Des sentiments mêlés.
Demain, à l’aube , un grand oiseau de fer déploiera ses ailes majestueuses.
Nous quitterons la ville blanche, l’esprit empli de belles images et de regrets.
Des regrets toutefois nimbés de promesses de très prochaines retrouvailles.
Le cœur un peu gros, car mon peuple est toujours en guerre. Depuis que le monde est monde, a-t-il jamais cessé de lutter pour assurer sa survie?
Depuis le 7 octobre, le froid et l’effroi l’ont saisi de plein fouet, ne lui laissant guère de choix. La ville blanche s’est teintée de noir. Plus que jamais, cette guerre est existentielle.
Ce séjour m’a permis de prendre son pouls. Croiser des familles d’otages, mus par l’angoisse et l’espoir de leur retour de captivité. Des femmes, des mamans dont les maris ou fils sont au front…
Peut-être faut-il, hélas, tutoyer le tragique pour mesurer pleinement cette solidarité qui aide à transcender le pire.
L’hôtel Orchid, un hôtel comme tant d’autres qui accueillent , aux frais de l’État, des dizaines de milliers d’exilés de leur maison. Des habitants frontaliers de Gaza, au sud, et du Liban, au nord.
Depuis la terrasse, une vue à couper le souffle vers l’infiniment bleu, où ils se perdent et essaient de se retrouver.
Et pourtant….
Ici, même le pire pourrait se transmuer en une grâce. Ici, même les expériences les plus douloureuses peuvent être transfigurées en une beauté immaculée.
Déjà, l’élan vital de mon peuple affleure à nouveau des fins fonds de l’abime.
Les israéliens reprennent une vie quotidienne presque normale.
Parce que la vie recommence sans cesse.
Comme le flux incessant de ces vagues qui se brisent inlassablement sur les rochers.
Nul ne peut dire l’avenir. Cette guerre avec le Hamas n’est pas encore achevée. Une autre, au nord, avec le Hezbollah, pourrait lui succéder.
Mais cette immersion au sein des miens a raffermi cette conviction. Tôt ou tard, mon peuple réinvestira pleinement son chemin d’airain, en perpétuel bâtisseur, courageux et inventif.
Un chemin parsemé de roses, de pétales et d’épines. Un sentier lumineux, mais jonché d’embûches et de ronces.
Il n’a pas d’autre choix. Vivre et survivre.
By by, Tel Aviv!
© Erick Lebahr
c’est un au revoir à Tel Aviv, les israéliens se remettent plus vite que nous, en diaspora, de la tragédie du 7 octobre. Quand je vais en Israel, je suis triste de rentrer en France, ce pays qui ne m’aime pas trop…..Le temps passe , je ne sais si je pourrai revoir la ville blanche.