Depuis des années, j’assiste aux conférences hebdomadaires de l’Institut d’Études Juives l’Université d’Anvers, où j’ai fait mes études . L’IÉJ se présente comme un institut axé sur la recherche et l’enseignement scientifiques, sans s’engager dans des questions de conviction ou de politique.
L’un des fondements les plus importants de la science est la recherche constante d’une objectivité maximale, ce qui implique un doute systématique. Les opinions non étayées ont leur place sur les réseaux sociaux, pas dans un cadre académique. Ce qui est encouragé, en revanche, c’est l’échange d’idées dans un débat constructif où les antagonistes ont tous deux la parole pour pouvoir contredire les affirmations de l’autre partie.
La semaine passée, il n’était pas question d’objectivité ni de dialogue. Lors de l’introduction au discours du professeur Nadav S. Berman de l’Université de Haifa, Stijn Latré, directeur de l’UCSIA, a déclaré :
« Il n’est ni compréhensible ni moralement acceptable que le gouvernement d’un peuple qui a souffert des pires atrocités et génocides commette aujourd’hui des actes similaires. Le gouvernement israélien et son premier ministre refusent tout dialogue et toute démarche vers un cessez-le-feu nécessaire. Aujourd’hui, l’humanité meurt chaque jour à Gaza, tout comme le 7 octobre de l’année dernière. Même les formes les plus élémentaires d’aide humanitaire sont refusées aux habitants de Gaza. »
La seule personne dans l’auditoire voulant réagir à ces accusations infondées a été rapidement réduite au silence. Par la suite, la Professeure Viviane Liska, directrice de l’IÉJ, a pris la parole et a qualifié ces remarques de « en dessous de tout ». Refusant de rester dans la même pièce que Latré, j’ai quitté la conférence. Cet écrit est ma riposte aux multiples absurdités et faussetés prononcés par cet individu.
Dans le contexte actuel de rhétorique exacerbée, Latré n’est pas le seul à accuser Israël de commettre un génocide contre les Palestiniens. Cependant, le génocide est un terme juridique, et les politiques et actions israéliennes ne répondent du tout à ce seuil juridique. L’utilisation sensationnaliste de ce terme en relation avec le conflit israélo-palestinien est non seulement inexacte et trompeuse, mais elle vise également à diaboliser l’État juif et à minimiser les cas reconnus de génocide.
Le mot ‘génocide’ a été introduit pour la première fois par l’avocat juif polonais Raphaël Lemkin en 1944, à la suite de la Shoah et d’événements antérieurs tels que le génocide arménien. L’Assemblée Générale des Nations Unies a reconnu le génocide comme un crime en droit international en 1946, et il a été codifié dans la Convention pour la Prévention et la Répression du Crime de Génocide en 1948. Selon cette convention, le génocide implique des actes spécifiques commis dans l’intention de détruire, en tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux.
Bien que la critique de certaines décisions du gouvernement israélien concernant les palestiniens pourrait être légitime, il est essentiel de reconnaître qu’Israël n’a jamais, ni dans le passé, ni aujourd’hui, engagé d’actions visant à exterminer le peuple palestinien.
La Cour Internationale de Justice de La Haye a statué que Israël n’est pas coupable de génocide – qui est Latré pour contredire ce verdict? Certes, le nombre de décès à Gaza aujourd’hui dépasse celui du 7 octobre 2023. Tout comme il y a eu plus de pertes allemandes que de pertes anglaises lorsque le Lion de Londres a ordonné le bombardement de Berlin pour vaincre les nazis. L’intention de Churchill n’était pas de massacrer les allemands, mais de défendre l’Europe. C’était un mal nécessaire pour éradiquer un mal bien plus grand.
L’État juif a autant le droit de se défendre aujourd’hui que l’Europe pendant la Seconde Guerre mondiale ! Hitler était à l’ancien continent ce que Haniyeh et Sinwar sont à Israël : un ennemi génocidaire. Un ennemi qui, il y a quelques mois, a commis le plus grand pogrom des juifs depuis la Shoah. Un ennemi qui a violé les femmes, décapité les hommes, brûlé vif des nourrissons, mutilé des cadavres !
La différence entre le Hamas et les nazis est que les derniers ont essayé de cacher leurs crimes, bien que les terroristes, ainsi que des civils palestiniens, ont filmé et publié leur carnages sur internet, suscitant la fierté de leur familles et leurs amis. Comment Stijn Latré ose-t-il mettre sur un pied d’égalité ces atrocités évoquant Auschwitz avec les actions de Tsahal, qui prend toutes les mesures possibles pour éviter les pertes civiles, mais qui n’a pas d’autre choix, qui a même l’impératif morale, de défendre son peuple?
