tenté pendant de longues semaines de “dénicher les perles rares parmi les articles de ‘Mediapart’ à ‘Libération’ en passant par ‘Arrêt sur images'”. 3 médias qui se revendiquent de gauche. “Comment en effet réussir à départager des enquêtes de grande qualité, sur des sujets aussi différents que la couverture de la guerre Israël-Hamas, l’infiltration du Qatar et du PSG dans le magazine France football, les sources de la presse ou les clauses de silence ? Quelle place donner à la forme, à la symbolique ?” s’interroge l’article. Il ne précise pas si le jury s’est interrogé à propos des professionnels tués par les bombardements : lesquels étaient journalistes au sens usuel, lesquels pourraient être considérés comme des propagandistes ?
“La bande de Gaza est un territoire particulièrement inhospitalier pour la liberté de la presse”, écrivait “Reporters sans frontières” en 2022. “Le Hamas et le Jihad islamique harcèlent et empêchent les journalistes”.
En 2019 déjà, la Fédération internationale des journalistes dénonçait l’arrestation et la torture par le Hamas d’un journaliste palestinien, seulement coupable d’avoir voulu faire son travail…
© Nora Bussigny et Erwan Seznec
Journagandistes sans frontières…
Et que dire de Rapporteurs sans frontières, qui veut censurer CNews ?