
À l’ombre du mensonge
Par Me Johann Habib, Avocat
Je lis et relis, incrédule, cette résolution 2024-254 du conseil de sécurité ; je me frotte les yeux, je n’y crois pas. Chaque ligne est une insulte à l’intelligence humaine et à la probité. Pis que cela, elle est une incitation à la violence contre Israël.
À la recherche de la Vérité perdue
Il est vrai que dans la nature humaine, il existe une catégorie importante d’individus pour qui la Vérité n’a pas de place centrale dans la cité. Cette semaine, à la cinémathèque de Tel Aviv, en ouverture du festival du film français, S.E. Monsieur l’ambassadeur Journès a déclaré que ce festival était sous l’hospice de la Vérité. Ce qui n’a pas manqué de provoquer dans la salle des murmures et des discrètes interjections. Car, certes, si la France déclare ériger la Vérité en valeur de la République au même titre que Liberté, Égalité et Fraternité, alors elle aurait dû associer le geste à la parole et ne pas se joindre à la meute qui a voté cette ulcérante résolution dont voici quelques extraits montrant son incongruité et son unilatéralité , sous couvert « d’équilibre entre les parties ».
[LE CONSEIL DE SÉCURITÉ] :“Demandant de nouveau à toutes les parties au conflit d’adhérer aux obligations que leur impose le droit international”, si ce n’était pas tragique, ce serait comique de demander au Hamas d’“adhérer aux obligations du droit international”. La communauté internationale se comporte comme si le Hamas était un État respectable, scrupuleux des normes internationales, alors que, rappelons-le, il s’agit d’une organisation terroriste qui, en massacrant, mutilant et violant plus d’un millier d’israéliens, ne respecte à la lettre que sa Charte constitutive.
Égalité des vies ?
Les 15 pays du Conseil de Sécurité, dont les cinq membres permanents, exigent un cessez-le-feu humanitaire immédiat pendant le mois du Ramadan qui soit respecté par toutes les parties. Ils se sont sans doute inspirés d’un post lunaire du pire Secrétaire Général que l’ONU ait eu, Antonio Guterres : “Je suis en mission de solidarité avec la Jordanie pour le Ramadan afin de rencontrer les réfugiés palestiniens pris en charge par l’UNRWA…”
Depuis le 7 octobre marquant la fête de la Torah, alors que plus de 150 otages sont encore retenus à Gaza, il y a eu environ 35 jours saints du calendrier juif dont 24 shabbats (samedi), jour le plus sacré de la semaine, 8 jours de fête de Hanouka en décembre, celle de Pourim le 24 mars qui sont par excellence celles des enfants. On n’a pas entendu ce sinistre personnage ni aucun autre délégué de nation à l’ONU montrer sa compassion pour Israël. Personne n’a exigé au Conseil de Sécurité “une pause” pour les otages enfants ou adultes. Pour les 15 membres du Conseil de Sécurité, dont la France, l’enfance juive n’a aucune importance. Personne, dans cette belle assemblée, n’a jamais eu la moindre pensée pour les centaines d’enfants qui ne se déguiseront plus jamais à Pourim, parce qu’ils ont été brutalement assassinés le 7 octobre, jour de fête juive. Nos vies et nos traditions n’ont donc aucune importance aux yeux du monde alors que le Ramadan doit être sanctuarisé ?
Bas les masques
Il n’y a pas de mots assez durs pour exprimer mon dégoût. Pire que de la haine, cette résolution montre l’indifférence à l’enfer que vivent encore les otages ; ceux qui en sont sortis témoignent des viols commis en détention. Les mensonges, en revanche, des officines islamistes tombent les uns après les autres. Qu’il s’agisse du faux bombardement sur l’hôpital au début de la guerre (vous vous rappelez ? même le président Macron s’était indigné) ou des fausses accusations de viols et de tortures par les soldats de Tsahal sur la chaîne Al Jazeera « pour provoquer la compassion« , comme l’a avoué son autrice criminelle d’incitation à la haine et à la violence. C’est une incitation criminelle au même titre que celles du député français accusant à tort de crimes de guerre un citoyen et résident français qui n’est même pas soldat de l’armée israélienne. S’il a timidement retiré ses accusations, le mal est fait.
