Renée Fregosi. Rima Hassan sur la liste LFI aux Européennes : le propalestinisme est un islamo-gauchisme

Rima Hassan. 2019

TRIBUNE. La présence de l’activiste franco-palestinienne Rima Hassan sur la liste La France insoumise (LFI) aux européennes est un « coming out propalestiniste », affirme la philosophe Renée Fregosi*, qui estime que la gauche radicale cherche surtout à séduire un électorat « antisémite ».

Nul ne peut plus remettre en cause aujourd’hui la réalité politique de l’islamo-gauchisme qui réalise la convergence entre deux visions du monde « révolutionnaires » : l’une néo- bolchevique woke, revancharde et autoritaire, l’autre islamiste fréro-salafiste, victimaire et totalitaire. Et l’on s’accorde sur le fait que l’islamo-gauchisme est principalement incarné en France par LFI, depuis que le parti de Jean-Luc Mélenchon a défilé avec le CCIF (Collectif Contre l’Islamophobie en France, organisme dissout depuis) contre ladite « islamophobie » (novembre 2019), qu’il a défendu le rappeur Médine accusé d’antisémitisme (août 2023), ou qu’il milite pour la « liberté » de porter l’abaya à l’école (septembre 2023). 

Mais ce que certains n’ont pas encore compris, c’est que l’islamo-gauchisme se soutient immanquablement du propalestinisme, cette idéologie qui consiste en un engagement inconditionnel en faveur de la « cause palestinienne », caractérisée à la fois par sa tonalité islamiste et sa dimension révolutionnaire, son but stratégique consistant dans la destruction de l’État d’Israël, et sa tactique étant la délégitimation de l’État d’Israël par tous les moyens pour dissuader ses soutiens. Les accusations de colonialisme, d’apartheid et de génocide sont ainsi ressassées à l’envi. Aucune surprise donc à voir défiler LFI aux côtés du mouvement BDS Boycott-Sanctions-Désinvestissement (avril 2017) et c’est aussi « tout naturellement » que l’attaque fulgurante tenant du pogrom, de la razzia et de la volonté génocidaire que le Hamas a lancée le 7 octobre 2023 au matin en territoire israélien, a été « justifiée » par LFI, le mouvement terroriste, branche palestinienne des Frères musulmans étant qualifié de « mouvement de résistance ».  

L’intégration dans la liste LFI pour les élections européennes de juin prochain, de la propagandiste Rima Hassan, n’est donc qu’une confirmation, un pas de plus dans le coming out propalestiniste du parti islamo-gauchiste français. Que cette jeune femme professe une haine d’Israël particulièrement virulente ne trouble pas la direction de LFI. La présidente de l’association Action Palestine France, n’hésite pas en effet par exemple, à répéter des citations fausses (comme le démontre avec précision l’organisme InfoEquitable[1]) de David Ben Gourion visant à induire la malignité supposée des Juifs dans le plus pur style des « Protocoles des sages de Sion » (ce faux rédigé par les services secrets tsaristes dont la thèse complotiste est reprise par Hitler dans Mein Kampf et par le Hamas à l’article 32 de sa charte) : le fondateur de l’État juif lui-même aurait théoriser l’apartheid des populations arabes d’Israël, prétendu apartheid censé préparer le terrain au génocide des Palestiniens.

La rhétorique antisioniste procède en effet par inversion des rôles et justification victimaire : il serait légitime d’exterminer les Juifs puisque ceux-ci auraient planifié le génocide des Arabes. C’est bien d’une référence en miroir à la « Shoah » qu’il s’agit dans le narratif palestiniste, puisque le mot « nakba » (qui désigne le déplacement d’environ 700 000 Arabes de Palestine à la suite de la guerre d’indépendance de 1948-49) a un sens similaire à celui de « grande catastrophe » en hébreu. Les Palestiniens seraient donc victimes d’un génocide depuis 1948. Étrange génocide sur une population qui depuis 1990 est passée de 2 à 5 millions et connait un taux de croissance démographique annuelle de 2,5%[2]. On se trouve là dans une sorte d’usurpation d’identité dans la concurrence victimaire, et après le 7 octobre, on fantasme que les Israéliens font subir aux Gazaouis ce qu’ils ont quant eux réellement subi le 7 octobre et que l’on dénie, à savoir les massacres inspirés par une intention génocidaire.

Avant même la création de l’État d’Israël et même celle « d’un foyer juif » (comme le préconisait Lord Balfour en 1917) en effet, dès les débuts du mouvement sioniste (réveil nationaliste appelant au renforcement et à l’émancipation du peuple juif sur ses terres ancestrales, qui pris son essor en Europe comme au Maghreb et au Moyen-Orient au tournant des 19ème et 20ème siècles) la lutte « anti-sionisme »  (menée par le mufti de Jérusalem Amin Al Husseini et le fondateur des Frères musulmans Hassan Al Banna) usa de ce mythe de la menace du Juif usurpateur. Après 1948 et a fortiori après la victoire israélienne de 1967, le Juif est devenu pour les antisionistes, le « colon », « l’occupant » et mériterait donc châtiment et bannissement. 

