Le 19 septembre 2023, la Cour Suprême au complet, soit 15 juges, a débattu pendant une journée entière de la loi fondamentale de la raisonnabilité : sévirout, en tentant de l’annuler. La sentence n’a pas encore été prononcée, et semble-t-il, la Cour aurait l’intention d’en suspendre l’application pendant trois ans, soit jusqu’aux prochaines élections.
Le 28 septembre 2023, trois jours après Kippour 5784, la Présidente Hayoutt, avant de prendre sa retraite et de tomber dans l’oubli, a réuni 11 juges, pour envisager cette fois-ci, la destitution : nivtsarout du premier ministre Nétanyahou. Avec, en clair, la conséquence qui en découle ipso facto l’annulation des dernières élections qui se sont déroulé sans qu’aucune anomalie n’ait été constatée par la Commission de contrôle. De surcroît, la loi stipule que la destitution s’applique uniquement dans le cas de maladie physique ou mentale qui empêcherait le premier ministre d’exécuter ses fonctions gouvernementales. Or Nétanyahou, ne semble ni sénile, ni grabataire.
C’est à la majorité d’une voix, une seule, que ces deux dictats ont été adoptés. Pour l’instant, ils sont restés lettre morte. Peut-être parce que parallèlement à cela, on découvre de plus en plus que les trois procès intentés contre Nétanyahou ont énormément de vices de procédures, que les enquêteurs ont travaillé de manière cavalière et en connivence avec les témoins… Ces procès prennent l’eau de tous côtés. Et d’ores et déjà des voix s’élèvent pour crier à la parodie de justice. L’instance judiciaire, y compris la Cour Suprême, en sort extrêmement fragilisée. Et c’est un euphémisme !
Ceci dit, il importe de mettre en relief les non-dits de ces actes. En ce qui concerne la raisonnabilité : la Cour Suprême, avec le respect dû à sa fonction, n’est en fait qu’un ensemble de fonctionnaires, qui tente d’annuler une loi fondamentale élaborée selon toutes les règles de la démocratie, par l’instance législative de l’Etat. En agissant ainsi, les fonctionnaires de la Cour Suprême, nommés mais non pas élus, portent gravement atteinte à une instance élue par le suffrage universel et que le peuple a mandatée pour légiférer : la Knesset.
En tentant de mettre en application la destitution du premier ministre, la Cour Suprême prouve que son dessein est politque – et une politique politicienne des plus basses et des plus viles – et non pas juridique. Elle transmet urbi et orbi un message d’une arrogance extrême : « l’Etat, c’est moi. » Elle foule ainsi aux pieds la souveraineté du peuple. L’ancienne présidente Hayoutt n’a-t-elle pas déclaré sans aucune retenue : « Les juges de la Cour Suprême sont dotés de pouvoirs spéciaux pour discerner le bien et le mal que de simples mortels ne possèdent pas. » En voilà une autre qui se prend pour… Dieu le père ! Qui êtes-vous pour prétendre discerner le bien du mal ? L’histoire de la philosophie depuis Paton jusqu’à Levinas – c’est-à-dire pendant 25 siècles – n’a pas tranché la question et vous avez le culot d’affirmer que vous avez la réponse. Un peu de modestie Madame ! Votre rôle se limite à distinguer le légal de l’illégal. Et même là, vous vous fourvoyez. Et lourdement !
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Le 28 mars 2024, les Kaplanistes ont envoyé quatre drônes sur la maison de Nétanyahou à Césarée. Auparavant et puisqu’ils ont conçu cette action comme une opération militaire, ils ont publié sur les chaînes de télévision une carte détaillée de cette ville où l’on pouvait voir en rouge la cible qu’ils pointaient et la manière dont ils mèneraient leur attaque. Ce document a dû tomber entre les mains de Senouar qui a béni les manifestants de Kaplan de faire son travail. Il a dû trasmettre ce document aux terroristes de son mouvement avec mission de porter atteinte au premier ministre d’Israël. Les drônes transportaient des excréments d’animaux ainsi que des pneus à brûler pour empester l’atmosphère des alentours de la maison de Nétanyahou. Selon la déclaration de leur avocat Nussenbaum – car ces fils à papa ne manifestent jamais sans leur conseil – les pneus servaient pour qu’ils puissent s’asseoir dessus. Le ridicule ne tue pas, mais la haine les aveugle tellement qu’ils ne se rendent point compte de la risée dont ils sont l’objet.
