
Le légendaire chef d’état-major de Tsahal, le général Raphaël « Rafoul » Eitan, (1929-2004), avait l’habitude de dire qu’un accident grave peut se produire au sein de l’armée dès le moment où un soldat range son béret dans sa poche au lieu de le placer sur son épaule (sous la patte).
Il faut le dire : l’aspect vestimentaire, le respect de l’uniforme mais surtout – comme nous allons le voir- le comportement général du soldat israélien s’est de plus en plus dégradé avec la progression des mœurs libérales et l’arrivée des réseaux sociaux. Ces derniers ont aiguisé la tendance narcissique de l’individu et son analogon dévoyé qu’est l’exhibitionnisme.
C’est ainsi que nous avons vu avec effarement ces dernières années des soldates et des soldats israéliens adopter un comportement totalement inapproprié – sur Instagram et TikTok en particulier – où leurs photos et vidéos mêlaient vie quotidienne dans leur base militaire et photos de plage, voire des images plus intimes encore (quand ce n’était pas carrément des photos en petite tenue prises dans leur chambrée…).
Mais, dans une société israélienne de plus en plus libertaire, influencée comme jamais par cette Amérique décadente dite « progressiste » où puritanisme et dépravation se mélangent au sein d’une même idéologie, il était difficile pour ces jeunes soldats de se rendre compte du mal qu’ils causaient à la réputation internationale de Tsahal, d’autant que les autorités militaires et politiques elles-mêmes laissaient faire.
Ainsi, la page officielle de Tsahal sur Facebook – avant ce maudit 7 octobre – se faisait le chantre de l’inclusion woke et de la « société du spectacle » en montrant avec fierté de jeunes soldats en train de rapper ou de danser sur les airs de «musique» émanant d’une Amérique qui n’était malheureusement plus celle des Beach Boys ou des Pixies, mais celle de la sous-culture venue du Bronx et de Harlem, magnifiée par cette partie de la société bourgeoise toujours prompte à s’acoquiner avec la canaille pour ressentir le grand frisson de l’interdit.
Pendant au moins une décennie, l’armée israélienne a oublié le sens même de sa mission qui se résume pourtant uniquement à dissuader l’ennemi d’attaquer et à le détruire si la dissuasion n’a pas fonctionné. Au lieu de cela, Tsahal a voulu faire de la « communication » en voulant se montrer ouverte aux idées libérales originaires d’Amérique pour fédérer des internautes autours du monde. Dès lors, via ses différents réseaux de relations publiques, Tsahal n’a plus voulu se faire reconnaître comme une armée invincible mais plutôt comme une armée «fun» avec, à la clef, la célébration sur Internet de la Saint-Valentin ou encore des soldats issus des minorités (même particulièrement méritantes) qui n’hésitaient pas à brandir le drapeau de leur nation avec l’approbation totale de la hiérarchie militaire et du pouvoir politique (alors que selon moi seuls le drapeau d’Israël et ceux des unités de l’armée devraient être utilisés sur les sites officiels de l’armée).
Bien plus grave ! La page Facebook de Tsahal en 2012 célébra la « Gay pride » en publiant une photo devenue « virale » représentant deux soldats hommes de dos en uniforme se tenant la main. Misère ! En plus du fait que l’homosexualité soit totalement prohibée par le judaïsme (désolé mais la Torah n’est pas politiquement correcte), il était totalement irresponsable et contre-productif de la part de l’armée (avec l’accord des différents gouvernements successifs) d’avoir préféré mettre en exergue le « gay friendly » au lieu d’avoir à cœur de démontrer le fighting spirit du combattant israélien ! En effet, ceci n’a évidemment pas échappé aux ennemis arabo-musulmans d’Israël qui, de façon odieuse, n’hésitent pas à lyncher ou à jeter du haut d’un toit leur coreligionnaires homosexuels à Gaza ou à Ramallah. Je veux faire ici un aparté pour dénoncer l’hypocrisie totale du monde arabo-musulman concernant la question de l’homosexualité puisque des viols d’hommes israéliens furent odieusement commis par des terroristes du Hamas le 7 octobre 2023 (ajoutons que la «police des mœurs» de certains pays du Golfe et d’Iran utilisent, paradoxalement, l’immonde arme du viol contre les homosexuels) ! Il n’empêche que l’image de soldats israéliens efféminés ne pouvait qu’entraîner une envie d’en découdre encore plus forte de la part d’un ennemi qui a certainement vu en elle le symbole de la faiblesse et des mœurs dissolues de l’Occident dont Israël serait le porte-drapeau au Proche-Orient. La communication d’un pays en état constant de guerre depuis sa refondation en 1948 aurait dû être uniquement axée sur le besoin de dissuader l’ennemi d’attaquer et celui d’encourager les soldats à se battre.
Une autre image dégradante du soldat israélien a fait, hélas, le tour du monde avant le 7 octobre : celles d’une rangée de militaires en uniforme n’ayant rien trouvé de plus intelligent que de se prendre en photos en couches-culottes et de diffuser cette image sur les réseaux sociaux. Je dis cela car j’ai remarqué que depuis ce jour funeste, de nombreux « influenceurs » arabes se servent de cette pitoyable photo pour ridiculiser et mépriser l’armée israélienne.
Israël a oublié qui était l’ennemi, de quoi il était capable et quelle était sa vision du monde. Le Proche et Moyen-Orient sont particulièrement sensibles aux symboles et le fait de renvoyer une image de faiblesse (image qui en plus reflétait la réalité !) n’a fait que renforcer – comme un facteur supplémentaire mais évidemment pas comme unique facteur ! – l’idée que le fruit était mûr pour être dévoré…
Pour terminer, je voudrais parler de cette vidéo qui m’avait déjà fait forte impression quelques mois à peine avant le 7 octobre et qui, de façon rétroactive, fait froid dans le dos : il s’agissait, sur Instagram, d’un groupe soutenant ouvertement le régime iranien qui diffusa un «reel » qui commençait par des images de soldates et soldats israéliens en train de danser, de chanter, de poser à la manière de mannequins et de faire les «clowns», puis, le diaporama s’arrêtait, et on voyait d’un seul coup des terroristes du Hamas – et d’autres mouvements islamiques – fixer sur leur front le bandeau du djihad puis s’entraîner vigoureusement et avec une détermination toute fanatique au combat. Vous avez tous, évidemment, compris le message diffusé par ces thuriféraires du Hamas : « Nous nous préparons à vous tuer pendant que vous prenez à la rigolade la mission de défendre le pays. » Cette vidéo, qui m’avait causé un malaise après l’avoir visionnée, était tout simplement la façon qu’avaient nos ennemis de considérer notre armée, mais aussi un indice clair de ce qui nous attendait…
Aujourd’hui, les terroristes s’aperçoivent (mais pas encore leurs sympathisants) que le soldat israélien est d’un courage et d’un professionnalisme exemplaires et qu’il a su redresser héroïquement la barre. Malheureusement, ce retour à la dissuasion arrive trop tard pour toutes les malheureuses victimes du 7 octobre…
© Frédéric Sroussi depuis Israël