Guerre à Gaza : Washington se tourne vers l’ONU pour accroître la pression sur Israël

Le secrétaire d’État américain Antony Blinken a annoncé mercredi 20 mars un projet de résolution au Conseil de sécurité appelant à un « cessez-le-feu immédiat lié à la libération des otages ». Après trois vetos américains, cette initiative marque une inflexion forte de Washington, qui semble désormais résolu à faire plier l’allié israélien pour éviter une offensive à Rafah et accroître l’aide humanitaire.

Antony Blinken. CHIP SOMODEVILLA / GETTY VIA AFP

Que proposent les États-Unis au Conseil de sécurité de l’ONU ?

Après des semaines de pression de moins en moins amicale, Washington confirme son changement de pied à l’égard de son allié israélien. Mercredi 20 mars, Antony Blinken a annoncé un projet de résolution au Conseil de sécurité de l’ONU pour appeler à un « cessez-le-feu immédiat lié à la libération d’otages » dans la bande de Gaza.

Le chef de la diplomatie américaine a profité de sa sixième tournée dans la région consacrée à l’obtention d’une trêve entre Israël et le Hamas, pour faire cette annonce à la chaîne saoudienne Al-Hadath, à Djedda. Interrogé sur le dilemme américain – comment faire pression sur Israël tout en continuant à financer et à équiper militairement l’État hébreu, et en s’opposant aux résolutions pour un cessez-le-feu immédiat ? – le secrétaire d’État américain a dit vouloir envoyer « un signal fort« : « Bien sûr, nous soutenons Israël et son droit à se défendre, à faire en sorte que le 7 octobre ne se reproduise jamais, mais en même temps, il est impératif que nous nous concentrions sur les civils qui sont en danger et qui souffrent si terriblement », a-t-il ajouté, en utilisant une quinzaine de fois les mots « pression » ou « presser » dans l’interview.

Ce projet de résolution, pour lequel aucun vote n’est programmé, évoque « la nécessité d’un cessez-le-feu immédiat et durable pour protéger les civils de tous côtés, permettre la fourniture de l’aide humanitaire essentielle » et « soutient sans équivoque les efforts diplomatiques internationaux pour parvenir à un tel cessez-le-feu en lien avec la libération des otages encore détenus« .

Dans quel contexte s’inscrit cette initiative ?

Ce texte confirme une inflexion forte de l’administration Biden. Jusqu’à présent, Washington avait mis son veto aux trois résolutions appelant à un cessez-le-feu immédiat, s’attirant les critiques des ONG humanitaires qui, comme MSF États-Unis, l’accusaient de « fournir une couverture diplomatique aux atrocités en cours à Gaza ».

Mais depuis fin février, l’administration américaine durcit sa rhétorique avec l’État hébreu et contourne son blocus terrestre, en multipliant les largages d’aide à la population gazaouie. « Mais cela ne remplace pas ce qui est encore plus important, à savoir l’acheminement de l’aide par voie terrestre, ce qui signifie qu’Israël doit ouvrir davantage de points d’accès à Gaza », a redit mercredi Antony Blinken.

Selon le quotidien israélien Haaretz, Joe Biden a basculé fin février quand plus d’une centaine de Palestiniens sont morts lors d’une distribution d’aide à Gaza-ville. « Le président, qui jusque-là, avait fait preuve de stoïcisme, a perdu patience en un instant« , rapporte le journal. La menace d’une famine et la perspective d’une offensive israélienne terrestre sur la ville de Rafah, où s’entassent plus d’un million et demi de déplacés, ont ajouté à l’impatience des États-Unis qui avaient fait du début du Ramadan une date limite informelle pour décrocher un cessez-le-feu.

Dernière marque de ce « lâchage » américain : la déclaration du président de la majorité démocrate au Sénat, Chuck Schumer, la semaine dernière, accusant le premier ministre Benyamin Netanyahou d’être un obstacle à la paix et appelant à de nouvelles élections. « Un très bon discours », a jugé Joe Biden.

Quelles autres initiatives sont prises pour mettre Israël sous pression ?

Parallèlement au projet de résolution américain, les Européens préparent aussi un texte qui pourrait appeler à un « cessez-le-feu durable », à l’issue du Conseil européen, ces 21 et 22 mars à Bruxelles. Une proposition soutenue par de nombreux États mais qui pourrait être édulcorée à la demande de l’Autriche, la République tchèque ou la Hongrie. D’autres pays ont fait le choix de cesser l’envoi d’armes à Israël, à l’instar du Canada mercredi.

Pour l’heure, Benyamin Netanyahou continue à brandir la menace d’une opération d’envergure à Rafah, qu’il présente comme nécessaire pour vaincre le Hamas. Sa rencontre vendredi 22 mars avec Antony Blinken donnera une indication de la réaction israélienne aux pressions. Le secrétaire d’État s’est dit confiant dans la possibilité d’un accord. « Mais il y a urgence, car bien sûr, chaque jour qui passe, de plus en plus de gens souffrent. La voie la plus rapide pour mettre fin à cela est d’obtenir ce cessez-le-feu immédiat avec la libération des otages ».

© Julie Connan

https://www.la-croix.com/international/guerre-a-gaza-washington-se-tourne-vers-l-onu-pour-accroitre-la-pression-sur-israel-20

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