La FDI est l’armée la plus éthique au monde. Aucune autre armée ne prévient la population par le biais de centres d’appels et de tracts avant de bombarder une région, permettant ainsi une évacuation anticipée. Par contre, le Hamas a promis de répéter le 7 octobre jusqu’à la réalisation de leur objectif ultime. Un objectif qui est d’ailleurs clairement stipulé dans leur Charte que Latré n’a probablement jamais lu :
« Le Jour du Jugement dernier n’aura lieu que lorsque les musulmans combattront et tueront les juifs (…) Israël existera et continuera d’exister jusqu’à ce que l’islam détruise le pays, tout comme il a effacé les autres auparavant. »
La nécessité de l’éradication totale d’un groupe terroriste qui rêve d’une théocratie judenrein est donc non négociable. Sans cela, la paix n’est pas incertaine, mais complètement impossible. Une autre condition préalable à la paix est d’ailleurs la libération des otages, mais je n’ai pas entendu Latré prononcer le moindre mot d’empathie pour ces 123 hommes, femmes, et enfants, dont un bébé de 10 mois, retenus dans l’obscurité des tunnels, affamés, torturés, violés.
Celui qui persiste à insister sur un cessez-le-feu sans insister sur la libération des otages, a peut-être d’autres préoccupations que le bien-être du peuple palestinien.
Selon Latré, Israël bloquerait l’aide humanitaire. Est-ce une méconnaissance des faits ou encore un mensonge délibéré ? L’armée permet chaque semaine le passage de dizaines de camions transportant des vivres, de l’eau et des médicaments – bien entendu, après une inspection minutieuse visant à prévenir la contrebande d’armes. Si les Gazaouis ont faim, c’est à cause du détournement de nourriture par le Hamas qui la revend ensuite à des prix exorbitants dans les rues ou qui la garde pour soi.
C’est la présentation chroniquement biaisée du conflit, truffée de désinformation, par des individus comme Latré, mais aussi par quasi toutes les sources d’informations traditionnels et virtuelles, qui alimente la haine envers l’État juif et qui jette l’huile sur le feu de l’antisémitisme à travers le monde.
Cela n’est d’ailleurs pas la première fois que les déclarations de Latré laissent transparaître son boussole morale défaillant. À la lumière de l’attaque terroriste perpétrée en 2015 contre la rédaction du magazine français Charlie Hebdo, au cours de laquelle douze journalistes ont été abattus un par un par des collègues du Hamas, il a écrit dans une chronique entitulée « Quand l’ironie mordante devient du comportement de harcèlement »:
“Dans la presse, les actes de terreur à Paris sont présentés comme une attaque contre les valeurs fondamentales de la République française, et par extension de la démocratie occidentale : liberté, égalité et fraternité. La remarque critique selon laquelle les caricatures de Charlie Hebdo ont probablement peu contribué à l’égalité et certainement pas à la fraternité est rarement formulé (…) Je cherche fiévreusement la différence entre la satire de Charlie Hebdo et le comportement de harcèlement des enfants dans la cour de récréation, mais je n’en trouve pas. Pourtant, il y a un large consensus pour dire que ce dernier n’est pas acceptable. »
L’insinuation que les victimes auraient provoqué leur meurtres est évidente. Il n’est guère étonnant qu’un homme qui soit un apologète des terroristes qui assassinent des gens pour un dessin, ne puisse éprouver aucune sympathie pour leur ennemi ancestral. D’autant plus déplorable est le fait qu’une personne comme Latré obtienne une tribune dans l’un des rares endroits où la communauté juive espérait encore se réunir sans être confrontée à l’antisémitisme latent. Mais, la grandeur de la démocratie occidentale repose sur la condition préalable de la libre expression de l’opinion, aussi ignorante soit-elle.
© Alexandra S. Villers
Maître en Sciences Politique et Sociales, UA
Essayiste chez xelaphilia.com
C’est scandaleux de tels mensonges qui attisent la haine des juifs et d’Israel! Ce personnage est irresponsable ou antisémite et n’a pas sa place dans cette institution !
Texte exceptionnel… Bravo pour avoir quitté la salle où parlait cette ordure d’individu.
Malheureusement, l’antisémitisme (l’anti-sionisme n’en étant qu’un déguisement grossier) existe depuis 3000 ans, ne diaparaîtra jamais. Il a existé au cours des siècles au-dessus ou en dessous de la surface sociétale, mais il a toujours été présent, prêt à réapparaître au moindre prétexte.
As always amazing job Alexandra!!!