Et le 31 mars, ils ont manifesté à Jérusalem sur l’esplanade de la Knessett qu’ils ont occupée en plantant des tentes. Le soir, leurs leaders vociféraient et demandaient le départ de Nétanyahou, au lieu de lui témoigner de la reconnaissance pour la manière dont il mène cette guerre et tient tête à ce qui semble être une virevolte du président Biden avec l’absention de son délégué au Conseil de Sécurité, alors que 4 Américains sur 5 sont favorables à la poursuite des opérations militaires à Gaza, selon l’Institut Harris.
Mais les manifestants de la “gauche ultra-libérale-wokiste” ne l’entendent pas de cette oreille. C’est ainsi que le 2 avril 2024, ces voyous ont lancé une attaque contre la résidence du premier ministre à Jérusalem (réh’ov Aza) ayant pour objectif de le kindapper lui et les membres de sa famille – et ceci non pas pour l’inviter à une promenade dans les champs – tout en proférant des menaces de mort. Selon la Police Israélienne et la Sécurité Intérieure, une trentaine de personnes ont été arrêtées et ont été libérées le lendemain. Le chef du Shabaq, Ronen Bar – dont la nomination a été imposée à Benett, alors premier ministre, par les manœuvres de Gans et de Kokhavi – n’a rien à trouver de mieux à dire que ces manifestations dérapent et nous conduisent sur une pente glissante dont l’issue sera désastreuse. Sa fonction est de dissuader l’organisation de ces manifestantions violentes avec la plus grande rigueur afin qu’elles ne dégénèrent pas en guerre civile.
Des députés dénoncent le laxisme de la police et de la sécurité intérieure, grandement aidée par la conseillère juridique du gouvernement Mme Baharav Myara qui fait preuve de clémence vis-à-vis des Kaplanistes. Elle refuse d’imposer la loi dans toute sa rigueur, elle ne propose de sanctionner que ceux que l’on positionne à droite. Ce faisant – elle et les anarchistes – découragent les soldats qui combattent contre le H’amas et le Hezbollah et encouragent par ricochet Sénouar lequel fait monter les enchères dans les négociations pour la libération des otages.
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Après la libération de la première tranche des otages, le groupe des familles dont les proches sont encore détenus dans des conditions inhumaines est divisé. Une partie a compris que des personnes extérieures se servent de leur détresse pour faire avancer leur propre agenda politique : destitution de Nétanyahou et élections alors que Tsahal est à un pas de la victoire totale. Et une autre partie qui se laisse mener par des promesses vides provenant d’irresponsables dans le but de les exciter contre le gouvernement, en montrant du doigt le coupable. Cette partie, manipulée par des politiciens verreux et des hommes et femmes sans foi ni loi, exige leur libération immédiate quel que soit le prix à payer. Ils se servent de ces familles sans aucune gêne comme d’une feuille de vigne qui ne parvient pas à cacher leur décépitude. L’autre demande au Premier Ministre, de tenir ferme et de poursuivre la guerre par tous les moyens, de détruire Rafiah’ et par ce moyen, libérer les otages.
David Banon, prof.
Philosophe et Professeur des Universités, Professeur invité à l’Université Bar-Ilan, David Banon est un spécialiste du Midrach, et de la philosophie d’Emmanuel Levinas, de Yeshayahou Leibowitz (dont il a traduit des ouvrages), et de Yosef Dov Soloveitchik (Beis Halevi).
Une justice politisée n’a plus rien à voir avec la justice. C’est même totalement incompatible. Cette cour suprême, dont les agissements vont à l’encontre de sa fonction , est le talon d’Achille d’Israël.