Selon la même logique instillant qu’il serait illégitime pour les Juifs d’avoir et de défendre un territoire national, on a donc couramment justifié les massacres du 7 octobre par « la politique d’Israël » (pour ne pas dire par l’existence d’Israël). C’est ce qu’ont fait les députés LFI, c’est ce qu’a fait bien sûr Rima Hassan, estimant que « le Hamas mène une action légitime ». Et reprenant le mot d’ordre des mouvements palestiniens depuis les années 60, l’égérie propalestiniste prône un État palestinien libéré des Juifs (« Judenfrei  » ?), une « Palestine libre du Jourdain à la Méditerranée » c’est-à- dire « à l’ouest » du Jourdain, s’il est besoin de le préciser pour Mathilde Panot. 

Au cœur du propalestinisme palpite ainsi l’antisémitisme politique contemporain le plus largement répandu aujourd’hui en France et à travers le monde. Cet antisémitisme joue sur tous les ressorts de l’antisémitisme sociétal ou culturel des plus anciens aux plus récents, parfois contradictoires entre eux (assimilation des Juifs à des animaux sales et à la fois à des riches raffinés) mais concordants d’une aire culturelle à l’autre et d’une époque à l’autre (toujours sournois, menaçants et dangereux que ce soit à l’égard de la chrétienté, de l’islam, du prolétariat ou de la race). 

C’est ainsi que LFI se joint sans état d’âme à des manifestations dans lesquelles le slogan « Mort aux Juif » est proféré sans complexe et au cours desquelles des militants islamistes font porter à des enfants d’ignominieux croissants jaunes évoquant l’étoile de David imposée aux Juifs sous la botte nazie. Et c’est avec conviction qu’en juillet 2022, une résolution hostile à Israël a été cosignée par 37 députés de gauche, majoritairement de LFI, condamnant un « régime d’apartheid institué par Israël à l’encontre du peuple palestinien », accusant l’État hébreu d’avoir élaboré un système visant à « maintenir la domination d’un groupe ethnique-national-racial sur un autre ».

En partageant la haine des islamistes à l’égard des Juifs, LFI a réalisé une mutation par rapport à l’antisémitisme de gauche historique (« le socialisme des imbéciles » comme le qualifiait le socialiste allemand Auguste Bebel) qui insistait sur la relation des Juifs et de l’argent, les présentant comme le fer de lance du capitalisme. L’antisionisme propalestiniste de LFI entre ainsi davantage en congruence avec le populisme justicialiste qu’avec un parti de la lutte des classes. Désormais ce n’est plus l’abolition du prolétariat qui est à l’ordre du jour, mais la défense « des petits, des dominés, des discriminés, des exclus »  contre « les gros, les élites, les dominants, les privilégiés de la mondialisation ». Au nom d’un égalitarisme délétère, cette gauche qui défend les revendications de l’islam politique sans se soucier de leur caractère anti-démocratique, antirépublicain et y compris sexiste, communie donc également dans l’antisémitisme en défense du Palestinien, nouvelle figure christique et emblématique des nouveaux « damnés de la terre ». 


Notes

[1] https://infoequitable.org/quand-rima-hassan-propage-de-fausses-citations-de-ben-gourion/

[2] https://www.donneesmondiales.com/asie/palestine/croissance-population.php


© Renée Fregosi


*Philosophe et politologue. Présidente du CECIEC. Membre de Dhimmi Watch et de l’Observatoire des idéologies identitaires. Dernier ouvrage paru : Cinquante nuances de dictature. Tenta0ons et emprises autoritaires en France et ailleurs. Éditons de l’Aube 2023 


Source: Le JDD

https://www.lejdd.fr/politique/rima-hassan-sur-la


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3 Comments

  1. LFI applique les idées de Terra Nova.
    Les ouvriers votent pour le RN. La classe ouvrière est en déclin. Elle n’ a donc plus guère de valeur électorale.
    Il faut donc mettre en avant d’ autres groupes sociaux comme les femmes ( vive l’ IVG ) s’ allier aux minorités comme les homosexuels ( mariage gay, PMA pour toutes, …) et les immigrés, groupe en augmentation, dont une majorité deviendra française et qui constituent donc un réservoir à voix pour les élections.
    LFI applique, après le PS, les théories de Terra nova : https://tnova.fr/democratie/politique-institutions/gauche-quelle-majorite-electorale-pour-2012/

  2. Les Mélenchonistes et les indigénistes ne sont pas des « islamogauchistes » mais dès islamo nazis ou plutôt non : des nazis tout court (le préfixe islamo est restrictif). Ce terme « islamogauchisme » nomme mal les choses et « mal nommer les choses est ajouter au malheur du monde » (Camus).
    Si la FI avait été nommée par son nom etvclassée parti d’extrême droite (nazi : à droite de la droite du FN) elle n’aurait jamais pu percer comme elle l’a fait.

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