Rien n’y fait : des professeurs, des universitaires, des journalistes sont destinataires de fatwa numériques, leur adresses dévoilées et leurs vies ciblées dès lors qu’ils déplaisent
Les islamistes peuvent pointer sur la carte de France un nouveau champ de bataille sur lequel ils ont infligé une sévère défaite à la République française : le collège Maurice Ravel à Paris. Cette même capitale française qui se pavoise et se barricade pour fêter l’esprit olympique, hommage au dialogue pacifique entre les peuples. Tandis que la cérémonie d’ouverture sur la Seine requiert toutes les attentions des autorités policières qui craignent une attaque terroriste, une autre scène, celle de l’école, du savoir, de la vie intellectuelle, subit l’offensive terroriste d’une entreprise autrement plus insidieuse : l’entrisme, la capacité de ronger de l’intérieur des institutions ouvertes aux dangers d’une guerre du silence. Point de communiqué plastronnant pour revendiquer ces actes. Les faits parlent d’eux-mêmes. Un proviseur a demandé à une jeune fille d’enlever son voile en entrant dans son établissement, le collège Maurice Ravel. Immédiatement, une campagne d’anathèmes, de menaces de mort, de protestations organisées par des commandos spécialisés en opérations de victimisation désigne à la vindicte ce responsable d’établissement unanimement décrit comme un pédagogue passionné et attentionné. Ce dernier, terrorisé, n’a d’autre choix que de démissionner pour des raisons de sécurité. Hypocrisie de l’Education nationale qui prend acte de cette retraite anticipée “pour convenance personnelle”. “Mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde”, écrivait l’écrivain Albert Camus.
Nommons les faits et regardons-les en face, tels qu’ils sont résumés par l’avocat Richard Malka : “L’islamisme terrorise la république alors que c’est la république qui devrait terroriser l’islamisme”, déplore-t-il sur les ondes de la radio RTL. L’avocat, qui est à la défense de la laïcité ce que Robert Badinter fut contre la peine de mort, c’est à dire un combattant infatigable, vient, lors de chaque attaque similaire, établir sur les antennes le constat d’impuissance des dirigeants français à endiguer cette vague. Tels des policiers se rendant sur une scène de crime, la ministre de l’Education nationale, le Premier ministre se rendent sur place, dans les lycées et les collèges, pour procéder aux analyses de ces meurtres en série contre le savoir, la liberté, le propos contradictoire. Devant les médias, ils fustigent sans surprise des faits inacceptables. Rien n’y fait : des professeurs, des universitaires, des artistes, des journalistes toujours plus nombreux sont les destinataires de fatwa numériques, leur adresses dévoilées et leurs vies ciblées dès lors qu’ils déplaisent. Cela se passe en France, pays des droits de l’homme mais où les agents islamistes imposent leur droit, charriant son lot de malheurs. Ils imposent leur loi à une République française qui reste impuissante, paralysée par une incapacité de ses dirigeants à lire l’époque, à choisir leurs combats “existentiels”, pour reprendre un mot officiel. Des dirigeants qui s’agitent en s’inquiétant avec force bruit et gesticulations du retour du danger du terrorisme islamiste après l’attentat à Moscou, fin mars. Parce que ce danger ne s’est pas réveillé depuis le 7 octobre 2023 dans le sud d’Israël peut-être ?
D’où cette question posée pour la énième fois, alors qu’un enseignant français a décidé de quitter son poste pour préserver sa vie : sur quel théâtre d’opération se joue l’existence de la société française ? À Kiev ou au collège Maurice Ravel ?
© Michaël Darmon
Michaël Darmon est Editorialiste à i24NEWS
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