D’où vient ce consensus presque total contre Israël ?
En remettant les forces en présence, on comprend peut-être l’attitude du monde : Israël (22 000 km²), 9 millions d’habitants ; le monde arabe (13,3 millions de km²), 429 millions d’habitants (et moi et moi et moi…) ? Cet argument n’est pas suffisant, j’en conviens.
S’il est le peuple le plus ancien encore existant, malgré 3330 ans rythmés par l’alternance de persécutions et de calme relatif, caviardé par 2000 ans d’exil, c’est peut-être parce qu’il sait se regarder en face et comprendre que son sort est directement lié à son comportement. La politique qui divise, aiguise forcément l’appétit de nos ennemis, qui pensent pouvoir s’engouffrer dans cette brèche pour nous anéantir. Ça a été le cas le 7 octobre, après un an de division du pays à l’aune d’une réforme judiciaire, certes nécessaire, mais incomplète.
Responsable de notre sort
En fait, la faute d’Israël, dans son acception comme peuple, c’est de ne pas vouloir être uni à tout moment. Un débat entre partisans des orthodoxes et laïcs existe depuis de nombreuses années et n’est pas une novation dans l’arène politique israélienne. Il est simplement plus saillant dans un moment où Israël mène une lutte existentielle mais ne remet en aucun cas en question le consensus quasi unanime sur le soutien total de la population à l’armée (nos enfants, nos frères, sœurs, amis, collègues, voisins) dans sa poursuite pour éradiquer la menace du Hamas, du Hezbollah et faire revenir les otages.
Posture ridicule mais nuisible
Certains notables de la diaspora qu’on pensait de bonne foi, notamment rabin(e) autoproclamé(e) ou ancienne star de télé défraîchie, contemplent ce débat, voulant y percevoir une fracture de la société israélienne à laquelle ils ne comprennent rien, et se permettent de nous donner des leçons de savoir survivre. Leur posture hypocrite est flagrante car ils ne s’adressent pas au gouvernement ou à la population israélienne qui ignorent jusqu’à leur existence, mais à leur auditoire acquis et aux ennemis d’Israël dans leurs pays de résidence.
En effet, (papillon), leurs exhortations donnent un sésame moral aux vrais adversaires d’Israël qui piétinent jusqu’à notre droit à l’existence. Les partisans de la fin d’Israël (“de la rivière à la mer”) parfois élus ou futurs élus de la république, n’attendaient peut-être pas vraiment leur blanc-seing pour agir contre nous mais leurs outrages incitatifs à répétition et de plus en plus graves sont légitimés par les propos irresponsables de ces pseudo-leaders d’opinion avant tout idiots utiles.
Un but contre leur camp
Si vous aviez placé un million d’euros dans votre assurance vie, que la compagnie d’assurance risque d’être en faillite, et que pour la maintenir à flot vous devez encore verser quelques milliers d’euros, allez-vous le faire ? Sachant que vous pouvez tout perdre ? Cette question, dont la réponse est évidente, est la même que celle que l’on peut poser à certains juifs de diaspora.
Allez-vous continuer à adopter des poses critiques qui n’amélioreront pas votre image dans votre pays et ne réduiront pas l’antisémitisme – bien au contraire, on vient de le voir ?
Dans vos pays, l’antisémitisme en paroles et en actes gagne du terrain dans l’indifférence de l’opinion publique.
Demain, contraints de faire jouer votre “assurance vie” incarnée par Israël, vous serez heureux de pouvoir vous y réfugier. Ce sera peut-être votre fils ou votre fille qui se battra contre les terroristes du Hamas, du Djihad islamique, de Daesh, du Hezbollah, les Houthis, les Boko Haram, les milices iraniennes en Irak (qui ai-je oublié ?) pour vous protéger, pour vous permettre de vivre.
© Johann Habib